Réforme du lycée : "C'est une vision très conservatrice de l'éducation" selon le SNES-FSU à Besançon

Publié le 30/01/2018 - 16:11
Mis à jour le 07/02/2018 - 09:41

Le syndicat SNES-FSU a pris connaissance ces dernières semaines du premier rapport du chargé de mission Pierre Mathiot (ancien directeur de l’institut d’études politiques de Lille) sur la réforme du lycée, actuellement en cours d’élaboration. Le syndicat n’est pas d’accord sur plusieurs points. Nathalie Faivre, co-secrétaire académique du SNES-FSU à Besançon

La plupart des points de la réforme du lycée, actuellement élaborée au ministère de l'Éducation, seront mise en place dès la rentrée 2018. Seul le nouveau baccalauréat est prévu en 2021. Des associations étudiantes et des syndicats enseignants montent au créneau suite au premier rapport publié en janvier 2018. Selon Nathalie Faivre, le SNES-FSU est en désaccord total avec les points suivants… 

La fin des séries L, ES, S et technologiques 

Dans son rapport, l'universitaire Pierre Mathiot préconise la suppression des séries générales S, ES, L et technologiques.

"Cette décision mettra en difficulté les élèves et les enseignants", selon Nathalie Faivre. Comment ? "Les filières permettent aux enseignants d'adapter notre enseignement en fonction des élèves et notamment en série technologique." 

Un baccalauréat… continu 

Pierre Mathiot propose dans son rapport un baccalauréat en contrôle continu avec un examen final autour de six épreuves (comptant pour 60% de la note finale).

Nathalie Faivre explique que le contrôle continu "enlèvera au diplôme son caractère national et anonyme. On évaluerait notre propre enseignement. On n'est pas objectif quand on corrige nos propres élèves. De plus, nous serions soumis aux pressions de la hiérarchie, en particulier en cas de mauvaise note. Cela signifie également qu'il n'y aurait plus l'obligation de faire tout le programme."

La co-secrétaire du SNES précise qu'un sondage lancé récemment a recueilli "75% d'avis contre le contrôle continu". 

Concurrence entre les lycées… 

Selon le syndicat, les résultats du contrôle continu "entraineraient une accentuation de la concurrence déjà existante entre les établissements. Les universités seront davantage séduites par des établissements où les résultats globaux seront bons au détriment des établissements où les résultats seront les moins bons. Il y aurait davantage de discrimination entre les bons et les mauvais lycées. On a constaté ces dernières années un renforcement de cette concurrence. Il y a déjà une forte polarisation entre les écoles dans le milieu socio-professionnel favorisé et les autres." 

Un lycée à la carte : les unités mineures et majeures 

Dans son rapport, Pierre Mathiot propose aux élèves de lycée de choisir deux disciplines majeures et deux mineures. Ils seront libres de composer leur "menu" comme ils veulent et d'en changer en cours de route.

Pour Nathalie Faivre, "dans le choix des matières majeures et mineures, certains parents ont la capacité d'aiguiller leurs enfants, mais il y a aussi des parents, dans les milieux défavorisés, moins informés, qui ne peuvent pas conseiller leurs enfants qui, eux-mêmes, ne savent pas quoi faire plus tard. Arrivés en terminal, ces élèves-là ne pourront pas suivre d'études supérieures parce qu'ils n'auront pas fait les bons choix pour leur menu." 

Parcoursup… 

Le rapport de Pierre Mathiot propose également un "supplément au diplôme" qui serait un "portefeuille de compétences et d'expériences. Les enseignants pourraient compléter une fiche pour chaque élève dans laquelle ils rendraient compte de l'évolution du jeune, de ses qualités, etc. Ces informations paraitraient dans le dossier de l'élève dans Parcoursup.

Pour le SNES-FSU, Parcoursup permet de faire "un tri des élèves. Nous sommes inquiets pour les élèves qui se retrouveront dans une impasse parce qu'ils ne répondront pas aux exigences de niveau des universités." 

Moins d'heures de cours ? 

Dans le rapport, Pierre Mathiot propose une architecture de l'emploi du temps pour la classe de 1re un volume horaire de 15 heures environ englobant français, anglais, langue vivante, éducation physique, mathématiques, histoire-géographie. En classe de Terminale, le volume horaire total serait de 12 heures environ englobant philosophie, anglais, langue vivante, éducation physique, culture et démarche scientifique et histoire-géo.

Nathalie Faivre explique qu'"Aujourd'hui, nous effectuons entre 30 et 33 heures de cours par semaine. La réforme ne souhaite pas plus de 25 à 27 heures par semaine. Cela se traduira par des suppressions de poste d'enseignants. Nous pensons que la réduction de 20% de postes au concours est une anticipation à cette réforme, notamment en classes de 1re et terminal." 

"Une vision très conservatrice de l'éducation qui est là juste pour donner du travail aux gens" 

En conclusion, Nathalie Faivre explique : "On comprend à travers cette réforme qu'elle fait en sorte de réduire le nombre d'élèves au lycée et dans les universités. C'est une vision très conservatrice de l'éducation qui est là juste pour donner du travail aux gens. La filière professionnelle passant de l'éducation nationale au ministère de 

Infos +

Deux journées d'action sont prévues en France, y compris à Besançon :

  • Le 1er février : à l’appel des organisations étudiantes et lycéennes UNEF, UNL, SGL, de la FSU, FO, CGT, Solidaires : assemblées générales dans les établissements
  • Le 6 février : grève du second degré "contre l’insuffisance des dotations aux collèges et lycées, contre une réforme qui déstructurerait le lycée, dégraderait nos conditions de travail (semestrialisation, etc.), nos disciplines et l’orientation, le SNES-FSU appelle à la grève et a proposé aux autres organisations de le rejoindre."
  • Site internet : www.snes.edu
  • Pour lire le rapport de Pierre Mathiot : http://cache.media.education.gouv.fr
Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Education

Besançon déploie un accueil renforcé pour ses 25.000 étudiants à la rentrée 2025

Élue deuxième meilleure ville étudiante de France en 2025 comme le rappelle la Ville de Besançon, un dispositif inédit pour est mis en place dès cette rentrée pour accompagner les 25.000 étudiants qui ont choisi la capitale comtoise pour leurs études. Ce jeudi 11 septembre est la journée Bienvenue aux étudiants avec une programmation culturelle dans plusieurs bisontins.

“Bloquons tout !” : les AED du lycée Pergaud en grève, un internat fermé

Les assistants d’éducation (AED) du lycée Pergaud ont répondu à l’appel national à la grève et à la mobilisation du mercredi 10 septembre. Dans un communiqué de l’intersyndicale CGT Éducation, Snes-FSU et Sud Éducation, ils expliquent agir ”afin de dénoncer la casse sociale et le budget du gouvernement”.

Autisme et parcours scolaire : un père de famille veut éveiller les consciences dans le Doubs

Julien Lopez, père de deux enfants atteints d’autisme, prend la parole ce mois de septembre 2025 pour alerter l’opinion publique sur la prise en charge des enfants atteints de ce handicap en France. Il appelle l’Etat, et notamment l’ARS, agence régionale de la Santé, à agir pour ouvrir plus de places en IME, instituts médico-éducatifs.

Réussir une rentrée c’est “un travail de dentelle” rappelle la rectrice de l’académie de Besançon

Ce lundi 1er septembre 2025, comme partout en France, les écoliers bisontins ont repris la direction de l’école. La rectrice de l’académie de Besançon Nathalie Albert-Moretti et Anne Vignot, la maire de Besançon, étaient présentes à leurs côtés pour les accueillir ce matin à l’école Granvelle. 

Une nouvelle filière de manipulateur en radiologie médicale dès la rentrée à l’IFMS de Montbéliard

À compter du 2 septembre 2025, une nouvelle filière de manipulateur en électroradiologie médicale (DEME) ouvre au sein de l'Institut de Formation aux Métiers de la Santé (IFMS) de Montbéliard et accueillera 20 étudiants issus de Parcoursup, apprend-on dans un communiqué de la Région Bourgogne-Franche-Comté.

Une rentrée scolaire 2025 : “La priorité est la réussite des élèves sans exception”, pour Nathalie Albert-Moretti

VIDEO • La rectrice de l’académie de Besançon a tenu une conférence de presse ce mercredi 27 août 2025 à quelques jours de la rentrée scolaire pour exposer les enjeux de cette année. 194.673 élèves seront accueillis dans 1.221 écoles.

Des places encore disponibles à l’Enilea de Mamirolle et Poligny pour la rentrée de 2025

Pour les élèves qui n'auraient pas encore trouvé leur école oiur la rentée de septembre, l'École nationale de l’innovation, des laboratoires, de l’eau et de l’alimentation (Enilea) rappelle qu’il reste encore quelques places disponibles dans plusieurs formations dispensées à Mamirolle et Poligny. Voici le détail des places disponibles.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 10.99
ciel dégagé
le 17/09 à 21h00
Vent
1.51 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
90 %