Le chef de l’État a pris soin de désamorcer les critiques dès mardi sur RTL, assurant que le dispositif ne viserait pas à "envoyer nos jeunes en Ukraine". Cette mise au point intervient après les propos controversés du chef d’état-major, le général Fabien Mandon, qui avait estimé que la France devait se préparer à "accepter de perdre ses enfants".
Le président doit détailler ce nouveau service lors d’un discours à la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne (BIM) à Varces, en Isère. Il devrait officialiser dans le même temps la fin du SNU, pourtant l’une de ses promesses phares de 2017, conçu pour favoriser la cohésion nationale mais jamais déployé à grande échelle. L’Élysée reconnaît désormais que ce programme, destiné aux 15-17 ans, "n’est plus adapté au contexte stratégique" depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Une service national "beaucoup plus militarisé"
Le dispositif appelé à le remplacer s’en distinguera fortement, bien qu’il vise lui aussi à encourager l’engagement des jeunes. "Cette nouvelle forme de service national", entièrement fondée sur le volontariat, sera "beaucoup plus militarisée" et s’adressera aux jeunes majeurs, hommes comme femmes. Sa durée devrait dépasser largement les 12 jours des anciens "séjours de cohésion" du SNU.
En janvier, Emmanuel Macron avait évoqué sa volonté de permettre à une jeunesse motivée "d’apprendre avec les armées" et de renforcer leurs effectifs en cas de besoin, sans toutefois rétablir la conscription abolie en 1997. Depuis, gouvernement et armées réfléchissent aux moyens d’augmenter la "masse" disponible en cas de crise, comme l’a confirmé la revue stratégique du 14 juillet.
La création de ce service intervient toutefois dans un contexte budgétaire tendu, qui rendra nécessaire une mise en œuvre progressive. Selon un conseiller du président, le projet se veut "réaliste", compte tenu des infrastructures et moyens disponibles.
Objectif : 50.000 volontaires annuels
La montée en puissance devrait être lente : une première cohorte de 2.000 à 3.000 volontaires est envisagée, avec un objectif d’environ 50.000 participants annuels à terme. D’après plusieurs médias, la durée pourrait atteindre dix mois, assortis d’une rémunération de quelques centaines d’euros, bien que ces informations n’aient pas été confirmées.
Parallèlement, les dispositifs existants, le service militaire volontaire (SMV) et son équivalent ultramarin, le service militaire adapté (SMA), continueront à fonctionner. Ils ont une vocation différente : la formation et l’insertion professionnelle sous encadrement militaire.
Préparer l’opinion aux risques géopolitiques à venir
Dans un contexte européen marqué par le retour des tensions, 12 pays ont maintenu ou rétabli la conscription obligatoire, tandis qu’une demi-douzaine d’autres ont relancé un service volontaire. La Norvège, citée en exemple par l’exécutif, impose un service de 12 mois, même si seuls 15 % d’une classe d’âge sont finalement appelés, sur sélection.
Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron alerte sur la "montée des périls" et la menace venue principalement de Russie. La récente déclaration du général Mandon, appelant la nation à retrouver une "force d’âme" et à être prête à "perdre ses enfants", a suscité de vives réactions : accusations de bellicisme à gauche, dénonciation d’une "faute" au Rassemblement national, où l’on assure que les Français ne sont pas "prêts à aller mourir pour l’Ukraine". Les autorités tentent depuis de calmer les esprits, tout en maintenant la nécessité de préparer l’opinion aux risques géopolitiques à venir.
(Avec AFP)


