Violences policières, article 24, formation des forces de l'ordre… Entretien avec Emmanuelle Cordier, policière à Besançon

Publié le 03/12/2020 - 07:30
Mis à jour le 02/12/2020 - 18:01

Après les attentats de 2015 suite auxquels les Françaises et le Français embrassaient les forces de l’ordre, qu’est-ce qui a changé dans leurs relations ? Y a-t-il des brebis galeuses au sein de la police ? Pour ou contre l’article 24 de la proposition de loi de « sécurité globale » ? Nous avons rencontré Emmanuelle Cordier, déléguée interdépartementale unité SGP Police du Doubs à Besançon pour en parler.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez vu les images qui ont tourné en boucle de l'intervention de la police sur un camp de migrants à Paris ou dans les locaux de Michel Zecler, etc. ?

Emmanuel Cordier : "Vous savez que nous, en tant que forces de l'ordre, on est amené à utiliser la force de manière strictement proportionnelle. Quand vous avez à faire avec des gens qui ne veulent pas se laisser contrôler, ça fait partie de notre travail. Il y a eu certains évènements qui peuvent paraître violents pour le public qui regarde ces images. Je ne vais pas vous dire qu'il faut prendre parti ou pas prendre parti. Il y a une enquête ouverte, on va laisser faire l'enquête : s'il y a eu des débordements, je n'ai aucun doute quant au fait que mes collègues seront sanctionnés…"

La suite de la réponse en audio :

Lors de la manifestation qui s'est déroulée vendredi dernier à Besançon contre les "mesures liberticides" et les violences policières, l'un de vos collègues nous a confié avoir ressenti une ambiance "malsaine" à l'encontre des forces de l'ordre. Avez-vous eu le même sentiment ?

Emmanuel Cordier : "On entretient ce mal-être, cette idée que les policiers sont tous violents. On a l'impression que tout le monde est mis dans le même sac, et ça c'est difficile à vivre parce qu'on a pas forcément de choses à se reprocher, on fait notre métier, on essaie de le faire du mieux qu'on peut. Forcément, on est obligé d'utiliser la force strictement nécessaire."

Y a-t-il des brebis galeuses au sein de la police qui donnent une mauvaise image de votre métier ?

Emmanuel Cordier : "Des brebis galeuses, je n'irais pas jusque là, mais la police représente la population en général. On passe un concours, mais il peut y avoir des gens qui, malheureusement, passent à travers les mailles. Si ces gens commettent des actes répréhensibles, de toute façon, ils sont sanctionnés. Il faut savoir qu'on est une des professions les plus sanctionnées…"

La suite de la réponse en audio :

 

Depuis les attentats de 2015, suite auxquels les Françaises et les Français embrassaient les forces de l'ordre, qu'est-ce qui a changé ? La crise des Gilets jaunes ? Les réseaux sociaux ? D'autres éléments ?

Emmanuel Cordier : "En fait, on est le dernier rempart du gouvernement : si on n'est plus là, il n'y a plus de justice, il n'y a plus rien, plus personne n'assure la protection des citoyens, la protection des biens. On représente quand même la République. La colère des Gilets jaunes envers le gouvernement se reportait sur nous. On absorbe la colère des citoyens, et on sert de rempart au gouvernement..."

La suite de la réponse en audio :

Existe-t-il un problème dans le recrutement et/ou la formation des policières et des policiers ?

Emmanuel Cordier : "Il faut aussi un encadrement. À mon époque, lorsque l'on sortait de l'école, on allait dans une grande ville et là-bas, on était encadré par les anciens et ça s'est un peu perdu. Peut-être que ça se fait encore dans les grandes villes, mais nous, quand il y a une arrivée massive de stagiaires, c'est difficile ensuite de gérer, de les répartir dans les différentes unités. On a besoin des anciens pour apprendre le métier.

En général, oui, on peut dire qu'on a besoin davantage de formation, on a toujours besoin de travailler ensemble, de voir comment réagir face à des situations difficiles. Et le maintien de l'ordre comme on a pu voir à Paris, le maintien de l'ordre c'est quand même un métier à part, et si vous envoyez des gens qui ne sont pas formés en maintien de l'ordre, il va forcément y avoir, pas de bavures, mais des manques d'expérience. Les CRS sont habitués au maintien de l'ordre et nous police urbaine, n'avons pas cette formation..."

La suite de la réponse en audio :

Êtes-vous pour ou contre le retrait de l'article 24 du projet de loi de "sécurité globale" ?

Emmanuel Cordier : "Pour nous, on a voulu l'article 24 dans la mesure où on avait besoin de protection de votre vie privée. Ce qu'on demandait c'était d'être flouté effectivement, mais pour éviter des débordements dans notre vie privée. Il faut savoir que des personnes malintentionnées ont créé des fichiers sur internet avec des photographies des policiers, en mettant leur nom, leur adresse, l'immatriculation de leur véhicule… Et c'est ça que l'on veut éviter à tout prix…"

La suite de la réponse en audio :

D'après vous, quelles sont les solutions pour améliorer les relations entre les forces de l'ordre et la population ?

Emmanuel Cordier : "Il faut déjà apaiser les choses, et ne pas remettre sans cesse de l'huile sur le feu parce qu'on a quand même assister à un lynchage politique et médiatique et je trouve que ce n'est pas la bonne solution. Un moment donné il faut peut-être apaiser les choses et recréer du lien avec la population… mais on a quand même ce lien malgré tout ce qu'on peut dire, il faut savoir qu'une grande majorité de la population soutient sa police…"

La suite de la réponse en audio :

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Une équipe dijonnaise met au jour un nouveau mécanisme impliqué dans les troubles du neurodéveloppement

Une avancée scientifique majeure a été annoncée ce jeudi 11 décembre par l’Université Bourgogne Europe. Les chercheurs de l’équipe GAD (Genetics of rAre Diseases) du laboratoire CTM, Unité Mixte de Recherche 1231 associant l’Université Bourgogne Europe et l’INSERM, ont identifié un mécanisme inédit impliqué dans certaines formes de troubles du neurodéveloppement. Ces travaux sont menés sous la direction du Professeur Antonio Vitobello, spécialiste en génétique médicale.

Peuples Solidaires Doubs : des ventes de bougies pour ”animer la flamme de l’espérance” à Besançon

L’association Peuples Solidaires du Doubs relance cette année ses ventes de bougies solidaires jusqu'au 20 décembre 2025 à Besançon, un rendez-vous désormais bien identifié dans la région. Entre soutien à une coopérative de femmes au Togo et formation numérique dans une école primaire, l’initiative se veut un moteur de solidarité internationale.

L214 : 10 millions de confettis pour dénoncer les 10 millions d’animaux tués en décembre pour Carrefour

L’association de défense animale L214 organise, samedi 13 décembre 2025, une mobilisation devant des magasins Carrefour dans 37 villes en France, dont École-Valentin. Les bénévoles souhaitent alerter le public sur le nombre d’animaux tués pour approvisionner l’enseigne, en particulier durant la période des fêtes.

Nièvre : un abattoir suspendu après des accusations de L214

Un abattoir de Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre) a été temporairement suspendu par la préfecture, mercredi, après une enquête de l'association de défense des animaux L214 évoquant des bêtes découpées, voire décapitées et même brûlées au chalumeau, encore vivantes, "sous les yeux des services vétérinaires". 

Dermatose bovine : les agriculteurs représentent symboliquement les 83 vaches abattues à Pouilley-Français

VIDEO • Plus d'une soixantaine de tracteurs ont élu domicile le temps de quelques heures devant le parvis de la gare Viotte à Besançon ce 10 décembre 2025. Les agriculteurs ont exprimé leur colère face au protocole sanitaire appliqué en cas de dermatose bovine. Ils demandent notamment une vaccination massive...

Les oranges cachaient les stupéfiants… La Douane du Jura transforme une saisie en don à la Croix-Rouge

INSOLITE & SOLIDAIRE • La brigade des Douanes de Lons-le-Saunier a récemment intercepté un poids lourd circulant sur l’autoroute. Lors du contrôle, les agents ont découvert des produits stupéfiants dissimulés dans la cargaison. Pour masquer ces marchandises illicites, le camion transportait 20 palettes d'oranges, transportées d'Espagne vers la Pologne... une cargaison légale qui a été remise à la Croix-Rouge du Jura, a-t-on appris mardi 9 décembre 2025.

Un clic = 1 € de jouets : le CHU de Besançon relance son “Noël magique”

1 vote = 1 euro • Le CHU de Besançon participe, cette année encore, à l’opération "Noël magique à l’hôpital". Chaque internaute a la possibilité de voter gratuitement en ligne et faire gagner un euro au service pédiatrique de Besançon jusqu'au 24 décembre 2025. Depuis plus de 15 ans, cette opération permet aux services pédiatriques de bénéficier de nombreux jouets.

Laïcité : à Besançon un tramway et des projets pour célébrer les 120 ans de la loi de 1905

À l’occasion de la Journée nationale de la laïcité, célébrée le 9 décembre, la Ville de Besançon affirme son engagement en commémorant cette année un anniversaire historique : les 120 ans de la loi du 9 décembre 1905, texte fondateur consacrant la séparation des Églises et de l’État et garantissant la liberté de conscience.

“Énergie moins chère ensemble” : une offre énergétique négociée par l’UFC Que choisir

Jusqu’au 20 décembre 2025, il est possible de bénéficier de l’offre énergétique négociée par l’UFC que Choisir dans le cadre de la campagne "Énergie moins chère ensemble". Zoom sur ce dispositif avec Benjamin Capelli, juriste pour l’UFC Que choisir Doubs - Territoire de Belfort à Besançon.

L’avenir se dessine en Bourgogne-Franche-Comté !

PUBLI-INFO • Grâce  à la Carte Avantages jeunes, la Région Bourgogne-France-Comté propose à tous les jeunes de moins de 30 ans de bénéficier de 3200 avantages. Cette carte offre de nombreuses réductions et gratuités pour la culture, les loisirs et la vie quotidienne.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 9.88
peu nuageux
le 13/12 à 12h00
Vent
0.74 m/s
Pression
1029 hPa
Humidité
90 %