Les Soulèvements de la terre veulent contester leur dissolution devant le Conseil d'Etat

Publié le 22/06/2023 - 10:40
Mis à jour le 22/06/2023 - 16:46

+ communiqué À gauche citoyens ! • Le gouvernement a dissous Les Soulèvements de la terre (SLT) mercredi 21 juin 2023 en Conseil des ministres, en reprochant au collectif d'"appeler" et de "participer" à des violences, une décision aussitôt contestée devant le Conseil d'Etat par le groupement écologiste. A Besançon, près de 100 manifestants se sont mobilisés pour soutenir le collectif en fin de journée.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

"On ne dissout pas un soulèvement", a réagi le collectif sur Twitter, saluant les marques de soutien. Des "actions ressurgiront partout, dissolution ou non", a-t-il ajouté. En soirée, environ un millier de personnes se sont rassemblées par solidarité à Nantes, non loin de Notre-Dame-de-Landes, où sont nés les Soulèvements de la terre. "On ne pourra pas arrêter notre colère", a affirmé Esther Cordier, étudiante en anthropologie de 19 ans.

A Paris ils étaient plusieurs centaines, en présence notamment de la députée Mathilde Panot (LFI). D'autres rassemblements ont réuni environ 200 personnes à Lille, Toulouse, Montpellier et Marseille ainsi qu'une centaine à Strasbourg.

Plus tard dans la soirée, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a indiqué à l'AFP avoir été pris à partie par une centaine de personnes, certaines portant des banderoles des SLT, mais aussi des "gens masqués de l'ultragauche", qui ont jeté sur lui des "projectiles" trouvés dans des poubelles, blessant légèrement une personne qui l'accompagnait.

En fin d'après-midi, les avocats du collectif, Mes Raphaël Kempf et Ainoha Pascual, avaient annoncé le dépôt prochain d'un recours auprès du Conseil d'Etat, pour contester la dissolution.

  • Les avocats contestent la base juridique de la mesure, les Soulèvements n'étant pas une entité déclarée mais un "mouvement protéiforme", selon eux, à l'image des mouvements féministe ou écologiste.

Greta Thunberg, présente à Paris en marge du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, leur a apporté son soutien. "C'est une question de droit de manifester et de défense de la vie", a-t-elle souligné.

"Le recours à la violence n'est pas légitime en Etat de droit et c'est bien cela qui est sanctionné", a pour sa part déclaré dans la matinée le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. "Sous couvert de défendre la préservation de l'environnement", ce mouvement "incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence", écrit le gouvernement dans son décret de dissolution.

Mais, "aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents" auxquels il "appelle et provoque" et "auxquels ses membres et sympathisants participent", ajoute le décret. Pour appuyer son argumentaire, le gouvernement liste une série d'actions menées par SLT qui ont entraîné des "destructions matérielles" et "des agressions physiques contre les forces de l'ordre".

Le gouvernement avait engagé la procédure de dissolution le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) dont il avait imputé la responsabilité au mouvement.La procédure, restée bloquée pendant plus de deux mois, a finalement abouti après une nouvelle manifestation soutenue par SLT ce weekend, contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, marquée par des échauffourées.

SLT, né en janvier 2021 dans l'ex-ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes, a d'ailleurs donné rendez-vous le 18 août à Sainte-Soline pour le départ d'un convoi en tracteurs et à vélo en direction de Paris.

"Dissolution politique"

En parallèle, une vague d'interpellations de militants écologistes a eu lieu mardi dans l'enquête sur l'action menée fin 2022 contre une cimenterie Lafarge de Provence et soutenue par SLT.

Seize personnes étaient en garde à vue mercredi, a dit à l'AFP une source proche du dossier, mais au moins l'une d'elles dans la région de Marseille, militant d'EELV, en est sortie, selon son avocat, Fabien Perez. Les arrestations avaient été effectuées en Loire-Atlantique, notamment à Notre-Dame-des-Landes, et dans la région marseillaise.

C’est "la première fois que la France utilise les moyens de l’anti-terrorisme contre des militants écologistes", a estimé auprès de l'AFP Basile Dutertre, un des porte-parole des SLT qui vit de longue date dans l'ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

La dissolution et les arrestations ont été dénoncées par une partie de la gauche. "J'y vois une vraie dérive et une perte de sang-froid", a déclaré le député écologiste Julien Bayou. "Le président de la République ne cesse de criminaliser les mouvements sociaux", "c'est dangereux", a-t-il dit.

"Vous resterez comme ceux qui n'ont finalement rien compris aux enjeux" du climat, a commenté sur Twitter la députée EELV Sandrine Rousseau en mentionnant Emmanuel Macron, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin.

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, avait lui regretté mardi que les activistes soient "réprimés comme des terroristes qu'ils ne sont pas".La Ligue des droits de l'homme (LDH) a elle dénoncé une "remise en cause des libertés d'association, de manifestation, d'expression, ainsi que des droits de la défense" et appelé à "rejoindre les rassemblements de soutien" à SLT.

Les Soulèvements revendiquent une base "extrêmement variée". Une soirée de soutien en avril avait attiré diverses personnalités politiques, artistiques et scientifiques.

À gauche citoyens ! condamne fermement "cette nouvelle atteinte aux libertés publiques"

Dans un communiqué du 22 juin, l'association "À gauche citoyens !" affirme son total désaccord avec cette décision : "La criminalisation du mouvement écologiste « Les Soulèvements de la Terre » et son interdiction par Macron/ Darmanin illustre une fois de plus la dérive autoritaire du pouvoir. Sous prétexte de « recours à la violence », que notre association par ailleurs désapprouve, il s’en prend à un mouvement dont le seul crime est de s’opposer à la destruction du bien commun."

Pour l'association bisontine, il s'agit d'une "Curieuse conception de la démocratie qui qualifie de terroristes celles et ceux qui alertent et combattent contre l’inaction climatique et les projets néfastes pour l’environnement ô combien plus dangereux pour la population. Le gouvernement d’Elisabeth Borne fait une nouvelle fois un faux pas d’autant qu’il se montre moins soucieux de l’ordre public face à la multiplication des agissements néofascistes. "

L’association "à gauche citoyens !" condamne fermement "cette nouvelle atteinte aux libertés publiques et plus particulièrement à la liberté d’association" ; elle appelle les citoyens à dénoncer la dissolution administrative des Soulèvements de la Terre. 

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Loi de finances 2026 : le sénateur Longeot plaide pour le retour du TGV Lyria Paris-Lausanne

Lors de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2026, le sénateur du Doubs Jean-François Longeot, président de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, a appelé le 15 décembre 2025 à un investissement massif dans les infrastructures de transport, notamment le réseau ferroviaire et plaide pour le retour du TGV Lyria Paris - Lausanne.

Élevage bovin : un collectif dénonce des décisions d’Annie Genevard

Un communiqué diffusé le 16 décembre 2025 par le Collectif du Champ à l’assiette, organisation militante pour la sécurité alimentaire du Pays de Montbéliard, met en cause la cohérence de l’action de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, à l’occasion du lancement des Conférences de l’autonomie alimentaire au début du mois.

Pirey : Le conseil municipal justifie son refus de participer aux frais de scolarité de l’école privée Cartannaz

Réuni le 10 décembre 2025, le conseil municipal de Pirey a décidé, à une large majorité, de ne plus participer aux frais de scolarité 2023-2024 des enfants inscrits à l’école privée F. Cartannaz a-t-on appris dans un communiqué de la mairie. 

Rétroviseurs et vitres cassés en cadeaux au Département du Doubs : une association alerte des dangers sur la D141

VIDÉO • L’association "À fond la transition" s’est mobilisée ce jeudi 11 décembre à 10h30 devant les locaux du conseil départemental du Doubs à Besançon pour lui offrir des cadeaux très particuliers : rétroviseurs, vitres de bus et de voitures brisées emballés… Ces morceaux proviennent de véhicules qui se sont aventurés sur la D141 au niveau du passage dit Sous les Roches Beure-Besançon.

Grand Besançon Métropole arrête son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal : que prévoit-il ?

Après 5 ans de travail, Grand Besançon Métropole (GBM) a présenté et arrêté son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) à l’issue de plusieurs années de diagnostic, de concertation et de travail avec les 68 communes du territoire. L’ensemble du dossier, désormais finalisé, doit entrer dans la phase d’enquête publique. Avant cela, il sera soumis au vote du conseil communautaire de GBM jeudi 11 décembre 2025.

Pierre Moscovici défend l’indépendance de la Cour des comptes pour sa dernière audition à l’Assemblée

Le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a vigoureusement défendu l'indépendance de celle-ci, "ni pouvoir ni contre-pouvoir", pour sa dernière audition mardi 9 décembre devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, consacrée au pacte Dutreil.

Saint-Vit : un collectif d’habitants prépare une liste citoyenne pour les municipales 2026

Un groupe de Saint-Vitoises et de Saint-Vitois annonce, dans un communiqué du 8 décembre 2025, la constitution d’une liste citoyenne baptisée “Saint-Vit ensemble” pour les élections municipales de 2026. Cette initiative, présentée comme locale et indépendante de tout parti, repose sur une organisation collégiale visant à “construire un projet réellement partagé et représentatif de la diversité de la commune”.

Budget de la Sécu : les députés votent sur le projet de loi ce mardi

C’est ce mardi 9 décembre 2025 que les députés doivent se prononcer sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Lundi, à la veille d'un scrutin qui s'annonce extrêmement serré, le patron du PS Olivier Faure a appelé ses députés à voter pour le projet de budget de la Sécurité sociale, menacé de rejet par les refus de LR et d'Horizons de le soutenir. De son côté, le gouvernement a multiplié les gestes pour tenter de convaincre, notamment les Ecologistes.

Dermatose nodulaire contagieuse : plusieurs élus du Doubs apportent leur “soutien total aux éleveurs de Pouilley-Français et à leur famille”

Plusieurs parlementaires du Doubs, la présidente du Département du Doubs et le président de l'association des maires ruraux du Doubs ont souhaité réagir ce mois de décembre 2025 au sujet au sujet des cas de dermatose nodulaire contagieuse de Pouilley-Français.

Dermatose nodulaire : à Besançon, Genevard appelle à un strict respect du protocole sanitaire

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) pourrait tuer 10% des bovins en France si le strict protocole sanitaire en vigueur n'était pas respecté, a mis en garde samedi 6 décembre 2025 la ministre de l'Agriculture, venue défendre à Besançon le récent abattage d'un troupeau de 83 vaches dans le Doubs.

Dermatose nodulaire : la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rendra ce samedi à Besançon

Pour rappel, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté dans le Doubs le 28 novembre 2025 dans une exploitation de Pouilley-Français. La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est attendue ce samedi 6 décembre 2025 à Besançon pour faire un point sur la situation sanitaire dans le département à la préfecture du Doubs.

Municipale 2026 à Besançon : le syndicat de la filière des musiques actuelles adresse ses questions aux candidats

Dans la perspective des prochaines élections municipales des 15  et 22 mars 2026, le syndicat de la filière des musiques actuelles (SMA) souhaite engager un dialogue avec les diverses formations politiques. C’est pourquoi, il adresse un questionnaire aux candidats à l’élection municipale de Besançon…

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 3.87
nuageux
le 17/12 à 09h00
Vent
1.05 m/s
Pression
1021 hPa
Humidité
92 %