Un punk raconte ses années passées au Bastion entre 1996 et 2003

Publié le 02/10/2014 - 14:59
Mis à jour le 03/10/2014 - 08:46

Pour terminer notre série d’articles à l’occasion des 30 ans de l’association Le Bastion à Besançon, nous avons contacté un punk, Jean-Sébastien, dit Jean-Sé, qui a répété au Bastion de 1996 à 2003 et qui a vécu quelques aventures dans la fameuse tour Vauban qu’il nous confie ! Installez-vous confortablement, et laissez-vous téléporter dans les années 90 – 2000…

J-1 !

maCommune.info : Comment avez-vous eu l'idée d'aller au Bastion à cette époque ?

Jean-Sé : "Avec un pote, Marko, on était dans la dynamique de monter un petit orchestre de zique énervée... Il était guitariste et j'avais une basse fonctionnelle qui traînait chez moi... On avait un autre copain batteur, Pascal, il avait joué avec Marko dans Recto Verso à Champagnole... On devait connaître ou fréquenter des gens qui allaient au Bastion, qui pouvaient nous y faire entrer... On savait que c'était un des seuls endroits où on pourrait faire résonner notre boucan en toute impunité en plein centre-ville de Besançon..."

mC : Qu'avez-vous fait au Bastion pendant cette période ? De de musique ? Vous y  "squattiez" ?

Jean-Sé :"Euh... un peu des deux...

À cette époque, l'endroit était un brin moins structuré que maintenant, c'était déjà associatif, il y avait un local tournant et des locaux fixes... Passé le « test » du local tournant, si ton groupe persistait un peu et commençait à faire quelques gigs (concerts), avoir sa propre sono, son matos, etc. Tu obtenais un local fixe, il y avait un petit loyer mensuel, tu avais la clef et tu pouvais y accéder pratiquement à n'importe quelle heure du jour où de la nuit. Tu partageais le local en question avec deux ou trois autres groupes – souvent par affinité - la seule règle était donc de ne pas trop empiéter sur les plates-bandes ou les créneaux de répétitions des autres... On laissait souvent tout notre matériel, amplis et instruments, sur place... Tu pouvais très bien débarquer en pleine nuit dans ton local avec vingt punks et trente clebs, brancher les instruments et envoyer la sauce jusqu'au petit jour... ça a dû arriver quelques fois dans le local de Steroïds, d'ailleurs..."

mC : Pourriez-vous nous décrire l'ambiance, les locaux... de l'époque ? 

Jean-Sé : "Les locaux n'ont pas foncièrement changé, ils sont sans doute un peu plus sobres maintenant... La disposition était similaire, le bureau et les locaux tournants n'ont pas beaucoup changé non plus, c'est mieux rangé... À l'époque, chaque groupe – une fois affublé d'un local fixe – gérait sa décoration et son installation.

Certains se défoulaient un beau soir à la bombe de peinture, d'autres y allaient au marqueur le lendemain, tout le monde foutait des stickers ou des posters à gogo par là-dessus, ça donnait une esthétique d'ensemble assez foutraque et bigarrée... Pareil pour l'aménagement des locaux, si tu voulais ajouter des étagères , tu te débrouillais... Tu allais acheter ce qu'il te fallait et tu perçais les murs fortifiés du père Vauban avec une mèche de compétition, tu pouvais aussi meubler le local avec un vieux fauteuil, amener une cafetière... Il y avait évidemment beaucoup à boire et un peu à manger et les poubelles n'étaient pas forcément sorties toutes les semaines...

Comme je te l'ai dit précédemment, tout le matos des groupes était généralement stocké dans le local, c'était parfois aussi un joyeux merdier, il fallait savoir empiler et parfois creuser un peu pour retrouver un jack...

Au niveau de l'ambiance entre les gens, j'en ai plutôt d'assez bons souvenirs, c'était un lieu de rencontre, ça créait une émulsion positive, c'était fédérateur de répéter au Bastion... Les groupes se découvraient là-bas, faisaient ensuite plus ample connaissance ailleurs, échangeait des infos ou des plans, montaient des projets ensemble, se retrouvaient pour jouer sur les scènes locales, parfois bien plus loin... Il en est concrètement sorti des disques compilant une bonne partie de ceux qui y répétaient ( « Le Bastion se la joue », « Besak Dogs » )... Ce n'était pas forcément le grand amour entre tout le monde, mais globalement ça se passait plutôt bien !"

mC : À quelle fréquence répétiez-vous au Bastion ?

Jean-Sé :"J'y répétais environ deux fois par semaine avec Steroïds, comme je te le disais, des fois on débarquait là-bas à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, n'importe quand dans la semaine... Soit on était en mode fiesta avec des potes et on allait faire chauffer un peu les amplis, soit on partait ou on rentrait de concert ou de tournée avec du matos à charger ou à décharger...

À un moment, je répétais dans le local 4 avec Steroïds et Fuel Injekted Kids, les deux groupes étaient opérationnels pour des concerts, ça faisait une moyenne de quatre créneaux de répét' hebdomadaires, soit presque tous les soirs de la semaine..."

mC : Quels sont vos souvenirs les plus marquants ?

Jean-Sé :"Dans mes souvenirs, la plupart du temps, le Bastion était un endroit assez fonctionnel... Pour moi, dans l'esprit, c'était un peu comme la salle de sport que je fréquente maintenant assez assidûment... On y laissait à l'entrée nos angoisses, nos tourments, nos frustrations et notre colère. Même dans nos années les plus sauvages, on pouvait mettre le chaos dans la rue ou lors d'une soirée, mais une fois installés dans notre local, on essayait d'être un minimum concentrés et appliqués. On se défoulait sur nos instruments tout en essayant d'en dégager une certaine créativité, d'être constructifs... On se marrait entre potes, mais ce qui primait c'était les répétitions...

On était quand même très loin d'être des ascètes et on descendait quelques rafales de canettes pendant qu'on faisait « sagement » tourner nos morceaux au Bastion... Je me rappelle qu'avec Steroïds, quand on partait en tournée ou qu'on avait une petite série de concerts programmée, on en profitait pour se faire un petit ménage de printemps et collecter les multiples consignes de « Kros » (Kronenbourg) qui jonchaient le sol du local pour les ramener... Il y en avait tellement qu'on essuyait généralement plusieurs refus avant qu'un magasin ne nous laisse remplir entièrement son container avec nos « cadavres »... Avec ça, on blindait le van de provisions et on ravitaillait gratuitement tout le groupe ( … plus un roadie !) pendant les premiers jours de la tournée...

Le souvenir le plus marquant de toutes mes années à passer des heures au Bastion n'est pas forcément aussi désinvolte que ça et n'a pas grand-chose à voir avec la musique : L'après-midi du  11 septembre 2001, j'étais en train de répéter avec Steroïds lorsque les avions ont commencé à s'écraser sur les tours du World Trade Center, c'était le matin à New-York... Ce jour étrange a marqué au fer rouge notre civilisation ainsi que tous les individus l'ayant vécu... Je me rappelle de tout : on répétait en trio avec Pat et Marko, la sortie de notre album « Sous Produit » était imminente...On était entre nous, un peu coupés du reste du monde dans cette pièce confinée de la forteresse Vauban, assourdis par le son des amplis, et il y avait régulièrement des gars qui passaient leurs têtes par la porte du local pour nous dire en braillant que des avions tombaient sur les États-Unis... C'est un moment un peu surréaliste que je n'oublierai jamais..."

mC : Pourquoi ne fréquentez-vous plus les locaux ?

Jean-Sé :"Je n'y vais plus depuis que j'ai cessé de répéter avec des groupes, tout simplement... À la fin de Steroïds, au début de l'hiver 2003, j'ai progressivement cessé toute activité musicale... De là, je n'ai plus eu de raison valable pour déambuler dans les couloirs du Bastion..." 

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