Assurance chômage : le gouvernement dévoile une vaste réforme déjà critiquée

Publié le 18/06/2019 - 11:46
Mis à jour le 18/06/2019 - 11:46

Le gouvernement présente ce mardi 18 juin 2019 une vaste réforme de l’assurance chômage touchant à la fois à l’indemnisation, à l’accompagnement des chômeurs, ainsi qu’au portefeuille des entreprises abusant des contrats courts via le bonus-malus, une réforme déjà critiquée de toute part.

 © Damien Poirier
© Damien Poirier

Après l'échec des négociations entre patronat et syndicats cet hiver, l'Etat, pour la première fois depuis 1982, redéfinit seul les règles qui régissent l'indemnisation des demandeurs d'emploi. Les derniers changements étaient entrés en vigueur à l'automne 2017.

Objectifs affichés de cette nouvelle réforme : inciter au retour à l'emploi -- et donc retoucher certaines règles d'indemnisation considérées comme un frein -- mais aussi désendetter l'Unédic plombé par 35 milliards d'euros de dette.

"Notre objectif c'est de faire en sorte que le travail paie plus que l'inactivité"

Et en arrière-plan, réussir à atteindre les 7% de chômage d'ici 2022, voire "le plein emploi" pour 2025 évoqué par Emmanuel Macron. Depuis le début, les syndicats protestent contre les 1 à 1,3 milliard d'économies à faire par an, dénonçant un impératif uniquement budgétaire.

"Notre objectif, c'est pas de faire des économies (...), notre objectif c'est de faire en sorte que le travail paie plus que l'inactivité", s'est défendu le Premier ministre Edouard Philippe lundi soir sur France 5. Matignon a déjà prévenu que l'indemnisation pour les hauts revenus (actuellement plafonnée à 7.700 euros brut) allait être retouchée pour se mettre dans des standards européens.

"De toute façon, personne ne sera content"

Une proposition de dégressivité qui fait hurler la CFE-CGC, les cadres cotisant davantage, en proportion, au régime d'assurance chômage. Les seniors, comme les jeunes mal lotis sur le marché du travail, ne seront pas concernés.

"De toute façon, personne ne sera content : le Medef va râler contre le bonus-malus et les syndicats sur le volet indemnisation", pronostiquait lundi Denis Gravouil (CGT).

Tenus à l'écart des arbitrages, les partenaires sociaux seront reçus à Matignon mardi matin pour une présentation de la réforme, avant l'officialisation par Edouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud. "On est mis devant le fait accompli", déplore Michel Beaugas (FO).

Autre sujet controversé: le bonus-malus, c'est-à-dire la modulation de la cotisation assurance chômage d'une entreprise en fonction des ruptures de contrats, pour essayer de juguler l'explosion des contrats courts.

L'idée était inscrite dans le programme du candidat Macron mais a eu du mal à cheminer depuis deux ans, signe de divergences au sein de l'exécutif. Au final, le bonus-malus ne s'appliquera qu'à certains secteurs d'activité, entre 5 et 10, les plus consommateurs de contrats courts, comme l'hôtellerie-restauration, l'hébergement médico-social, la santé et l'action sociale...

Le Medef, vent debout depuis des années à l'idée d'une pénalité financière, a quand même vu dans la limitation à quelques secteurs une "bonne nouvelle dans la mauvaise". Les "CDD d'usage", des contrats très flexibles qui se sont développés de manière anarchique, vont eux aussi faire l'objet d'une taxation forfaitaire.

"Moyens nouveaux"

Sur l'indemnisation, les mesures ont moins filtré. Parmi les pistes, celle d'un durcissement de l'accès à l'assurance chômage en faisant passer de quatre mois travaillés sur les 28 derniers à 6 mois sur 24, a fait bondir les syndicats. "Une mesure purement budgétaire, en contradiction avec le discours du gouvernement soi-disant d'incitation de retour à l'emploi", a averti Marylise Léon (CFDT).

Depuis le début, l'idée est aussi de changer les règles de la "permittence", celles qui permettent de cumuler un petit salaire avec un bout d'allocation. Sur 3,6 millions de demandeurs d'emplois indemnisables, 1,7 million travaillent et parmi eux 800.000 cumulent allocation et salaire.

"Changer les comportements"

Au nom de l'équité et avec la conviction de "changer les comportements", l'exécutif veut revoir la méthode de calcul pour éviter les cas où l'allocation est supérieure au revenu mensuel moyen. A priori, ces mesures ne s'appliqueront qu'aux nouveaux entrants à partir de début 2020. Les mesures sur les démissionnaires et les indépendants, issues de la loi Avenir professionnel, entreront en vigueur plus tôt.

Les partenaires sociaux pourraient accueillir plus favorablement des mesures d'ampleur pour renforcer l'accompagnement des chômeurs à Pôle emploi, critiqué pour son insuffisance (délais trop longs pour obtenir un rendez-vous ou une entrée en formation, conseillers aux portefeuilles surchargés, etc). Après deux années de réduction d'effectifs chez l'opérateur public, le Premier ministre a promis des "moyens nouveaux".

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

5.000 commandes à trouver pour sauver L’Atelier Textile Jurassien

Lancée en 2020 suite à un important besoin de fabrication locale de masques pour lutter contre le Covid-19, L’Atelier textile Jurassien s’est réinventée depuis, mais se trouve désormais en difficulté financière. Il se donne jusqu’à la fin du mois de septembre 2025 pour trouver 5.000 commandes. Il lance un appel…

Crédit Agricole Franche-Comté : une progression de 17 points dans son évaluation ESG

Le Crédit Agricole Franche-Comté annonce dans un communiqué du 11 septembre 2025 une progression de sa performance en matière de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), à la suite de sa récente évaluation ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance) réalisée par l’agence indépendante EthiFinance.

Un salarié malade pendant ses congés a désormais le droit de les reporter

Un salarié qui tombe malade pendant ses vacances a "le droit de voir son congé payé reporté": pour aligner le droit français sur les règles européennes, la Cour de cassation a acté ce principe mercredi 10 septembre 2025, deux ans après avoir déjà imposé l'acquisition de congés durant les arrêts maladie.

Christophe Grudler à Berne pour un partenariat visant à améliorer “la vie des citoyens des deux côtés de la frontière”

Christophe Grudler (Mouvement Démocrate / Renew Europe), rapporteur du Parlement européen sur les relations avec la Suisse, sera en mission officielle à Berne (Suisse) les 11 et 12 septembre 2025, dans le cadre d’une délégation de la Commission des affaires étrangères (AFET) du Parlement européen.

Agriculture en Bourgogne-Franche-Comté : la force du collectif pour répondre aux enjeux de demain

La conférence agricole régionale s’est tenue mardi 9 septembre 2025 à Besançon. Réunis au sein du palais des congrès de Micropolis, les acteurs du monde agricole ont effectué un tour d’horizon de la santé économique de la production agricole de Bourgogne-Franche-Comté pour l’année 2024. 

Argent de poche : les ados français touchent en moyenne 26 € par mois, un chiffre en baisse

Le Teenage Lb de Pixpay a publié mardi 2 eptembre 2025 la 6e édition de son baromètre annuel "Les ados et l'argent de poche". Réalisée par l'institut de sondage Discurv en juillet dernier auprès de 1.000 personnes, l'étude met en lumière des évolutions notablmes dans la gestion de l'argent par les jeunes et leurs familles.

Plus de 150 entreprises attendues au salon Cap vers l’emploi le 18 septembre à Besançon

Le salon Cap vers l’emploi se tiendra jeudi 18 septembre 2025 à Micropolis, Besançon. L’événement vise à mettre en relation des personnes en recherche d’un emploi et des entreprises qui recrutent sur le territoire grand bisontin.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 11.55
couvert
le 12/09 à 21h00
Vent
1.41 m/s
Pression
1021 hPa
Humidité
89 %