En 2021, le Grand Besançon comptait 50.000 personnes âgées de 60 ans ou plus, soit 25 % de la population de l’intercommunalité. Dans certaines communes, cette part atteint même 40 %. Cette population a augmenté de 65 % en 20 ans, alors que celle des moins de 60 ans a légèrement reculé. L’Insee souligne que ”le vieillissement concerne déjà l’ensemble des communes du Grand Besançon” et que le phénomène devrait s’accentuer.
Forte croissance des 85 ans et plus d’ici 2040
La hausse la plus marquée concerne les plus âgés. Les personnes de 85 ans ou plus sont aujourd’hui 6 000 dans l’agglomération, deux fois plus qu’en 1999. D’ici 2040, leur nombre pourrait être multiplié par deux, atteignant près de 6 % de la population. "Le nombre de personnes âgées de 85 ans ou plus progresse à un rythme très soutenu", souligne l’étude.
Cette évolution s’explique par l’arrivée à ces âges avancés des générations du baby-boom, nées entre 1946 et 1974. À partir de 85 ans, les besoins changent radicalement. "Cet âge marque souvent un tournant dans le parcours de vie", expliquent les auteurs. La perte d’autonomie touche 20 % des 85-89 ans et 40 % des 90 ans ou plus en Bourgogne-Franche-Comté.
Le maintien à domicile, un enjeu de plus en plus central
Les seniors du Grand Besançon déménagent peu, ce qui rend la question de l’adaptation du logement cruciale. L’étude indique que "plus d’un quart des 85 ans ou plus occupent leur logement depuis au moins 50 ans". Ces logements, souvent conçus pour une famille, sont parfois inadaptés à une personne seule et en perte d’autonomie.
Près de 90 % des seniors vivent en situation de sous-occupation, et près de 45 % en sous-occupation très accentuée. "Il s’agit souvent de grandes maisons qui peuvent poser des difficultés d’entretien, et représenter un coût important, notamment énergétique", précise l’Insee.
Besançon et sa périphérie : des situations contrastées
Les situations varient fortement selon le lieu de résidence. En dehors de Besançon, la quasi-totalité des seniors habitent en maison individuelle, souvent spacieuse. Ainsi, "près de 60 % des seniors vivent dans au moins 100 m²", une proportion qui reste élevée même après 85 ans.
À Besançon, la réalité est différente : les seniors résident majoritairement en appartement. Cependant, beaucoup de ces immeubles ne sont pas équipés d’ascenseur. "Le tiers des 85 ans ou plus habitent dans un immeuble qui n’en est pas équipé", notamment en raison de la législation en vigueur au moment de leur construction.
Une population âgée globalement moins exposée à la pauvreté… sauf pour les femmes seules
Dans l’ensemble, les ménages âgés sont moins touchés par la pauvreté : seuls 11 % sont pauvres, contre 16 % des ménages tous âges confondus. Les couples âgés sans enfants sont particulièrement préservés (5 % de pauvreté). Mais les personnes âgées seules, notamment les femmes, restent vulnérables : "15 % sont pauvres, et 32 % sont modestes", note l’étude.
Les femmes seules de 85 ans ou plus sont particulièrement concernées. Veuves, souvent sans carrière complète, elles dépendent fréquemment de pensions de réversion. "10 % de ces femmes n’ont jamais travaillé", indique l’Insee, et elles étaient majoritairement ouvrières ou employées (66 %), avec seulement 2 % d’anciennes cadres.
La précarité des personnes âgées se concentre dans certains secteurs de Besançon, notamment dans les quartiers prioritaires. À Planoise ou Battant, "40 % des ménages âgés sont pauvres et jusqu’à 80 % sont pauvres ou modestes". Cette inégalité territoriale s’ajoute aux défis liés à l’adaptation des logements et au vieillissement.
Une réponse à construire dès aujourd’hui
L’étude de l’Insee conclut à la nécessité de mieux anticiper les effets du vieillissement sur l’habitat et les conditions de vie. Si l’entrée en institution est de plus en plus tardive, elle reste souvent contrainte. Adapter les logements, renforcer le soutien au maintien à domicile et lutter contre l’isolement sont autant de leviers essentiels pour accompagner cette transition démographique.