Manger à l'ère du coronavirus: la sécurité alimentaire mondiale en question

Publié le 01/04/2020 - 16:10
Mis à jour le 01/04/2020 - 16:10

Perturbations des marchés des denrées agricoles, manque de bras dans les champs, protection déficiente des salariés de l’agroalimentaire face au coronavirus: dans un rare communiqué commun, les dirigeants des trois organisations multilatérales chargées de l’alimentation, de la santé, et du commerce, FAO, OMS et OMC, mettent en garde ce 1er avril 2020 contre un risque de crise alimentaire mondiale.

17 mars queue devant les commerces ©ALF ©
17 mars queue devant les commerces ©ALF ©

Si certains pays exportateurs de céréales de base étaient tentés de retenir leurs récoltes par crainte de manquer ou pour faire baisser les prix, d'autres, plus fragiles, à l'autre bout de la chaîne alimentaire mondialisée, risquent de traverser des pénuries graves, préviennent les trois organisations.

"Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l'exportation", provoquant elle-même "une pénurie sur le marché mondial", soulignent le Chinois Qu Dongyu, qui dirige l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur-général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Brésilien Roberto Azevedo, dirigeant de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Selon eux, il est "important" d'assurer les échanges commerciaux, "afin d'éviter des pénuries alimentaires" notamment dans les pays les plus pauvres.

Peut-être visée par cet avertissement, la Russie, premier exportateur mondial de blé, dont le ministre de l'Economie et celui de l'Agriculture ont défendu en début de semaine un projet de limiter les exportations russes de céréales à 7 millions de tonnes entre avril et juin, ont indiqué à l'AFP plusieurs cabinets de courtage sur le marché européen du blé.

Mercredi, dans l'attente de l'approbation par le gouvernement de cette proposition, la Russie a décidé de vendre un million de tonnes de blé issu de ses propres stocks de réserve sur son marché domestique pour limiter la hausse de ses prix intérieurs, rapportait le cabinet Agritel mercredi matin. De quoi faire redescendre la pression.

Pour les experts de la FAO, l'agence onusienne chargée de l'agriculture et de l'alimentation, les "restrictions à l'exportation" débouchent parfois sur des famines dans d'autres coins du globe.

"Emeutes de la faim" 

Après la crise financière de 2007, "quelques pays producteurs de riz comme l'Inde et le Vietnam ont placé des restrictions à l'exportation car ils s'inquiétaient de la hausse des prix, ce qui a en retour fait augmenter les prix mondiaux, et contribué à créer des émeutes de la faim dans certains pays en développement" rappelle Abby Abbassian, économiste principal de la FAO, interrogé par téléphone par l'AFP à Rome.

Les trois organisations internationales s'inquiètent d'autres facteurs menaçant la chaîne alimentaire mondiale.

Le "ralentissement de la circulation des travailleurs de l'industrie agricole et alimentaire" bloque de nombreuses agricultures occidentales. Avec la fermeture des frontières due au coronavirus, elles se découvrent toutes en même temps dépendantes de main d'oeuvre venue d'ailleurs: latino-américains aux Etats-Unis, Maghrébins pour récolter les fraises en Espagne, backpackers européens en Australie, travailleurs agricoles d'Europe de l'Est dans les champs d'asperges en Allemagne...

Autre maillon suscitant l'inquiétude, les "retards aux frontières pour les containers" de marchandises, qui entraînent un "gâchis de produits périssables et une hausse du gaspillage alimentaire". Au plus fort de la crise du coronavirus en Chine, des bateaux chargés de containers de lait en poudre venant d'Europe n'ont même pas pu être déchargés par manque de main d'oeuvre dans les ports, par exemple.

Par ailleurs, alors que des salariés de l'emblématique magasin bio américain Whole Foods, propriété d'Amazon, se mettent en grève pour leur santé face au coronavirus, les trois organisations internationales s'inquiètent aussi du besoin de "protection" du personnel de la production alimentaire ou de la distribution.

Leur souci est aussi bien de "minimiser la propagation du virus" dans ce secteur que de "maintenir les chaînes d'approvisionnement alimentaire". Par temps de pandémie, l'alimentation est devenue prioritaire pour des centaines de millions de personnes confinées dans le monde.

"Lorsqu'il est question de protéger la santé et le bien-être de leurs concitoyens, les pays doivent s'assurer que l'ensemble des mesures commerciales ne perturbe pas la chaîne de l'approvisionnement alimentaire", résument les chefs de la FAO, de l'OMS et de l'OMC. "C'est dans des périodes comme celles-ci que la coopération internationale est essentielle", soulignent-ils.

"Nous devons nous assurer que notre réponse face à la pandémie de Covid-19 ne crée pas, de manière involontaire, des pénuries injustifiées de produits essentiels et exacerbe la faim et la malnutrition", concluent-ils. "Nous ne sommes qu'au début de cette crise", juge l'économiste Abby Abassian, selon lequel il ne s'agit pas d'une crise de production, mais surtout d'une crise de transport et de logistique.

Selon lui, la situation en Inde va être déterminante pour la suite. "Les récoltes commencent dans quelques semaines, la fluidité des marchandises doit être assurée" dit-il.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

“La Tournerie et tabletterie du Massif du Jura” protégée par une indication géographique

Officiellement homologuée par l’Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI) le 28 novembre dernier, "la Tournerie et tabletterie du massif du Jura" devient la 25ème Indication géographique industrielle et artisanale. C’est l’aboutissement d’un projet initié il y a plusieurs années par le syndicat Creativewood et Fibois BFC, l’interprofession de la filière forêt-bois de Bourgogne-Franche-Comté. Aujourd’hui, un savoir-faire précieux et ancestral est désormais reconnu, et protégé.indic

Contre la solitude des ainés à Noël Les Petits frères des pauvres se mobilisent en Bourgogne-Franche-Comté

Une fois encore, à l’approche de Noël, Les Petits Frères des Pauvres de la région Bourgogne-Franche-Comté se mobilisent pour que les fêtes de fin d’année "ne riment pas avec isolement et solitude pour nos aînés". Plusieurs événements sont ainsi organisés dans la région les 24 et 25 décembre pour que Noël reste "une fête pour tous". 

Recette : un goûter gourmand de Noël avec Comfy

La saison de Noël est propice aux moments cocooning chez soi sous un plaid ou bien au chaud dans un salon de thé de Besançon. Nous avons donc poussé la porte de chez Comfy situé au 105 Grande rue pour y retrouver Jeanne Combal qui nous a livré quelques unes de ses recettes pour un goûter gourmand de Noël, à déguster seul ou à partager. 

Recette : un cocktail chaud de Noël proposé par le restaurant Épicéa de Besançon

Si vous en avez assez du traditionnel vin chaud, nous vous proposons aujourd'hui un coktail, chaud toujours, mais original et délicieux proposé par le restaurant Épicéa situé au 11 rue Claude Pouillet de Besançon. À déguster en apéritif de votre repas de réveillon, ou simplement entre amis ou en famille lors de cette période de fêtes de fin d'année. 

Retour en Franche-Comté pour le chef Matthias Marc qui quitte son restaurant parisien

Après sept années passées à la tête de son restaurant parisien Substance, l’ancien demi-finaliste de Top Chef, originaire du Doubs, a annoncé son départ de la capitale pour se consacrer à un futur projet professionnel qui verra le jour d’ici l’été 2026 sur la terre natale du chef étoilé. Et pourquoi pas à Besançon ? 

Sondage – Que pensez-vous de la gestion de la crise de la dermatose nodulaire contagieuse chez les bovins ?

Après l’abattage de cheptels entiers, notamment dans le Doubs et le Jura ces dernières semaines, la colère monte chez les agriculteurs. Dans le sud-ouest en particulier, ils se mobilisent en bloquant des axes routiers et ferroviaires afin de dénoncer la gestion gouvernementale de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Et vous, quel est votre avis sur la manière dont cette crise sanitaire est gérée ? C’est la question de notre sondage de la semaine.

BSK parmi l’élite francophone de Rocket League : c’est le moment de voter pour le club bisontin

BSK Esport a annoncé dans un communiqué du 15 décembre 2025 sa nomination dans la catégorie Meilleure Équipe Francophone de l’Année à l’occasion de l’édition 2025 des Baguette Awards, une cérémonie organisée par le média français Rocket Baguette. Les Baguette Awards visent à distinguer ”les acteurs, les performances et les moments marquants de la scène Rocket League*, française et internationale sur la saison 2025”.

Bourgogne-Franche-Comté : sept projets de l’ESS distingués en 2025

La Région Bourgogne-Franche-Comté a dévoilé, lundi 15 décembre 2025, les lauréats 2025 de son appel à projets Économie Sociale et Solidaire (ESS). Pour la 19e année consécutive, la collectivité a récompensé des initiatives associant utilité sociale, impact écologique et viabilité économique. Une dotation globale de 22 000 euros a été attribuée à sept projets.

Airbags Takata : contre-visite obligatoire dès le mois de janvier 2026 pour les véhicules non réparés

Tous les véhicules qui passeront au contrôle technique à partir du 1er janvier 2026 seront vérifiés afin de savoir s'ils sont dotés d'un airbag Takata classé "stop drive", qui implique de ne plus rouler, a indiqué le ministère des Transports, invitant les conducteurs à prendre les devants.

Dermatose : manifestation devant l’ancienne permanence parlementaire d’Annie Genevard à Pontarlier

Environ 70 agriculteurs ont manifesté samedi 13 décembre 2025 devant l'ancienne permanence parlementaire de la ministre de l'Agriculture Annie Genevard à Pontarlier, dans le Doubs, pour dénoncer l'abattage total de troupeaux touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), a constaté un journaliste de l'AFP.

Une équipe dijonnaise met au jour un nouveau mécanisme impliqué dans les troubles du neurodéveloppement

Une avancée scientifique majeure a été annoncée ce jeudi 11 décembre par l’Université Bourgogne Europe. Les chercheurs de l’équipe GAD (Genetics of rAre Diseases) du laboratoire CTM, Unité Mixte de Recherche 1231 associant l’Université Bourgogne Europe et l’INSERM, ont identifié un mécanisme inédit impliqué dans certaines formes de troubles du neurodéveloppement. Ces travaux sont menés sous la direction du Professeur Antonio Vitobello, spécialiste en génétique médicale.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 8.41
nuageux
le 21/12 à 12h00
Vent
1.41 m/s
Pression
1008 hPa
Humidité
94 %