Ce mercredi 20 août 2025, des acteurs de la gestion de l’eau et de l’industrie se sont réunis à Novillard pour l’inauguration d’un forage, mis en service au début de l’été, qui approvisionne environ 45 000 personnes. Le projet, d’un coût de 516 750€, est principalement financé par GBM.
Christophe Lime, vice-président de GBM en charge de l’eau et de l’assainissement, a souligné l’importance de ce forage à Novillard : "c’est une ressource en eau extrêmement conséquente sous nos pieds, (…) qui bouge assez peu sur les périodes d’étiage." (période dans l’année où les débits passent en dessous d’une valeur seuil)
À terme, l’objectif de cette nouvelle source est de "diviser par deux" les prélèvements de la Loue à la station de Chenecey-Buillon : "on va chercher une nouvelle ressource, ce qui nous permet de moins reprendre sur les autres sources comme la Loue, sur l’ensemble du territoire." Celle-ci est considérée comme une rivière "fragile", nécessitant une régénération en période de sécheresse.
En plus du forage de Novillard…
Lors de cet événement, Christophe Lime a également évoqué l’ouverture d’un autre forage près de Geneuille, mis en place le 7 juillet 2025, destiné à réalimenter environ 14 416 habitants répartis sur neuf communes. Les coûts de ce forage s’élèvent à 229 926€.
Par ailleurs, l’élu a évoqué l’interconnexion prévue entre Chalèze et Besançon, qui doit sécuriser l’approvisionnement en eau dans le futur : "l’objectif à terme, c’est que toutes les communes de Grand Besançon Métropole aient deux alimentations."

Cette interconnexion entre les deux villes vise à limiter le prélèvement sur la ressource de Chalèze, en alimentant une partie du village grâce à un réseau situé sous la route départementale 683, en provenance de Besançon. Le coût des travaux est de 245 000 €, avec une mise en service prévue pour janvier 2026.
« Sécuriser la ressource »
Christophe Lime a ensuite évoqué les objectifs des travaux en lien avec le changement climatique : "on a aujourd’hui le climat qu’avait Lyon y’a 20 ans (…) on aura peut-être dans 20 ans le climat de Montpellier (…) l’arrêté de la préfecture montre bien les difficultés qu’il peut y avoir sur l’ensemble du territoire."
Bien que la ville de Besançon ait historiquement interconnecté toutes ses sources pour éviter que les habitants soient privés d’eau en cas de pollution ou de défaillance, la problématique des sécheresses semble s’intensifier : "il faut anticiper ce qui va se passer", a souligné l'élu.
L’objectif principal est "une sécurisation sur l’intégralité du territoire", annonce-t-il, tout en précisant qu’il ne s’agit pas de consommer plus : "c’est pas parce qu’on va chercher un certain nombre de ressources que c’est "open bar", comme diraient certains." Christophe Lime a insisté sur la nécessité de réduire les prélèvements pour garantir l’approvisionnement complet de GBM. Il a annoncé le lancement d’une campagne de sensibilisation pour "éviter de gaspiller l’eau, tout particulièrement en période de sécheresse."

Celle-ci s’appuiera sur un système de télérelève : grâce à des capteurs installés sur les camions poubelles, il sera possible d’effectuer des relevés réguliers de la consommation d’eau et d’identifier les "points faibles" des réseaux d’approvisionnement. Il a ajouté : "il s’agit d’apporter un service supplémentaire aux usagers (…) en finalité, cela va nous permettre de savoir exactement lorsqu’on a des réseaux qui sont fuyards, pour pouvoir augmenter le taux de rentabilité."
Une collaboration étroite avec le comité scientifique
Élodie Recchia, hydrogéologue et membre du comité scientifique pour la DREAL Bourgogne Franche-Comté, a profité de cette inauguration pour expliquer le processus scientifique qui précède ces projets de forage. Depuis 2017, la collectivité a choisi d’être accompagnée par des scientifiques dans cette initiative : "c’est la seule collectivité qui a fait ce choix là au niveau de la Bourgogne-Franche-Comté".
Le comité comprend des chercheurs de l’Université Pierre et Marie Curie, des spécialistes du BRGM, ainsi que des représentants de l’état tels que l’ARS, la DREAL et l’agence de l’eau, afin d’avoir une vision scientifique et financière. Pour Élodie Recchia, l’objectif est "d’accompagner la collectivité sur l’ensemble des investigations complémentaires à mener pour protéger cette ressource."
Parmi les études menées, elle met en avant la création d’un modèle hydrogéologique en trois dimensions, "assez novateur", permettant de comprendre "où sont les zones de recharge, comment circule l’eau, d’évaluer les vitesses de transfert… "

Elle souligne que ces travaux sont indispensables, pour éviter une surexploitation de "l’aquifère" (terrain perméable permettant l’écoulement d’une nappe souterraine et le captage de l’eau). Le comité définit des zones de sauvegarde qui pourraient être mises en péril en cas de sécheresse, et où il est crucial de favoriser l’infiltration de l’eau pour garantir la disponibilité sur le long terme.
Pour Élodie Recchia, cette coopération enrichit les connaissances des deux côtés : "ça permet d’aller de l’avant sur la protection de la ressource, d’anticiper l’impact du changement climatique, et ça nous permet aussi, nous, scientifiques, d’accompagner la collectivité et d’être dans l’action publique, de sortir un peu de notre zone de confort."