Le gouvernement lance son "Grenelle des violences conjugales", les associations vigilantes

Publié le 03/09/2019 - 16:07
Mis à jour le 03/09/2019 - 17:29

Le gouvernement a lancé ce mardi 3 septembre à Matignon, en présence de familles de victimes, un « Grenelle » des violences conjugales, dont les associations espèrent qu’il débouchera sur un « plan Marshall » pour enrayer un phénomène ayant déjà fait plus de 100 mortes depuis le début de l’année. En Haute-Saône, les violences faites aux femmes recensées ont connu une hausse de 4,8 %. Entre 2017 et 2018, passant de 416 femmes victimes de violences à 437.

© twitter Edouard Philippe ©
© twitter Edouard Philippe ©

Le Premier ministre, Édouard Philippe, doit annoncer "de premières mesures d'urgence pour renforcer la protection des victimes", ont annoncé ses services. "Des mesures supplémentaires concertées de manière collective arriveront plus tard", a ajouté son entourage.

Devant quelque 80 invités - responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats ou avocats -, plus de 10 membres du gouvernement, dont Marlène Schiappa (Égalité femmes-hommes), Nicole Belloubet (Justice) et Christophe Castaner (Intérieur), animeront des "ateliers" sur la prévention des violences, la "mise à l'abri et l'accompagnement" des victimes, ou la "sanction" des auteurs violents. "On souhaite avoir un vrai travail interministériel mais surtout collectif avec les associations", a-t-on indiqué à Matignon.

"Ce qu'on attend, c'est des résultats"

Les associations féministes souhaitent que l'événement débouche sur un "plan Marshall" doté d'"au moins" 500 millions, voire un milliard d'euros, loin des 79 millions d'euros de crédits spécifiquement alloués à cette lutte, selon une étude menée par cinq organisations. Mme Schiappa, de son côté, a annoncé la semaine dernière la création d'un "fonds spécial" contre les féminicides d'un million d'euros à destination d'"associations de terrain", un chiffre jugé très insuffisant par les associations.

"Ce qu'on attend, c'est des résultats", a insisté lundi Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes.

Les militantes demandent notamment la création, avant la fin de l'année, d'au moins 2.000 places d'hébergement supplémentaires pour les femmes ayant fui le domicile conjugal, un renforcement de la prévention contre les violences sexistes dès l'école, ou la création d'instances judiciaires spécialisées.

"Effet d'annonce"

Elles préconisent également de mieux former les policiers et gendarmes qui recueillent les plaintes des femmes victimes, afin d'éviter que celles-ci soient éconduites. "Confiantes" avant ce Grenelle, les associations se veulent néanmoins "vigilantes", notamment face au risque que l'événement se résume à une "opération de communication de la part du gouvernement".

"On ne veut pas un Grenelle des fake news (...) On souhaite que ce qui va être annoncé soit budgété, soit concrètement réalisé. L'attente est énorme. Les 100 femmes qui ont été assassinées (depuis le début de l'année) nous obligent", a souligné Mme Mailfert. A la veille du Grenelle, ce chiffre est monté à 101, avec le décès d'une femme de 92 ans dans le Tarn. Son mari de 94 ans est soupçonné de l'avoir rouée de coups de canne.

Quelques dizaines de personnes, en majorité des femmes habillées de noir, ont défilé mardi du cimetière de Grenelle aux abords de Matignon, à l'appel du collectif "féminicide par compagnon ou ex". "On a déjà les solutions, alors pourquoi faire un Grenelle? C'est un effet d'annonce", a regretté en tête de manifestation Françoise Le Goff dont la mère est morte sous les coups en 1982.

La ligne téléphonique 3919, dédiée aux femmes victimes de violences

Derrière deux banderoles de tête de couleur noire, "+féminicides, #violences faites aux femmes" et "#familles de féminicides et #enfants de féminicides", les manifestants ont marché au son de la marche funèbre de Chopin, certains portant des photos de victimes de violences conjugales. En 2018, le ministère de l'Intérieur avait recensé 121 féminicides.

Cette journée d'ouverture du "Grenelle", le 3.9.19, sera aussi l'occasion de communiquer et mieux faire connaître la ligne téléphonique 3919, dédiée aux femmes victimes de violences.

Les conclusions de la concertation doivent être annoncées le 25 novembre, lors de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Un calendrier qui a suscité le scepticisme de certaines militantes. "Pourquoi organiser un Grenelle sur plusieurs mois alors que les solutions pour lutter contre les violences au sein du couple sont connues et reconnues de longue date ?", s'est interrogée Caroline De Haas, membre du collectif #NousToutes, qui appelle à "une volonté politique et des moyens hors du commun" pour enrayer ce fléau.

Le Grenelle "n'est pas une baguette magique", a reconnu Marlène Schiappa. "Les violences conjugales et les féminicides ne vont pas s'arrêter dès le lendemain", a observé la secrétaire d'État mardi. "C'est un travail de longue haleine".

1 Commentaire

Tout comme le mouvement " Pas de vagues" ( dénonçant les violences commises contre les enseignants dans l'Education Nationale ) ) ; ce Grenelle des violences conjugales " sera la montagne qui accouchera d'une souris. pour des raisons politiques ( hautement " explosives" ) ; le diagnostique et l'analyse de ces violences commises envers les femmes ; ne seront surtout pas faites et exprimés clairement ; je veux parler ici de l'identité ethnique des meurtriers ; que l'on devine en cherchant bien l'information sur ces faits .. lorsque des noms sont publiés ; Rien à attendre là encore .
Publié le 4 septembre 2019 à 12h48 par • Membre

Un commentaire

Laisser un commentaire

Société

“Énergie moins chère ensemble” : une offre énergétique négociée par l’UFC Que choisir

Jusqu’au 20 décembre 2025, il est possible de bénéficier de l’offre énergétique négociée par l’UFC que Choisir dans le cadre de la campagne "Énergie moins chère ensemble". Zoom sur ce dispositif avec Benjamin Capelli, juriste pour l’UFC Que choisir Doubs - Territoire de Belfort à Besançon.

L’avenir se dessine en Bourgogne-Franche-Comté !

PUBLI-INFO • Grâce  à la Carte Avantages jeunes, la Région Bourgogne-France-Comté propose à tous les jeunes de moins de 30 ans de bénéficier de 3200 avantages. Cette carte offre de nombreuses réductions et gratuités pour la culture, les loisirs et la vie quotidienne.

À Besançon, Chloé M. amène le Slam et libère la parole dans les résidences autonomie

VIDEO • À notre arrivée à la salle d’animations de la résidence des Lilas dans le quartier de Palente à Besançon, une dizaine de résidents étaient déjà installés pour l’atelier "Slam" proposé par Chloé M. depuis le mois de septembre 2025. Une animation engagée dans la continuité des actions du CCAS de Besançon. Nous avons assisté à un atelier…

Dermatose nodulaire à Pouilley-Français : trois bovins étaient infectés depuis trois semaines

A l'issue des opérations de dépeuplement qui se sont déroulées le 2 décembre 2025 dans une ferme à Pouiley-Français, les services de la préfecture du Doubs ont constaté la présence de nodules typiques de DNC sur quatre autres bovins. Explications.

Keolis Besançon Mobilités déploie le programme international ”Tournesol” pour les handicaps invisibles. C’est quoi ?

Keolis Besançon Mobilités, exploitant du réseau Ginko pour Grand Besançon Métropole, a annoncé le 3 décembre 2025 son adhésion au programme international Sunflower – Hidden Disabilities, connu en France sous le nom ”Le Tournesol”. Ce dispositif permet aux personnes vivant avec un handicap invisible de signaler discrètement un besoin d’assistance grâce à un symbole facilement reconnaissable. Une première en France.

Dermatose : “Stop au massacre !”, clament des éleveurs mobilisés contre l’abattage massif

Des centaines d'agriculteurs se sont mobilisés mercredi 3 décembre 2025 dans plusieurs départements contre l'abattage massif des troupeaux de bovins en cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), réclamant la fin du "massacre" au lendemain d'une euthanasie très contestée dans une ferme du Doubs.

120 ans de la loi dite de la Laïcité : la Ligue de l’enseignement du Doubs rappelle que cette valeur n’oppose personne…

À l'occasion du 120e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l'État, la Ligue de l'enseignement du Doubs publie un communiqué rappelant la portée essentielle de la laïcité dans la société française. L'association entent réaffirmer ce que représente la laïcité et pourquoi elle constitue l'un des fondements essentiels de la République.

À Besançon, Boban Stanojevic, non-voyant, place l’écoute tactile au cœur du massage

Portée par l’expérience et la sensibilité de Boban Stanojevic, praticien non-voyant, la structure BlindTouch développe une approche du massage centrée sur l’écoute tactile et l’adaptation à chaque personne. Comme il nous l’explique, l’initiative repose sur ”une approche du massage fondée sur l'écoute, la précision et l'adaptation à chaque corps”.

Dermatose nodulaire : les 83 vaches du cheptel de Pouilley-Français abattues. La préfecture du Doubs explique.

La secrétaire générale de la préfecture du Doubs, Nathalie Valleix, entourée de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations ainsi que de la Direction départementale des territoires, a réuni la presse mardi 2 octobre 2025 à 17 h. Cette prise de parole intervenait après une journée de mobilisation d’agriculteurs au Gaec de Pouilley-Français, où 83 vaches ont été abattues en raison d’un cas confirmé de dermatose nodulaire contagieuse.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 7.1
partiellement nuageux
le 08/12 à 21h00
Vent
1.16 m/s
Pression
1021 hPa
Humidité
94 %