Alstom : l'Etat choisit finalement l'américain GE au détriment de Siemens, mais pose ses conditions

Publié le 21/06/2014 - 14:44
Mis à jour le 21/06/2014 - 14:44

L’Etat français, qui a fait monter les enchères autour d’Alstom, s’est finalement rangé vendredi du côté de l’offre du groupe américain General Electric, repoussant celle de l’allemand Siemens, tout en posant des conditions, et a annoncé son entrée au capital du groupe industriel français à hauteur de 20%.

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Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, qui avait penché au départ pour l'offre allemande, a annoncé à Bercy en fin d'après-midi vendredi 21 juin 2014 avoir envoyé une lettre d'intention au patron de GE, Jeff Immelt, lui précisant les conditions de cette alliance GE-Alstom. L'Etat va ainsi entrer au capital d'Alstom à hauteur de 20% dans le cadre d'une alliance avec le conglomérat américain General Electric, qui a été préféré au tandem Siemens et Mitsubishi Heavy Industries. C'est au conseil d'administration d'Alstom qu'il revient à présent de décider si le groupe entre en négociations exclusives avec GE, au plus tard lundi, date de l'expiration de l'offre de l'américain. Une réunion du CA d'Alstom s'est tenue vendredi soir.

Rien n'avait filtré au milieu de la nuit. Concernant l'offre Siemens/MHI, rehaussée vendredi, M. Montebourg a souligné que ce projet de groupe franco-allemand de l'énergie s'était "heurté aux règles de la concurrence" de Bruxelles. Les deux perdants ont réagi vendredi soir séparément. Siemens a dit "comprendre" que les intérêts nationaux du gouvernement français aient primé, jugeant toutefois que lui et son partenaire japonais avaient "la meilleure offre" du point de vue industriel, stratégique, financier et social. De son côté, MHI a "regretté" la décision de Paris, tout en restant "décidé à développer ses relations avec la France". Afin que le gouvernement puisse exercer sa "vigilance patriotique", selon les termes d'Arnaud Montebourg, l'Etat va racheter les deux tiers de la participation de Bouygues, et devenir avec 20% du capital le principal actionnaire d'Alstom, a-t-on indiqué à Bercy.

Cette part s'élève à 1,72 milliard d'euros. En outre, "une co-entreprise spécifique française dans le nucléaire et la vapeur sera constituée: Alstom sera maintenue dans une alliance à 50/50 avec l'Etat dans le nucléaire, la vapeur ainsi que toutes les activités de la transition énergétique. Cette alliance est donc garantie par l'arrivée de l'Etat aux commandes d'Alstom, c'est en quelque sorte l'Etat qui assure l'effectivité, la solidité et la pérennité de cette alliance", a ajouté le ministre. M. Montebourg a par ailleurs prévenu qu'il y aurait des "pénalités" si les engagements de GE à créer 1.000 emplois n'étaient pas tenus. La lettre d'intention est en train d'être examinée par M. Immelt et la direction de GE, a-t-on indiqué dans l'entourage du groupe américain.

Après des semaines d'un feuilleton à rebondissements, le gouvernement pouvait se prévaloir de son interventionnisme qui a payé, selon lui. Paris jouait en effet les uns contre les autres pour faire monter les enchères, notamment depuis l'entrée dans la course de Siemens et MHI en début de semaine. Alstom, "en terme de méthode, c'est l'anti-Florange", s'est ainsi félicité le Premier ministre Manuel Valls, en référence au conflit à l'automne 2012 entre son prédécesseur Jean-Marc Ayrault et M. Montebourg, qui militait à l'époque pour une nationalisation du site ArcelorMittal de Florange (Moselle). L'amélioration de l'offre de GE, et donc son soutien par l'Etat, "nous le devons beaucoup à l'engagement d'Arnaud Montebourg", a-t-il déclaré.

Les négociations serrées avec l'américain General Electric, l'Allemand Siemens puis le tandem germano-japonais Siemens/Mitsubishi Heavy Industries (MHI) ont permis "d'améliorer les offres et de passer d'une opération d'achat à une opération d'alliance", s'est-on également félicité à l'Elysée. L'américain avait amélioré son offre jeudi, avec notamment une concession de taille au gouvernement sur le nucléaire, tout en maintenant sa valorisation de 12,35 milliards d'euros pour les activités convoitées. Alstom fournit à EDF les turbines à vapeur pour les réacteurs de ses centrales nucléaires, et Paris répugne à voir passer sous pavillon américain cette activité qui touche à la souveraineté du pays.

Les syndicats rassurés mais vigilants

Le patron de Siemens, Joe Kaeser, était lui-même venu présenter cette nouvelle version à François Hollande en début d'après-midi, dans la foulée d'un entretien du président avec le PDG de GE. Côté syndical, on se montrait soulagé par la décision du gouvernement, la CFE-CGC, premier syndicat du groupe français, voyant comme "un élément rassurant" l'entrée de l'Etat au capital d'Alstom. "C'est une bonne nouvelle à condition que chacun tienne ses engagements", a déclaré à l'AFP Joseph Crespo, président de la fédération métallurgie de la CFTC, qui s'était déjà prononcé en faveur de l'offre du groupe américain.

Dans la classe politique, la gauche apportait son soutien au gouvernement, à l'instar de Jean-Pierre Chevènement, sénateur et président d'honneur du MRC, pour qui "le compromis auquel le gouvernement est parvenu avec General Electric préserve les intérêts de la France". Côté Front National en revanche, sa présidente Marine Le Pen a dénoncé "une nouvelle trahison des intérêts de la France par le gouvernement socialiste". "La France renonce donc à son indépendance dans la filière électro-nucléaire", a-t-elle ajouté, estimant que "comme lors du rachat d'Arcelor par Mittal, nous assistons une nouvelle fois au dépeçage d'un géant français de l'industrie".

(AFP)

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Economie

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