Le cri d’alarme des enseignants du Lycée Ledoux à Besançon

Publié le 01/02/2024 - 10:44
Mis à jour le 02/02/2024 - 10:38

Dans un communiqué du 1er février 2024, les professeurs SNES-FSU et sympathisants du lycée Ledoux dressent un état des lieux de leurs conditions d’enseignement dans un établissement qui "meurt à petit feu".

 © Capture d'écran Google map
© Capture d'écran Google map

"Trop c’est trop… Au lycée Ledoux, comme partout, les enseignants sont exaspérés. Depuis le confinement et ses conditions d’un enseignement dégradé qu’ils ont porté seuls, avec leurs moyens propres et sous les crachats ministériels, ils subissent un train d’enfer de réformes successives maquillées en sauvetage de l’école publique !

Et quel sauvetage ! Depuis le début du “sauvetage”, le lycée Ledoux meurt à petit feu. D’année en année les moyens se raréfient : toujours faire plus avec moins. Faire plus avec moins :  on croirait entendre les plaintes des Bibs (les ouvriers) de chez Michelin mais aujourd’hui ça se passe là où on enseigne à vos enfants ! 

C’est aujourd’hui sur eux, sur leur avenir que l’on entend économiser. 

En 2017, la refonte de la carte scolaire fait perdre au lycée une classe de seconde. Les effectifs s’alourdissent. D’années en années, des heures, des moyens sont retirés.  Des collègues sont de ce fait envoyés dans d’autres établissements scolaires pour faire des compléments de service. Des départs en retraite ne sont pas remplacés; ces postes enseignants ou administratifs sont d’abord « gelés » puis finissent par être supprimés. On perd l’italien. On perd le latin. Ce beau « lycée des langues » à l’architecture dynamique avec sa tour qui s’élance vers le  ciel est en train de sombrer.

De 2017 à 2022 le lycée Ledoux a perdu 243 heures. Dans l’indifférence la plus totale.

Cette année encore, le massacre continue. En 2024, le lycée perd 82 heures (soit 325 heures depuis 2017), c’est-à-dire l’équivalent de 3 postes d’enseignants à temps plein. Mais pourquoi cet acharnement? En mai 2023, les enseignants alertent la secrétaire générale du rectorat de Besançon sur la situation de plus en plus difficile au lycée. Ils demandent de l’aide : permettre au lycée de se relever, de retrouver sa dynamique d'antan. L’ouverture de nouvelles sections, de nouvelles options, permettraient d’attirer de nouveaux élèves, en dépit de la perte démographique sur le secteur. Ils alertent sur la menace de la perte d’une classe de seconde pour la rentrée 2024 et ses conséquences dévastatrices sur les conditions de travail des élèves et des professeurs et sur les postes des enseignants. En vain. Rien n’est fait. 

Le lycée demande l’ouverture d’une section ST2A, elle est attribuée ailleurs. Il se positionne pour l’ouverture d’une section ST2S et l’inspecteur annule sa venue au lycée. Les enseignants ne sont pas entendus. Merci, au revoir, à l’année prochaine. Et le résultat tant craint tombe: le lycée perd une nouvelle classe de seconde à la rentrée 2024, au minimum. Et de nouveau, on bricole des solutions pour éviter de réduire le nombre d’élèves par classe. 

La fameuse “baisse démographique”, argument martelé jusqu’à plus soif (vous savez “la pédagogie” de la saturation du temps de cerveau disponible) pour justifier le “moins d’élèves donc moins de moyens”. Imposer le supposé bon sens pour ne surtout pas donner le temps de penser. 

Rappelons que le problème principal de notre système éducatif est d’avoir mimé une démocratisation de l’enseignement secondaire et supérieur sans affecter les moyens nécessaires à cette dernière. Cela a conduit à une massification que vous avez certainement connu et qui se poursuit. Cela a conduit à des effectifs pléthoriques qui sont à l’origine d’une véritable perte de chances pour les élèves et notamment les plus fragiles, demandeurs d’un accompagnement plus étroit que ce qui est permis par les gestionnaires. Les enseignants ont fait cet effort jusqu’à présent avec pour seule contrepartie un mépris très cultivé à leur égard et aujourd’hui bien partagé et une perte de pouvoir d’achat sans précédent initiée dès les années 90 ! 

La baisse démographique est en réalité une aubaine, une occasion inespérée pour initier la voie d’une plus véritable démocratisation et redresser ainsi les performances de nos élèves qui sont grevées par ces mauvaises conditions d’apprentissage (mesurées par les enquêtes PISA). 

Arrêtons de brûler nos vaisseaux ! Au lieu de supprimer des classes, mettons à profit la baisse démographique pour faire bien mieux avec moins. Réduisons les effectifs et notamment sur ce palier d’orientation devenue depuis la réforme dite Blanquer l’année de tous les dangers : l’année de seconde, celle du choix de la filière et surtout celle des spécialités. 

Nos élèves, vos enfants, ceux de la République, le valent bien ! 

Au lieu de supprimer la 8ème seconde de Ledoux et concentrer les secondes, qui sont de plus en plus fragiles, à plusieurs égards, à 35 élèves par classe, on peut parfaitement répartir 4 élèves de sept secondes dans la 8ème et le tour est joué.  On peut se donner les moyens pour que nos enfants étudient et progressent dans de meilleures conditions. Élargir le champ des possibilités pour tous les jeunes. Voilà la demande sociale. Celle que nous entendons et comprenons.

Les parents n’ont jamais réclamé d’uniformes (2 milliards d’euros!), ni de SNU (entre 1 et 3 milliards d’euros!) mais des classes moins chargées à l’instar de la plupart de nos voisins européens. 

« Ces retraits de postes sont amortis par la volonté d’améliorer l’accompagnement des élèves » précise Madame la Rectrice de l’académie dans sa conférence du presse du lundi 22 janvier 2024. Améliorer l’accompagnement des élèves, c’est donc les entasser à 35 par classe, alors qu’on pourrait, sans augmenter les moyens mais en conservant les mêmes, leur permettre d’être dans des classes moins saturées et dans des VRAIS groupes à effectifs réduits.

Pourquoi avoir peur de prendre le risque d’une plus réelle égalité des chances ?

Et que penser dans un tel contexte, du fait que chaque année depuis le début de ces réformes, le ministère de l’éducation nationale a visiblement à cœur de rendre au gouvernement (en bon élève ?), une partie substantielle de son budget alloué mais non utilisé ! 

Encore un effort pour être républicains !" 

Signataires : Les enseignants SNES-FSU et sympathisants du lycée Ledoux - 1er février 2024

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