Un prêtre jugé pour le viol d'une paroissienne très pieuse et vulnérable

Publié le 26/02/2014 - 18:36
Mis à jour le 17/04/2019 - 14:58

Légèrement tendu, évitant le regard de sa victime présumée, l’ex-curé de Moirans-en-Montagne (Jura) s’est présenté mercredi 26 février 2014 devant les assises à Lons-le-Saunier où il doit répondre à huis clos d’accusations de viol et agressions sexuelles sur une paroissienne très pieuse et vulnérable.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Le procès du père Daniel Lagnien, 69 ans, doit s’achever jeudi. Sur le banc des parties civiles, sa victime présumée, une femme discrète de 39 ans, portant de fines lunettes, est restée silencieuse, le regard sombre.

«Pour moi ce n’est pas un viol, elle a participé» à la relation sexuelle, a déclaré le prêtre lors de la suspension d’audience. «Je lui ai dit si tu veux, tu viens, elle est venue et elle n’a jamais dit qu’elle voulait partir. Je n’ai jamais entendu non», a-t-il ajouté, assurant «tomber des nues».

La cour a ordonné le huis clos sur demande de l’avocate de la victime, Me Aurélie Degournay, qui a argué de la «fragilité» de sa cliente. L’accusé, placé sous contrôle judiciaire, encourt 20 ans de réclusion criminelle pour le viol de cette paroissienne, qui souffre de troubles psychologiques et de problèmes physiques.

En juin 2010, lors d’un pèlerinage en Isère, le prêtre avait fait des avances appuyées à cette femme dont la vie était centrée sur la religion, tentant de l’embrasser à plusieurs reprises en lui caressant les cuisses et le sexe.

«Elle n’était pas consentante»

Quelques jours plus tard, elle s’était rendue au domicile du prêtre à Moirans-en-Montagne. Mais d’après l’accusation, celui-ci l’aurait entraînée dans sa chambre et violée. «Pour elle, il s’agissait d’éclaircir la situation. Pour lui, en venant chez lui elle acceptait à demi-mots» la relation sexuelle, a résumé l’avocat général Guillaume Michel avant le début de l’audience.

Le père Lagnien «a évolué dans ses déclarations: au début, il a tout reconnu et maintenant, il reconnaît toujours la matérialité des faits, mais il dit qu’elle était consentante», a-t-il ajouté.

La paroissienne, qui était vierge avant les faits, affirme avoir dit «non». «Il l’a agressée sexuellement et violée, c’est ce que nous tenterons de démontrer devant la cour», a déclaré son avocate.

L’avocat de l’homme d’église, qui a présenté plusieurs lettres d’excuses à la jeune femme et lui a proposé un pardon public, Me Randall Schwerdorffer, a l’intention de plaider l’acquittement. «Ce sont deux êtres sexuellement inexpérimentés qui n’ont pas les mêmes attentes. Ils se retrouvent et ont une relation insatisfaisante, tant intellectuellement que physiquement, et ils n’en font pas la même interprétation», estime l’avocat.

Selon lui, cette femme a «des problèmes psychologiques très importants et sa relation à la sexualité est complètement biaisée, elle n’assume pas d’être un être sexué». «Elle n’est pas dans le mensonge, mais dans une confusion qui vient de son histoire de vie, parcourue d’expériences sexuelles traumatiques», remarque Me Schwerdorffer.

Depuis l’affaire, la paroissienne subit l’opprobre des habitants du village qui s’est retrouvé sans curé après le départ du père Lagnien, un homme apprécié. Certains sont allés jusqu’à la surnommer «la p... du curé», selon une source judiciaire.

«Cette situation a aggravé son enfermement. Elle avait déjà une vie très cloîtrée, la religion était sa seule occupation et elle en a été de facto exclue», remarque Me Degournay, ajoutant que sa cliente avait même dû changer de numéro de téléphone pour ne plus être importunée. «Tout ce qu’elle veut, c’est être rétablie dans sa fonction de victime».

Le prêtre avait déjà eu des relations sexuelles, consentantes celles-là, avec d’autres femmes, quand il officiait en Nouvelle-Calédonie. Selon lui, étant prêtre diocésain il avait l’obligation de célibat, mais il n’a pas fait vœu de chasteté.

(Source : AFP)

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