La Convention citoyenne pour le climat avait réclamé de renoncer aux vols intérieurs en cas d’alternatives de moins de 4 heures en train, et non 2 h30. Après un débat animé et des divergences jusque dans la majorité, l’Assemblée nationale a voté, dans la soirée du samedi 10 avril 2021, en première lecture la suppression de certaines lignes aériennes intérieures, en cas d’alternatives en train de moins de 2 h 30. Cette mesure emblématique du projet de loi climat vise à supprimer des liaisons entre Paris (Orly) et Nantes, Lyon ou Bordeaux, mais prévoit des exceptions pour les trajets en correspondance.
Le projet de loi gouvernemental entérine surtout l’existant, puisque le gouvernement avait contraint Air France à renoncer aux liaisons concernées en contrepartie d’un soutien financier en mai 2020. Il interdira aux concurrents de s’engouffrer dans la brèche. « Nous avons choisi (le seuil en train de) 2 h 30, car 4 heures ça vient assécher des territoires souvent enclavés comme le grand Massif central… Ce serait inique sur le plan de l’équité des territoires« , a argumenté le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
L'association de défense des consommateurs estime que placer la limite à 2 heures 30 va aboutir à la suppression de seulement cinq lignes, Paris-Bordeaux, Paris-Lyon, Paris-Nantes, Paris-Rennes et Lyon-Marseille, représentant au total 12 % du trafic intérieur en France.
Mais les réductions d'émissions de CO2 ne représenteraient que 3,5 % du transport aérien métropolitain, souligne l'UFC-Que choisir. La différence s'explique par des exemptions prévues pour les vols en correspondance dans le projet de loi "Climat et résilience", en cours d'examen au Parlement.
Cette mesure constitue un "chemin direct vers une mesure inopérante", dénonce l'organisme, qui préconise d'exempter "non les lignes mais les voyageurs, lorsqu'ils peuvent apporter la preuve qu'ils sont en correspondance".
"Cela amènerait les compagnies à réduire en proportion leur nombre de vols, et à préserver la portée de la mesure sans sacrifier l'accès aux vols longs courrier depuis tout le territoire", argumente l'UFC.
Plus largement, l'association demande aux parlementaires de revenir aux propositions de la Convention citoyenne sur le climat qui fixaient le seuil à 4 heures. Dix-huit lignes aériennes seraient concernées, dont Paris-Marseille, aboutissant à une baisse des émissions de carbone de l'aérien de 12,5 %.
L'UFC assure que le train pourrait absorber le report du trafic aérien dans ce scénario, tout en concédant que "des déficits d'offre pourraient apparaître aux heures de pointe ou les jours de forte affluence", et que certaines liaisons prendraient plus de temps.
Pour les clients, même si le train est en moyenne moins cher que l'avion sur ces trajets, l'UFC s'inquiète d'un "risque de monopole SNCF" qui pourrait être atténué par l'ouverture à la concurrence, et souligne la nécessité pour le rail de proposer des prestations "à la hauteur" des attentes des usagers, "en termes d'offre, de fiabilité et de confort".
(AFP)