Prisons : les syndicats claquent la porte des négociations, le conflit s'enlise

Publié le 24/01/2018 - 08:42
Mis à jour le 16/04/2019 - 10:55

Neuf jours après le début d’une mobilisation d’une ampleur rare des gardiens de prison, le conflit s’enlise : leurs syndicats ont quitté ce mardi 23 janvier 2018 la table des négociations, rejetant les propositions du gouvernement, y compris sur leurs primes. Sept agents de la gendarmerie et huit policiers étaient présents ce mardi à la maison d’arrêt de Besançon afin « d’assurer la sécurité » suite au manque de personnel. 

 ©
©

Les trois syndicats, Ufap-Unsa (majoritaire), FO et CGT-Pénitentiaire, ont appelé à poursuivre le mouvement de blocage des établissements pénitentiaires. "Ma porte est toujours ouverte", a assuré sur LCI en fin de journée la ministre de la Justice Nicole Belloubet, rappelant que "la situation de l'administration pénitentiaire et des prisons ne date pas d'il y a six mois (mais) de plusieurs décennies".

Cette crise des prisons est l'une des plus importantes depuis 25 ans, et un défi pour le gouvernement : après les critiques des Républicains, reprochant à la garde des Sceaux de "ne pas prendre la mesure" de la "détresse" des surveillants, c'est de la gauche que sont venues les banderilles.

Emmanuel Macron "s'est pris les pieds dans le tapis", a estimé Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise à l'Assemblée nationale, tandis que le député PS Luc Carvounas a qualifié Nicole Belloubet de "ministre techno" empreinte de "désinvolture". Peu avant ces négociations avortées, le Premier ministre Edouard Philippe avait assuré devant les députés que le gouvernement était prêt à examiner des "mesures indemnitaires spécifiques et ciblées" en faveur du personnel pénitentiaire.

"On repart déçus et frustrés parce que sur toute notre plateforme, on n'a pas eu le dixième des réponses que l'on attendait", a déclaré le secrétaire général du syndicat Ufap-Unsa (majoritaire) Jean-François Forget, au lendemain d'une rencontre déjà infructueuse. La prime proposée par la Chancellerie pour les agents affectés aux prisons sensibles a été qualifiée de "prime à l'agression" par les syndicats.

Une "prime d'attractivité et de fidélisation", des jours fériés et des dimanches mieux rémunérés ont également été mis sur la table pour une enveloppe globale de 30 millions d'euros. "La vie d'un surveillant ne vaut pas cher !", a tonné la CGT-Pénitentiaire, qui demande la nomination d'un médiateur pour remplacer une "ministre disqualifiée". "Je ne suis pas absolument certaine qu'un médiateur s'impose à ce stade", a répondu Nicolas Belloubet, "décidée à gérer ce dossier".

Elle a par ailleurs qualifié d'"effort tout à fait considérable" la création de 1.100 postes sur quatre ans, un chiffre insuffisant selon les syndicats.

"Difficulté du métier"

"Le mouvement est plus dur qu'hier" (lundi), a reconnu la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP). Au total, 122 établissements sur 188 se sont mobilisés. Le fonctionnement de 45 d'entre eux a été affecté, obligeant les forces de l'ordre à suppléer les surveillants.

Jean-François Forget, pour l'Ufap-Unsa, a même assuré sur BFMTV que les surveillants comptaient "bloquer" le transfert de Jawad Bendaoud de la prison de Fresnes pour son procès très attendu mercredi après-midi à Paris, pour avoir logé des jihadistes du 13 novembre 2015 à Saint-Denis. Une décision "absolument pas acceptable", selon Nicole Belloubet.

Du côté des détenus, le mouvement des gardiens provoque un "ras-le-bol", a indiqué l'administration. Certains ont refusé de remonter dans leurs cellules, notamment à Valence, Villefranche-sur-Saône, Metz, Laval et Varennes-le-Grand, obligeant le recours des équipes régionales d'intervention et de sécurité (Eris).

Depuis dimanche, une cellule spéciale a été mise en place pour évaluer la situation dans les prisons. Mardi matin, huit escadrons de gendarmes mobiles (640 hommes) ont été mobilisés pour remplacer certains surveillants ou encadrer les manifestations.

Les mobilisations ont touché toute la France, de la région parisienne (Poissy, Bois d'Arcy, Nanterre, Versailles) au Sud-Est (Marseille, Tarascon, Grasse, Béziers) en passant par l'Ouest (Nantes, Rennes, Le Havre, Rouen, Brest...), le Centre (Saint-Maur, Châteauroux, Bourges et Saran) et le Sud-Ouest (Gradignan et Bayonne), selon des sources syndicales et les correspondants de l'AFP.

Les 28.000 gardiens de prison jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée alors que les prisons souffrent d'une surpopulation chronique.

Après l'échec de premières négociations samedi, la ministre s'est personnellement investie pour éteindre cette mobilisation, déclenchée par l'agression de surveillants dans la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) le 11 janvier et attisée, depuis, par une série d'autres incidents violents. Deux surveillants ont été violemment mordus par un détenu et conduits à l'hôpital, mardi matin au centre pénitentiaire de Beauvais.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Besançon : L214 interpelle les députés via les citoyens pour dénoncer l’élevage intensif

Suite à la publication de leur enquête publiée le mercredi 12 novembre 2025 dévoilant l'omniprésence de l'élevage intensif dans toutes les régions de France, l'antenne locale bisontine de l'association L214 a organisé ce samedi 15 novembre à Besançon une action de 10h30 à 13h, place du 8 septembre. 

Illuminations, marchés de Noël, sapins… Besançon se prépare aux fêtes de fin d’année

À l’approche des fêtes de fin d’année, Besançon revêt progressivement sa parure de Noël. Comme chaque année, l’installation des grands sapins de Noël marque le lancement des préparatifs. Deux arbres majestueux ont ainsi été mis sur la  place Granvelle et la place du 8 Septembre.

À Besançon, RCF met l’accent sur la semaine “radio don” pour pallier des difficultés financières

VIDEO • Comme chaque année, RCF Besançon lance une semaine appelée "radio don" incitant ses auditeurs à devenir donateurs et à lui donner un coup de pouce pour perdurer. Ce mois de novembre 2025, cette opération a une connotation particulière, car elle met l’accent sur des difficultés financières de la radio liées à une hausse du prix de l’électricité, du changement progressif de la FM en DAB+ (digital audio broadcasting, ou en français radiodiffusion numérique) mais surtout face aux possibles conséquences du projet de loi de finances 2026…

Hommage aux victimes des attentats de Paris à Besançon : ”Nous devons célébrer la vie !”

VIDÉO • Dix ans jour pour jour après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, un hommage a été rendu ce jeudi matin au cimetière du Champ Brulley à Besançon, devant le cavurne d’Ariane Thieller, tuée par les balles des terroristes islamistes au Bataclan.

À la découverte des métiers de l’industrie le 18 novembre à Dole

Dans le cadre de la Semaine de l’industrie, France Travail Dole et ses partenaires organisent, le mardi 18 novembre 2025, une journée dédiée à la découverte des métiers de l’industrie. Accessible à tous, cette initiative vise à faire découvrir, informer et orienter les jeunes, les demandeurs d’emploi et les professionnels en reconversion vers des secteurs dynamiques et prometteurs.

“Il est vital que les jeunes continuent à vivre” : le témoignage de Viviane, maman d’une victime de l’attaque du Bataclan en 2015

13 NOVEMBRE 2015 - 10 ANS • Plus que les cérémonies de commémoration, Vivianne Theiller, maman d’Ariane, décédée lors de l’assaut du Bataclan le 13 novembre 2015, souhaite transmettre un message fort. Celui de "continuer à vivre, d'aller voir des concerts, s’asseoir dans les bars, rire avec des amis", sinon "les terroristes auront gagné", nous confie-t-elle avec force ce mois de novembre 2025. Pour rappel, une cérémonie est organisée à 11 heures au cimetière des Champs Bruley à Besançon où se trouve la sépulture d'Ariane. Un concert symbolique se tiendra ce jeudi soir à la Rodia avec le groupe de rock américain Frankie and the Witch Fingers et le duo anglo-bisontin Dead Chic.

Le préfet renforce la réglementation sur les armes blanches en Haute-Saône

Certaines armes blanches, présentant une dangerosité particulière, relèvent dorénavant de la catégorie A1. Il s’agit des couteaux dits « zombie » et des coups de poing américains à 4 trous postérieurs à 1900. Les détenteurs, commerces non autorisés et particuliers, ont jusqu’au 7 décembre 2025 pour les remettre à un service de police ou à une unité de gendarmerie.

Attentats du 13 novembre : des hommages au cimetière des Champs Bruley et à La Rodia à Besançon

Jeudi 13 novembre 2025 marquera le dixième anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, survenus à Paris et à Saint-Denis. Ces attaques, qui avaient visé la salle de concert du Bataclan, plusieurs terrasses de cafés et le Stade de France, avaient causé la mort de 132 personnes et fait 493 blessé(e)s.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 8.08
pluie modérée
le 16/11 à 12h00
Vent
2.08 m/s
Pression
1007 hPa
Humidité
96 %