Mois sans alcool : le "Dry January" reprend, toujours sans soutien de l'Etat

Publié le 06/01/2022 - 12:01
Mis à jour le 06/01/2022 - 16:26

Un mois sans boire une goutte d’alcool. Pour tous les volontaires, le « Dry January » a commencé samedi 1er janvier 2022, une opération qui n’a toujours pas droit au soutien de l’Etat contrairement à des campagnes de même nature contre le tabagisme.

Un verre d'eau © congerdesign - Pixabay
Un verre d'eau © congerdesign - Pixabay

"On n'a pas d'aide gouvernementale (et) on est toujours sans moyens", souligne la juriste Claude Rambaud, vice-présidente de la fédération d'associations France Assos Santé, qui chapeaute cette campagne.

Lancée pour la troisième année consécutive en France, sur le modèle d'opérations semblables dans le monde anglo-saxon et scandinave, le "Dry January" fonctionne sur un principe simple : ne pas boire d'alcool pendant tout le mois de janvier. La période est propice à faire une pause, après des fêtes souvent marquées par une importante consommation d'alcool. Mais le but n'est pas seulement de reposer son organisme, c'est de se rendre compte par soi-même de ce qui change dans un quotidien sans alcool.

"L'idée, c'est d'essayer de faire cette pause, mais la campagne ne se veut pas du tout moralisatrice : chacun peut essayer de mesurer son rapport à l'alcool pendant ce mois-là", explique Mme Rambaud, craignant toutefois un contexte difficile avec la pandémie de Covid-19 qui perdure dans une ambiance anxiogène.

"Ca lance un élan"

Ce type de campagne fait de plus en plus ses preuves en matière de santé publique. Au lieu de mettre l'accent sur les risques représentés par une substance - ici l'alcool - , on insiste sur les avantages à ralentir sa consommation. Les participants sont aussi stimulés par un défi qui rassemblent de nombreuses personnes au même moment. "Beaucoup de gens qui font cette pause continuent ensuite" à moins consommer d'alcool, rapporte Mme Rambaud, sur la foi d'études faites dans des pays anglo-saxons. "Ca lance un élan", insiste-t-elle.

C'est le même principe que le "Mois sans tabac", lancé chaque année à l'automne, avec une petite nuance : le Dry January ne vise pas à définitivement inciter à une abstinence totale. En France, la réalité est bien différente entre les deux opérations. Le "Mois sans tabac" est soutenu depuis des années par l'Etat, via l'agence Santé publique France, alors que le "Dry January" n'est le fait que d'associations, certes rejointes par plusieurs municipalités comme celle de Lyon.

Pas réservé aux gros buveurs

"Ca n'a rien à voir avec ce qui se passe au Royaume-Uni où ils sont extrêmement soutenus par le gouvernement", regrette Mme Rambaud. Les associations reprochent à l'Etat de céder aux lobbies de l'alcool, en premier lieu les viticulteurs, qui agitent le spectre d'une campagne hygiéniste et inadaptée à "l'art de vivre" à la française.

Du côté de Santé publique France qui, selon plusieurs sources, avait failli se lancer dans la campagne pour sa première année en 2020, mais y avait renoncé in extremis, le jeu d'équilibriste perdure.

L'agence, qui dépend du ministère de la Santé, ne cache pas son intérêt pour le "Dry January" ; elle a mené plusieurs enquêtes sur son déroulement et son vécu par les participants. Mais elle se tient éloignée d'une implication directe. Santé publique France se place "en soutien" des organisateurs du Dry January, expliquait à l'automne, sa directrice générale Geneviève Chêne, mettant l'accent sur d'autres campagnes de l'agence contre les risques liés à l'alcoolisme.

Ces opérations publiques sont, toutefois, plus axées sur les risques liés aux comportements - agressivité, danger sur la route - que ceux qui touchent directement la santé des buveurs. Or, ces risques pour la santé sont souvent mal appréhendés, comme en témoigne une incompréhension fréquente sur le "Dry January". La campagne ne concerne pas que les gros buveurs, car une consommation modérée mais régulière représente aussi un risque pour la santé.

"Pour les non-participants, la cible de l'opération est en priorité constituée des personnes dépendantes ou des jeunes consommateurs qui ne maîtriseraient pas leur consommation", explique une étude réalisée par Santé publique France à partir d'entretiens individuels, et publiée en décembre dans la revue Alcoologie et Addictologie. "Ils ne se sentent donc pas concernés", concluent les auteurs, estimant qu'il y aurait tout à gagner à encore mieux médiatiser le "Dry January".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Cernés par le sucre ? Valentine Caput fait le point sur la présence du sucre dans les produits

Une toute récente étude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de mars 2024, vient de livrer ses conclusions concernant l’utilisation de sucres ou de produits sucrants dans quelques 54.000 produits alimentaires transformés de consommation courante. Notre diététicienne bisontine, Valentine Caput, commente ces résultats pour le moins vertigineux...

Pour une “école promotrice de santé”, les académies de Bourgogne Franche-Comté et l’ARS signent une convention

Pour renforcer la coordination entre ARS et rectorats de la région académique, au service de la santé des élèves de Bourgogne-Franche-Comté, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique et de l’académie de Besançon, Pierre N’Gahane, recteur de l’académie de Dijon, et Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS, ont signé une convention de partenariat, ce lundi 15 avril, à Dijon, dans les locaux de l’Agence Régionale de Santé.

Numérique en santé : l’Europe consolide son soutien à la plateforme régionale eTICSS

Au cœur de la stratégie e-santé en Bourgogne Franche-Comté, eTICSS est l’outil clé de la transformation numérique des parcours de santé dans la région. Dans un communiqué daté du 3 avril 2024, la Région Bourgogne-Franche-Comté annonce avoir mobilisé 10,5 millions d'euros de financements européens pour la seconde phase du projet numérique.

L’ARS Bourgogne-Franche-Comté se mobilise pour attirer et fidéliser les professionnels de santé

L’agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté anime depuis un an, avec ses partenaires, un plan de mobilisation en faveur des métiers du social, du médico-social, et de la santé. Les mesures concrètes, de l’orientation à l’emploi, sont d’ores et déjà nombreuses. On fait le point.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 3.64
partiellement nuageux
le 20/04 à 3h00
Vent
1.07 m/s
Pression
1020 hPa
Humidité
99 %