En Bourgogne, un abattoir mobile "prouve" qu'un élevage responsable est possible

Publié le 21/03/2022 - 15:45
Mis à jour le 24/03/2022 - 09:15

« On peut manger de la viande sans se culpabiliser »: en Bourgogne, un abattoir mobile, unique en France, se déplace dans les fermes pour éviter aux animaux le stress du dernier voyage, « prouvant » ainsi qu’un élevage responsable est possible. L’interminable route vicinale serpente à travers le bocage charolais, terre de bêtes à viande, contournant les prairies à l’herbe grasse et les collines recouvertes d’épaisses forêts.

 © Le Boeuf ethique
© Le Boeuf ethique

Au bout d'un chemin boueux, la ferme d'Arnaud Kubiaczyk est tout juste assez grande pour accueillir dans sa cour les trois semi-remorques de 25 tonnes chacun qui, une fois dépliés comme des engins de foire, forment l'abattoir mobile qui va tuer cinq des 140 bœufs Hereford du modeste élevage.

Dans le premier semi, une porte laisse entrer la bête qui y sera - comme dans les abattoirs conventionnels - étourdie puis abattue au pistolet à tige perforante, avant d'être dépecée. La carcasse ira dans le deuxième camion et les déchets dans le troisième. Le dispositif est installé juste à la sortie de l'étable: pour son dernier voyage, le bœuf ne devra parcourir que quelques dizaines de mètres.

"Avant, fallait que je les emmène à l'abattoir, à 30 minutes. Ici, ça prend une minute ou deux", se félicite Arnaud.

"Les bêtes sont tuées là où elles sont nées et élevées. C'est le même endroit, les mêmes odeurs et les bêtes broutent tranquillement jusqu'à la dernière minute", explique l'éleveur en montrant ses Hereford la gueule débordant de foin.  "Le stress est minimal", juge Arnaud, qui a découvert ce système inédit en France "sur Facebook".

"J'avais entendu parler d'abattoirs mobiles en Suède. Je suis allée voir et j'ai été bluffée: c'était comme magique, on arrêtait le stress des animaux", explique Émilie Jeannin, initiatrice du projet et elle-même exploitante d'un élevage "durable", favorisant au maximum le temps passé sur les prairies naturelles. "On peaufine nos bêtes pendant des années et tout ce travail peut être ruiné en quelques heures" avec le stress de l'abattage, qui est non seulement une maltraitance mais réduit de plus la tendreté de la viande, souligne l'éleveuse.

"Le goût du respect"

Depuis sa visite en Suède, en 2016, il aura fallu six ans pour mener à bien le projet : trouver le million et demi d'euros nécessaire au financement, puis obtenir l'agrément, dont le dossier "fait 180 pages", soupire Émilie. Après six mois de tests, depuis fin août, l'autorisation définitive a été accordée le 23 février. "L'important était de prouver que c'est opérationnel", explique Émilie.

"Oui, la viande est plus chère, de 10 à 15%", reconnaît-elle, mais "les clients sont prêts à payer plus" car "on peut la manger sans culpabiliser"

Tandis qu'une "vingtaine" de projets similaires sont en gestation en France, selon Émilie, l'éleveuse concède qu'il faudra attendre juin pour avoir suffisamment "de recul" sur la rentabilité financière. Mais "Le Bœuf éthique", société créée pour commercialiser la viande, vend déjà "tout ce qu'on rentre". Et les clients "se multiplient" : 30% de particuliers et 70% de professionnels, dont des restaurants et boucheries, qui veulent une viande "vertueuse", explique Émilie.

Car l'entreprise, qui a pour slogan "le goût du respect", ne se contente pas d'éliminer le stress du transport à l'abattoir. Il revendique également un abattage responsable. "Ici, on n'a pas de cadences imposées. On prend le temps, par exemple de regarder si la bête est bien assommée", confirme le manager de l'abattoir mobile, Guillaume. Deux bêtes seront tuées ce jour, et trois demain, alors qu'un abattage classique en fait souvent 80 à l'heure.

Défendant "le bien être de l'animal", l'initiative entend également assurer celui de l'éleveur grâce à une "juste rétribution""Non seulement je n'ai pas de frais de transport jusqu'à l'abattage mais, en plus, le Bœuf éthique achète à 5,20 le kg de carcasse. C'est environ 80 centimes de mieux, soit 8 à 9.000 euros en plus par an", se félicite Arnaud Kubiaczyk. "Viande de qualité, écologie et juste rétribution", une trilogie gagnante qui, espère l'éleveur, va "redorer un peu notre image en ces temps d'+agribashing+".

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

Nouvelles offres shopping à la Galerie Chateaufarine !

Quoi de 9 ? La Galerie Chateaufarine continue d’évoluer et d’enrichir son offre pour surprendre les Bisontins. Deux nouvelles enseignes – Kiko Milano (ouverture le 13 septembre) et Kraft (ouverture prévue le 20 septembre) vont apporter un vent de fraîcheur à l’expérience shopping. Une troisième enseigne d’accessoires nommée Balaboosté verra le jour mi-octobre. Et ce n’est pas tout : en fin d’année, les visiteurs pourront découvrir le nouveau visage de leur Intermarché, fraîchement transformé. Un hypermarché repensé pour rendre les courses du quotidien encore plus simples, modernes et agréables ! 

WEMA, nouveau nom de l’expertise comptable, du conseil et de l’audit

PUBLI-INFO • WEMA est un cabinet indépendant d'expertise comptable, de conseil et d'audit en Alsace. Ce nom est maintenant largement présent en Bourgogne et Franche-Comté grâce à son rapprochement avec ACTIS. Découvrez ce groupe et son offre de service  aux entreprises, mais pas que...

Jurisprudence relative aux congés payés : le sénateur Olivier Rietmann écrit au Premier ministre

À la suite de la décision de la Cour de Cassation relative à la récupération de congés payés durant un arrêt maladie, le sénateur de la Haute-Saône, président de la délégation aux entreprises, Olivier Rietmann, a écrit au Premier ministre le 12 septembre dernier pour alerter sur les dangers économiques de la nouvelle législation. 

5.000 commandes à trouver pour sauver L’Atelier Textile Jurassien

Lancée en 2020 suite à un important besoin de fabrication locale de masques pour lutter contre le Covid-19, L’Atelier textile Jurassien s’est réinventée depuis, mais se trouve désormais en difficulté financière. Il se donne jusqu’à la fin du mois de septembre 2025 pour trouver 5.000 commandes. Il lance un appel…

Crédit Agricole Franche-Comté : une progression de 17 points dans son évaluation ESG

Le Crédit Agricole Franche-Comté annonce dans un communiqué du 11 septembre 2025 une progression de sa performance en matière de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), à la suite de sa récente évaluation ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance) réalisée par l’agence indépendante EthiFinance.

Un salarié malade pendant ses congés a désormais le droit de les reporter

Un salarié qui tombe malade pendant ses vacances a "le droit de voir son congé payé reporté": pour aligner le droit français sur les règles européennes, la Cour de cassation a acté ce principe mercredi 10 septembre 2025, deux ans après avoir déjà imposé l'acquisition de congés durant les arrêts maladie.

Christophe Grudler à Berne pour un partenariat visant à améliorer “la vie des citoyens des deux côtés de la frontière”

Christophe Grudler (Mouvement Démocrate / Renew Europe), rapporteur du Parlement européen sur les relations avec la Suisse, sera en mission officielle à Berne (Suisse) les 11 et 12 septembre 2025, dans le cadre d’une délégation de la Commission des affaires étrangères (AFET) du Parlement européen.

Agriculture en Bourgogne-Franche-Comté : la force du collectif pour répondre aux enjeux de demain

La conférence agricole régionale s’est tenue mardi 9 septembre 2025 à Besançon. Réunis au sein du palais des congrès de Micropolis, les acteurs du monde agricole ont effectué un tour d’horizon de la santé économique de la production agricole de Bourgogne-Franche-Comté pour l’année 2024. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 9.32
nuageux
le 16/09 à 06h00
Vent
3.38 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
93 %