La réforme sensible de la justice pénale des mineurs entre en vigueur jeudi

Publié le 30/09/2021 - 09:29
Mis à jour le 30/09/2021 - 10:27

Un « big bang »: la réforme de la justice pénale des mineurs entre en vigueur jeudi et suscite déjà l’inquiétude de juridictions débordées qui devront désormais juger en deux temps et en un an maximum.

 © Hélène Loget
© Hélène Loget

Pour la juridiction, s’ouvre « une longue période d’au moins un an où on va mener de front les deux procédures », celles initiées sous le régime de l’ordonnance de 1945 et celles relevant du nouveau code.

Avec le code de la justice pénale des mineurs (CJPM) disparaît l'ordonnance du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante, devenue illisible à force de modifications, 39 depuis la Libération.

Évoquée depuis dix ans sans avoir pu être menée à son terme, la délicate réécriture de ce texte fondateur a été engagée par l'ex-garde des Sceaux Nicole Belloubet par voie d'ordonnance, et ratifiée en février par le Parlement.

Comme sa prédécesseure, le ministre Éric Dupond-Moretti vante une réforme "historique" et "révolutionnaire", qui vise à corriger un système à bout de souffle: des délais de jugement trop longs (18 mois en moyenne), avec pour conséquence que 45% des affaires sont jugées après que le mineur a atteint ses 18 ans.

Pour plus de "rapidité" et d'"efficacité", la réforme prévoit un jugement en deux temps, avec une première audience sur la culpabilité dans les trois mois maximum et une audience sur la sanction six à neuf mois plus tard, après une période de "mise à l'épreuve éducative".

"Coup de collier"

"C'est un big bang procédural, qui implique de modifier nos pratiques professionnelles, notre façon d'intervenir auprès des mineurs", observe Pascale Bruston, présidente du tribunal pour enfants (TPE) de Paris.

Avec une difficulté: Paris fait partie avec Bobigny, Lille, Lyon ou Marseille des grandes juridictions qui n'ont pas réussi à juger une grande partie de leurs stocks avant l'entrée en vigueur de la réforme.

Celle-ci, initialement prévue le 31 mars après un premier report lié à la crise sanitaire, avait été repoussée de six mois pour permettre aux tribunaux pour enfants de sortir la tête de l'eau.

Même "si un gros travail a été fait" et malgré un renfort ponctuel de magistrats, il restait à Paris 1.200 procédures en cours au 30 juin contre 2.800 un an plus tôt, indique Mme Bruston.

"Délais intenables"

Pour accompagner la réforme, le ministère a renforcé les juridictions en créant 72 postes de magistrats et 100 de greffiers, auxquels s'ajoutent des recrutements d'éducateurs à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Des moyens "insuffisants pour répondre à la misère actuelle des tribunaux pour enfants", tacle Cécile Mamelin, de l'Union syndicale des magistrats (majoritaire), favorable sur le principe à une réforme.

La question des moyens sera au coeur des rassemblements organisés jeudi devant les tribunaux à l'appel d'un collectif regroupant les syndicats de la PJJ, le Syndicat de la magistrature ou le Syndicat des avocats de France, vent debout contre une réforme jugée répressive.

Au-delà, des professionnels s'interrogent sur la capacité des juridictions à juger dans les temps impartis, sans dévier de l'esprit d'une réforme qui pose comme principe le temps donné au travail éducatif.

"C'est joli comme ça sur le papier, mais les délais sont intenables", s'alarme Sonia Ollivier, du SNPES-PJJ-FSU, premier syndicat d'éducateurs spécialisés.

"La crainte, c'est que l'on ait tellement de mal à tenir les délais que l'on se retrouve à +faire de la gestion+, multiplier les audiences uniques, moins individualiser le suivi afin de gagner du temps d'audience", redoute Pascale Bruston.

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

L’anesthésiste Péchier, “un criminel qui a utilisé la médecine pour tuer”, dit l’accusation

"Ce n'est pas un médecin que vous jugez, mais un criminel qui a utilisé la médecine pour tuer", a asséné jeudi 11 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs l'avocate générale Thérèse Brunisso, au début de ses réquisitions contre l'anesthésiste Frédéric Péchier.

Procès Péchier : les parties civiles fustigent le “crime du lâche”

Il a agi en "lâche" pour "transformer un lieu de soin en lieu de mort": les avocats des 30 victimes imputées à l'anesthésiste Frédéric Péchier et de leurs proches se sont dits convaincus mercredi 10 décembre 2025 de sa culpabilité, et ont souhaité qu'il soit "hanté" par leurs visages pendant de longues années en prison.

Procès Péchier à Besançon : “Pas de hasard ici, il n’y a que des rendez-vous avec la mort”

VIDEO • Ce mardi 9 décembre 2025, plusieurs avocats des parties civiles ont poursuivi leurs plaidoiries devant la cour d’assises de Besançon. Si certains tentent encore de comprendre ce qui s’est passé, d’autres, plus incisifs, accusent et rappellent les faits, dont les éléments "convergent tous" vers Frédéric Péchier.

Procès Péchier : le “traumatisme” de ses collègues, “victimes indirectes” des empoisonnements

Les médecins étaient "la cible", les patients "le moyen" : les avocats des collègues de Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois à Besançon pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, ont évoqué mardi 9 décembre 2025 le "traumatisme" vécu par ces anesthésistes "rongés par la culpabilité".

Au procès Péchier, des plaidoiries pour “mettre des mots” sur la douleur des victimes

Son crime était "tellement énorme": les avocats des 30 personnes que l'anesthésiste Frédéric Péchier est accusé d'avoir empoisonnées au bloc opératoire, et de leurs proches, ont commencé à plaider lundi 8 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs, pour "mettre des mots" sur la douleur des victimes.

Procès Péchier : organisation de la fin du procès et modalités d’accès à la Cour d’assises pour le public

Le procès de Frédéric Péchier par la Cour d’assises du Doubs arrive à son terme. On fait le point sur l’organisation et les modalités d’accès à la Cour pour les deux dernières semaines de procès à Besançon, du 8 au 19 décembre 2025. 

Interrogé sur sa personnalité, Frédéric Péchier se dévoile enfin…

"On a dépiauté toute ma vie": souvent décrié par les parties civiles pour son manque apparent d'émotion, l'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements (dont 12 mortels) au bloc opératoire, s'est livré de manière inédite vendredi 5 décembre 2025 devant la cour d'assises, en évoquant notamment sa famille.

Au Procès Péchier, des avis psy divergents sur le profil de l’accusé

L'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois à Besançon pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, a-t-il le profil habituel d'un tueur en série? "Oui", a estimé une "profileuse" de la police devant la cour d'assises du Doubs, "non", a répondu à l'inverse un expert psychiatre jeudi 4 décembre 2025.

Procès Péchier : un psychologue dit n’avoir rien perçu d’alarmant chez l’accusé

L'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour l'empoisonnement de 30 patients, dont 12 sont morts, "ne m'est pas apparu, pas une seule seconde, comme narcissique, manipulateur ou pervers", s'est étonné mercredi 3 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs un psychologue qui l'a reçu en consultation pour "épuisement professionnel". 

Frédéric Péchier, un anesthésiste “extrêmement brillant” à “l’ego démesuré” selon d’anciens collègues

Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, est un anesthésiste "extrêmement brillant" mais à "l'ego démesuré", ont témoigné mardi 2 décembre 2025 des praticiens qui l'ont cotoyé.

Procès Péchier : “J’en ai marre bon sang, dis-moi la vérité !”

Le frère de l'anesthésiste Frédéric Péchier, accusé de 30 empoisonnements, dont 12 mortels, a confié lundi 1er décembre 2025 devant la cour avoir été "chamboulé" par plus de deux mois de procès, qui ont révélé "la réalité des empoisonnements", dont l'accusé réfute être l'auteur.

Procès Péchier : “Jamais on n’a pu douter de son innocence”, assure sa mère

"Jamais, jamais on n'a pu douter de son innocence": Marie-José Péchier, la mère de l'ex-anesthésiste jugé depuis septembre par la cour d'assises du Doubs pour 30 empoisonnements, s'est employée lundi 1er décembre 2025 à défendre son fils.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 6.41
couvert
le 11/12 à 21h00
Vent
0.98 m/s
Pression
1022 hPa
Humidité
93 %