Il y a 80 ans, les deux explosions nucléaires avaient provoqué la mort immédiate de près de 150.000 personnes. À Besançon, la commémoration s’est tenue à 11h devant le Ginkgo biloba planté en 2021 par la maire, à l’initiative de l’association ADN. Originaire de Chine et considéré comme l’une des essences les plus anciennes au monde, cet arbre est le seul à avoir survécu à la catastrophe nucléaire d’Hiroshima en 1945. Il est depuis devenu un symbole de résilience face à la toxicité et aux radiations.
Lors de son discours, la maire Anne Vignot a rappelé que "Besançon est signataire avec 94 autres villes en France de l’appel des villes à soutenir l’entrée en vigueur de ce traité." Elle a souligné : "parce que les villes sont les principales cibles des armes nucléaires, cette réalité doit tous nous interpeller" et "en cas de détonation nucléaire, c’est l’ensemble de la communauté internationale qui en subirait les conséquences sanitaires, humanitaires et environnementales."
Elle a affirmé également que "nous, villes, revendiquons le droit de nos habitants à vivre libérés de la menace nucléaire. Nous revendiquons un avenir pour nos habitants et le vivant" et a conclu par un appel : "Puissions-nous faire de cette journée un appel à la paix, au rassemblement et au dialogue plutôt qu’à la destruction." Et d’ajouter : "la Ville de Besançon veut être un étendard de la paix et de l’éradication des armes nucléaires."
"Une des premières cibles s’il y avait un tir nucléaire en France serait le site de Valduc"
Christian Tourneret, président du Comité départemental du Doubs du Mouvement de la paix, a rappelé l’importance de la plantation du Ginkgo, "plus encore l’appel lancé par la maire à la signature du TIAN" - (Traité sur l’interdiction des armes nucléaires). Il a indiqué qu’une délégation de 100 personnes du Mouvement se trouvait actuellement à Hiroshima et Nagasaki. Selon lui, "débarrasser le monde des armes nucléaires est plus qu’un projet, ce doit être une campagne de tous les jours, de chacun", en tenant compte "des conséquences aussi que nous devons mesurer, en termes d’environnement et pas que de disparition physique : la pluie noire".
Il a également alerté : "Seuls 9 États sur 193 possèdent l’arme atomique, mais est-ce que cela va s’arrêter là ?" et rappelé que "l’Inde, Israël, le Pakistan, le Soudan du Sud et la Corée du Nord ne font pas partie du traité". Il a exprimé une pensée pour "les pays qui ont souffert des essais nucléaires partout dans le monde" et a lancé un appel : "Nous appelons les uns les autres à lutter à nos côtés pour que ces expériences ne se renouvellent plus." Selon lui, "une des premières cibles s’il y avait un tir nucléaire en France serait le site de Valduc".
"Tout ceci sans notre accord mais avec notre argent"
Pour sa part, Pierre Jacquin-Porretaz, président d’ADN Franche-Comté, a rappelé que "Besançon est très impactée par les nuisances nucléaires : dans un rayon de 100 km, votre ville côtoie Valduc, Luxeuil et Bure". Il a dénoncé les dépenses militaires mondiales, estimées à 2,7 trillions de dollars en 2024 : "Il est de notre devoir de convaincre nos concitoyens de ce déséquilibre obscène et insensé" et "tout ceci sans notre accord mais avec notre argent". Il a indiqué que les actions de l’association s’orientaient vers l’éducation de la jeunesse, notamment à travers un programme Tandems Solidaires mené avec une classe de 4e.
Quatre ans après la plantation du Ginkgo, il estime que "votre démarche citoyenne donne encore plus de valeur et d’éclat à ce 80e anniversaire" et appelle à "continuer notre culture de paix".
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Une marche pour la paix est organisée par le Comité départemental du Doubs du Mouvement de la paix à Besançon le 21 septembre.
- Propos rapportés par Salomé Fabre.