Affaire Alexia Daval : Jonathann face à la colère de ses beaux-parents

Publié le 17/11/2020 - 15:00
Mis à jour le 17/11/2020 - 15:09

Journée cruciale • La thèse avancée par les parties civiles d’un viol post mortem d’Alexia Daval par son mari Jonathann a été mise à mal par un expert mardi devant les assises de la Haute-Saône ce mardi 17 novembre 2020, dans l’attente d’une confrontation cruciale entre l’accusé et ses beaux-parents. Cette dernière est prévue à partir de 16h selon le planning de l’audience.

Isabelle Fouillot au premier jour du procès de Jonathann Daval à Vesoul © TL
Isabelle Fouillot au premier jour du procès de Jonathann Daval à Vesoul © TL

Lundi, au premier des cinq jours de ce procès hors norme, ils ont d’ores et déjà annoncé leur volonté d’interpeller leur ancien gendre, aujourd’hui âgé de 36 ans et qu’ils ont longtemps considéré comme un fils.

"Je sais que c'est une journée très importante, que c'est le jour ou jamais où je vais pouvoir lui parler" et lui dire "ce que j'ai sur le coeur", a déclaré en arrivant au tribunal judiciaire de Vesoul la mère d'Alexia, Isabelle Fouillot, aux côtés de son mari Jean-Pierre.

Elle attend de cette audition qui s'annonce décisive et intense que Jonathann "craque encore une fois".

Le rôle de Mme Fouillot a été "déterminant" lors de cette instruction : "à chaque fois qu'elle a rencontré (Jonathann), il s'est passé quelque chose", avait souligné son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie, comme lorsqu'elle avait arraché de nouveaux aveux lors d'une audition bouleversante en décembre 2018 devant le juge d'instruction.

"Il faut vider"

"C'est la dernière fois où vous lui parlez et là, il faut vider" votre sac, lui a dit mardi Me Portejoie, alors que l'audition des Fouillot est attendue vers 16H00.

Lundi, au premier des cinq jours de ce procès hors norme, les Fouillot avaient annoncé leur volonté d'interpeller leur ancien gendre, aujourd'hui âgé de 36 ans et qu'ils ont longtemps considéré comme un fils.

"Je vais lui poser des questions, je vais lui demander le pourquoi, pourquoi toute cette horreur ?", avait annoncé Mme Fouillot.

Poursuivi pour "meurtre sur conjoint", Jonathann Daval encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Souvent au bord des larmes lundi, le trentenaire, qui avait multiplié les versions pendant l'instruction, a de nouveau assumé avoir tué sa femme Alexia, une employée de banque de 29 ans retrouvée morte le 30 octobre 2017 dans un bois près du domicile conjugal à Gray-la-Ville (Haute-Saône).

Jonathann, qui avait donné l'alerte en affirmant qu'elle n'était pas revenue d'un jogging, avait été interpellé en janvier 2018. Après de multiples revirements, il avait fini par reconnaître le meurtre, avouant in fine avoir également incendié le corps.

Selon lui, le drame se serait noué lors d'une violente dispute, alors que le couple rencontrait des difficultés à avoir un enfant.

Il a indiqué durant l'instruction qu'il l'avait "étranglée pour qu'elle se taise", assurant que sa femme "l'humiliait" mais qu'il n'avait pas voulu la tuer.

Un temps accusé par Jonathann d'avoir tué Alexia, son beau-frère Grégory Gay sera également appelé à la barre mardi, de même que son épouse Stéphanie, la soeur d'Alexia.

Mardi, l'audience s'est ouverte avec l'audition d'un des médecins légistes qui a autopsié le corps d'Alexia, moment où les parents d'Alexia ont choisi de quitter la salle pour ne pas entendre les détails de son rapport.

Jonathann s'est lui bouché les oreilles à plusieurs reprises.

Lundi, les Fouillot n'avaient pas non plus assisté à la projection des photos du corps partiellement carbonisé de leur fille, durant laquelle Jonathann a disparu dans son box, prostré.

"Profanation"

Cette journée devrait aussi être l'occasion pour les parties civiles de déployer les thèses qu'ils distillent depuis plusieurs jours : selon elles, Jonathann a prémédité son geste et cherché à empoisonner sa femme en lui administrant, sur une longue période et à son insu, des médicaments.

La piste d'un viol, avancée par les parties civiles, n'a jamais été retenue par l'instruction et n'est pas reprochée à Jonathann Daval devant les assises de Haute-Saône, où il répond exclusivement de "meurtre sur conjoint", fait passible de la réclusion à perpétuité.

Interrogé par l'un des avocats de l'accusé, Me Randall Schwerdorffer, sur l'existence d'une "preuve d'un rapport sexuel post mortem" impliquant son client et Alexia, Antoine Tracqui, l'un des médecins légistes, a répondu par la négative : "non seulement, je n'ai pas de preuve d'un rapport post mortem, mais je n'ai pas d'arguments positifs en ce sens".

"Strangulation" 

Cette hypothèse est désormais "totalement évacuée des débats", s'est félicité lors d'une pause Me Schwerdorffer, appelant à se "recentrer sur le dossier".

Pour appuyer la thèse du viol, les avocats des parties civiles avaient pointé lundi la présence de spermatozoïdes dans le corps et sur les vêtements de la victime, Jonathann Daval assurant avoir eu un rapport sexuel trois jours avant le meurtre commis dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017.

"Il n'est pas du tout anormal qu'on retrouve encore des spermatozoïdes trois jours après" un rapport, a encore tranché M. Tracqui, qui n'a pas décelé non plus de "signes de violences sexuelles avérées" sur le corps d'Alexia.

"Il n'y a aucun élément sérieux (...) pour alimenter les thèses (...) agitées par les parties civiles" et pas retenues par l'enquête, a balayé l'un des avocats de la défense, Me Samuel Estève.

"Il y a des faits pour lesquels (Jonathann) n'est pas poursuivi", a reconnu l'un des conseils des parties civiles, Me Caty Richard. "Mais on ne doit pas faire l'économie d'informer la cour et les jurés de tout ce qui entoure le meurtre d'Alexia".

Cette journée va être "extrêmement importante, voire cruciale", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Selon Me Richard, "ce sera l'occasion de parler de la soumission chimique qui lui était infligée" et "des conditions et des circonstances de sa mort, et des derniers outrages avec lesquels il l'a en plus salie", a-t-elle dit, évoquant une "profanation de cadavre".

Le verdict est attendu vendredi.

(Avec AFP)

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