Université en danger : Macha Woronoff dénonce "une forme de démantèlement progressif de l’université publique française"

Publié le 04/12/2024 - 14:46
Mis à jour le 04/12/2024 - 13:42

Dans le cadre d’un mouvement national et "inédit" des présidents d’université baptisé "Budget 2025 : "Universités en danger", la présidente de l’université de Franche-Comté Macha Woronoff a tenu une conférence de presse mardi 3 décembre 2024 à Besançon pour lancer un cri d’alerte et faire part de sa colère. 

Depuis les 10 dernières années "c’est 22 millions d’euros qu’il manque dans notre budget" avec depuis 2022, 9 millions d’euros de charges non compensées, a récapitulé la présidente de l’université de Franche-Comté, Macha Woronoff. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à tirer la sonnette d’alarme, puisque depuis la présentation du projet de loi de finances 2025, c’est la communauté universitaire tout entière qui s’inquiète d’une "aggravation sans précédent des difficultés budgétaires des établissements d’enseignement supérieur". 

Le projet de loi prévoit en effet "une nouvelle augmentation de charges non compensées par l’État" précise Macha Woronoff. Au total celle-ci représente 500 millions d’euros pour 2025 dont 310 millions de masse salariale (130 millions de mesures salariales dites "Guerini" et 180 millions d’augmentation du compte d’affectation spéciale pension). D’où ce mouvement  de mobilisation nationale "rarissime et dont l’ampleur n’a pas d’équivalent depuis 30 ans" entrepris par un total de 88 présidents d’universités.

Si la présidente de l’université est bien consciente "des besoins pour le personnel" Macha Woronoff rappelle qu’il n’est cependant "pas normal que nous n’ayons pas les ressources pour y faire face". 

Un manque de 22 millions d'euros

À l’échelle de l’université de Franche-Comté, le surcoût est ainsi estimé à près de 5 millions d’euros de charges supplémentaires depuis 2022, auxquels s’ajoute une estimation de dépenses supplémentaires de 4,2 millions d’euros pour 2025, soit un total de plus de 9 millions d’euros de charges non compensées pour l’établissement. Cela, "sans tenir compte du glissement vieillesse de notre société" qui équivaut chaque année à 1,2 million d’euros en plus précise la présidente. Pour elle, "il manque 22 millions d’euros au budget de l’université de Franche-Comté" pour garantir son bon fonctionnement.

La présidente a d’ailleurs rappelé que l’université publique ne dispose "d’aucune flexibilité financière" que sa "trésorerie" suggérée par le ministre sert avant tout à "payer les salaires" qui équivalent à "16 millions d’euros minimums par mois" pour l’UFC. Quant au "fonds de roulement" dans lequel sont stockés les contrats pluri-annuels gagnés par la recherche et l’innovation, il  ne s’agit pas "d’un bas de laine thésaurisé" comme semble le suggérer le ministre, il est utilisé pour rénover le patrimoine immobilier à l’image du campus de la Bouloie actuellement en pleine transformation. Il a également permis à l’université de faire face à l’augmentation de l’énergie en rénovant les passoires thermiques. 

Les universités revendiquent ainsi :

  • une compensation intégrale des charges nouvelles
  • une augmentation significative des subventions publiques
  • un renforcement des moyens pour les missions prioritaires : inclusion, santé mentale, transition écologique, patrimoine immobilier. 

Baisse des capacités d'accueil ParcourSup, fermeture des sites délocalisés...

Si ces revendications n’étaient pas prises en compte, Macha Woronoff prévient alors que "l’État prendrait la responsabilité de contraindre les universités à n’avoir d’autre choix que de baisser les capacités d’accueil sur Parcoursup". Cela au motif que "l’université française doit tenir la qualité de ses diplômes". 

Autres conséquences, la fermeture des sites délocalisés. Dole, Lons-le-Saunier ou encore Vesoul seraient ainsi menacés. L’arrêt de la rénovation du patrimoine immobilier est également évoqué, tout comme la réduction des services aux étudiants afin de se concentrer sur la formation.

Quid alors de la culture et du sport pour les étudiants ? "Si nous ne pouvons plus remplir ces missions, où va aller la société ? Que va devenir notre nation ?", interroge Macha Woronoff dans notre vidéo. Le projet de bibliothèque universitaire au sein de la Grande Bibliothèque de Besançon pourrait lui aussi être remis en question. 

Refus d’augmenter les frais d’inscription

On nous pousse vers quelque chose que nous refusons "augmenter les frais d’inscription". Une mesure à laquelle se refuse Macha Woronoff qui qualifie cette demande d’indécente et rappelle qu’à l’université de Franche-Comté plus de 50% des étudiants sont obligés de travailler en dehors de leurs études. Pour la présidente, ce choix ne doit d’ailleurs pas reposer sur les épaules des universités : "n’est-ce pas une décision politique qui doit se prendre à l’assemblée nationale et du Sénat ?", interroge-t-elle ? 

Une mobilisation également étudiante

Le Bureau des associations franc-comtoises (BAF) se joint à l’appel national lancé par France université et des présidences d’universités et soutient la mobilisation du 3 décembre pour dénoncer le sous-financement des universités, "dont les conséquences sont de plus en plus visibles au quotidien". La BAF révèle d’ailleurs une "précarité grandissante" et "de plus en plus systémique" du côté des étudiants. 

Face à tout cela, France universités a adressé une lettre au Premier ministre lundi 2 décembre 2024 afin de rappeler que le financement des universités est "une priorité nationale". 

Un budget 2025 déficitaire

Localement, le mouvement est également soutenu par les élus Grands Bisontins à l’image de la sonnette d’alarme tirée par Anne Vignot et Benoit Vuillemin.

Le 17 décembre prochain, le conseil d’administration de l’UFC devra voter un budget en déficit de 3,4 millions d’euros. "Je suis élue au CA depuis 2006, je n’ai jamais eu à voter un budget en déficit" a déploré Macha Woronoff. 

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

La BGE met en lumière les créateurs d’entreprise de la région dans une web-série

Le réseau d’accompagnement BGE a lancé la quatrième édition des Talents BGE de la création d’entreprise. 38 parcours de vie sélectionnés dans toute la France mis en lumière chaque semaine sur le site BGE et dans une web-série de 14 épisodes (un par région), diffusée depuis le 19 septembre 2025, suivant le parcours d’un des entrepreneurs. L’objectif ? observer la réalité entrepreneuriale à travers le parcours de ceux qui créent.

Quoi de 9 à la Maison laGrange ?

QUOI DE 9 ? • Alors que l’hiver approche à grands pas, la Maison laGrange dévoile ses nouveautés pleines de douceur et de caractère pour se réchauffer avec style. Au programme : des infusions gourmandes bio aux saveurs inédites comme « Tarte Tatin » ou « Cho Coco Menthe », à savourer grâce au duo ÉcoFiltre & mug laGrange. Et, bien sûr, l’incontournable calendrier de l’Avent, qui réservent chaque année leur lot de surprises aromatiques !

Mois de l’Économie sociale et solidaire en Bourgogne-Franche-Comté, c’est parti !

La CRESS Bourgogne-Franche-Comté a donné le 5 novembre dernier, à Dijon, le coup d’envoi du Mois de l’Économie sociale et solidaire (ESS) 2025, marquant le début d’un mois consacré à la promotion et au développement d’un modèle économique fondé sur la coopération, la solidarité et l’innovation sociale.

Le Néon Comtois, où l'art de manier les décorations lumineuses...

Maxime Suter est fabricant de décorations lumineuses d'intérieur en néon-led à Besançon. Depuis son atelier situé à Hop hop hop, il confectionne des modèles originaux mais également des projets sur-mesure à destination des particuliers et des professionnels. De nombreux professionnels ont notamment déjà fait appel à ses services pour mettre en lumière leurs projets. Il commercialise ses réalisations conçues à Besançon depuis son site internet Le Néon comtois

Festival de la Paille : une dernière danse en 2026 avant de tirer sa révérence

Après un quart de siècle d’histoire, le festival de la Paille vivra finalement sa dernière édition en 2026. Face aux coûts de production de plus en plus élevés et à la diminution de leurs recettes, le Collectif Organisation en charge du festival est arrivé à la décision "lucide" de vivre un dernier été les 24 et 25 juillet prochain à Métabief. Pour autant, pas question de nostalgie, ni de se morfondre, le festival de La Paille 2026 sera "une apothéose, une célébration vivante, impertinente et lumineuse" promettent les organisateurs… qui envisagent déjà de renaître sous d’autres formes en 2027. 

Océane Godard dénonce l’implantation de Shein à Dijon : “le symptôme criant de l’abandon de nos valeurs”

L’ouverture prochaine d’un magasin Shein dans le centre-ville de Dijon provoque de vives réactions politiques. La députée de la Côte-d’Or, Océane Godard (PS), a publié le 4 novembre 2025 un communiqué dans lequel elle dénonce "un symbole de la faiblesse politique de l’Union Européenne et une menace pour nos territoires".

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 6.71
couvert
le 12/11 à 09h00
Vent
0.71 m/s
Pression
1016 hPa
Humidité
86 %