Quatorze membres d'un "clan" familial, selon les mots du procureur Paul-Edouard Lallois, comparaissent pour proxénétisme aggravé, trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs et détention d'armes. Neuf d'entre eux comparaissent détenus et cinq sous contrôle judiciaire.
Tous encourent au moins dix ans de prison, voire vingt ans pour les cas de récidive. Les demandes de renvoi formulées en début d'audience ont été rejetées lors de la première journée de ce procès devant durer deux semaines, jusqu'au 18 juillet.
Des jeunes filles prostituées
Le clan, essentiellement composé de membres d'une même famille, opérait dans le quartier prioritaire de la Petite-Hollande et se faisait appeler le "clan Pigalle", un clin d'oeil explicite à ses activités. Au moins trois jeunes filles mineures, âgées de 15 à 18 ans, ont été formellement identifiées.
Les jeunes filles étaient prostituées sur Snapchat ou la plateforme désormais fermée Coco. Elles se déclaraient comme indépendantes et majeures. Les clients prenaient rendez-vous dans des voitures, des appartements ou des meublés touristiques. Les filles partageaient moitié-moitié les revenus avec leurs proxénètes. Aucune ne s'est portée partie civile. En suivant la piste du proxénétisme, les enquêteurs ont découvert que les mêmes suspects étaient aussi impliqués dans un trafic de drogue à grande échelle: cannabis, cocaïne, ecstasy, héroïne, etc.
Officiellement, la majorité des prévenus était bénéficiaires du RSA ou inscrits à France Travail. Dans les faits, ils s'offraient des villas pour 20 personnes sur la Côte d'Azur, et louaient des Lamborghini pour 5.000 euros le week-end, le tout payé en espèces. À l'issue du procès, un volet CAF et France Travail pourrait s'ouvrir pour fraude aux prestations sociales. Les principaux mis en cause ont gardé le silence ou nié les faits durant toute l'instruction et le procès devra faire la lumière sur les responsabilités de chacun.
Face à l'ampleur de l'affaire, ce procès est labellisé "de sécurité à enjeu majeur". Le procureur a en effet dit s'attendre à une forte présence des proches du clan, venus les soutenir. Pour éviter tout incident, un dispositif de sécurité spécifique a été mis en place, bien que "sans crainte particulière de débordement", selon Paul-Édouard Lallois.
Une deuxième salle a été aménagée dans le tribunal pour permettre au public de suivre l'audience sur écran.
(Source AFP)