Le courrier d'Anne Vignot envoyé au préfet du Doubs a été validé par "tous les presidents de groupe de la majorité municipale avant envoi", nous précise le cabinet de la maire : Abdel Ghezali (PS), Kevin Bertagnioli (Génération.s), Pascale Billerey (À Gauche citoyen !), Anthony Poulin (EELV) et Hasni Alem (PCF).
Si Ludovic Fagaut (LR), Laurent Croizier (Modem), Nicolas Bodin (PS) ou encore Jacques Ricciardetti (RN), ont manifesté leur fort désaccord, pour des raisons propres à chacun, avec cette action de la municipalité par voie de communiqué, Séverine Véziès (LFI), a appelé Anne Vignot à ”ne pas céder à cette injonction inacceptable” en précisant que ”le drapeau palestinien flotte aux côtés du drapeau ukrainien, (…) peuple agressé par Poutine.” À la lecture de son courrier adressé à Rémi Bastille, Anne Vignot ne semble pas vouloir baisser les bras...
”Un geste de solidarité avec un peuple assiégé”
Dans sa lettre, Anne Vignot affirme que le drapeau palestinien, hissé aux côtés des drapeaux français, européen et ukrainien, l’a été ”en signe de solidarité avec le peuple palestinien”. Elle décrit la situation humanitaire comme dramatique : ”Aujourd'hui, en Palestine, plus d'un million de personnes, dont des femmes et des enfants, sont assiégées, déplacées, piégées dans des zones où l'accès à la nourriture, à l'eau, aux soins, est insuffisant et insécurisé, et même parfois inexistant.”
”Une atteinte grave au droit international”
La maire souligne les manquements juridiques signalés par les juridictions internationales : ”L'État d'Israël a enfreint, selon la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale, pas moins d'une trentaine de principes du droit international.” Elle évoque une situation où ”les traités internationaux et le droit international humanitaire sont gravement bafoués”.
Une continuité des engagements municipaux
Anne Vignot rappelle que ce geste s’inscrit dans la ligne des actions menées par la ville en faveur des droits humains : ”En Conseil municipal, nous avons adopté de nombreux vœux relatifs à la situation au Proche-Orient, appelant à la paix.” Elle cite également des initiatives similaires : le drapeau ukrainien lors de l’invasion russe, un rassemblement contre l’antisémitisme après le 7 octobre, et une banderole en soutien aux femmes iraniennes.
Des jumelages dans les deux camps
La maire insiste sur la position équilibrée de la ville, qui entretient des liens avec les deux parties concernées : ”La Ville de Besançon est jumelée avec le camp de réfugiés d'Aqabat Jaber en Palestine, et avec la ville d'Hadera, en Israël. Ces deux jumelages témoignent de la proximité de Besançon avec cette région du monde.”
”A la lumière de ces éléments, accepteriez-vous de reconsidérer votre position ?”, interroge Anne Vignot.
Courrier en intégralité :
"Monsieur le Préfet,
Je fais suite à votre demande relative au retrait du drapeau palestinien.
Aujourd'hui, en Palestine, plus d'un million de personnes, dont des femmes et des enfants sont assiégées, déplacées, piégées dans des zones où l'accès à la nourriture, a l'eau, aux soins, est insuffisant et insécurisé, et même parfois inexistant.
Les traités internationaux et le droit international humanitaire sont gravement bafoués. En effet, l'État d'Israël a enfreint, selon la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale, pas moins d'une trentaine de principes du droit international.
Face à cette situation dramatique, et en signe de solidarité avec le peuple palestinien, nous avons choisi de hisser un drapeau palestinien sur l'esplanade des Droits de l'Homme, aux côtés des drapeaux ukrainien, français et européen.
Ce geste s'inscrit dans la continuité des engagements que nous avons pris par le passé pour défendre les droits humains et condamner les injustices. En Conseil municipal, nous avons adopté de nombreux vœux relatifs à la situation au Proche-Orient, appelant à la paix.
Nous avons agi de la même manière en soutien au peuple ukrainien, en déployant le drapeau de l'Ukraine lors de l'agression russe. De même, nous avons organisé, après le 7 octobre, un rassemblement contre l'antisémitisme, aux côtés de la LICRA. Nous appelons, dans nos communiqués de presse et vœux votés en Conseil municipal, à la libération de tous les otages. Nous avons affiché notre solidarité avec les femmes iraniennes en déployant une banderole en soutien à leur combat pour la liberté.
La Ville de Besançon est jumelée avec le camp de réfugiés d'Aqabat Jabr en Palestine, et avec la ville d'Hadera, en Israël. Ces deux jumelages témoignent de la proximité de Besançon avec cette région du monde.
Enfin, je me permets de rappeler les propos récents du Président de la République. Le 30 mai dernier, il affirmait que la reconnaissance d'un État palestinien n'est « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique », insistant sur la nécessité d'apporter une réponse à la hauteur de la situation humanitaire dramatique que traverse la bande de Gaza.
148 membres de l'ONU, dont l'Espagne, la Norvège ou l'Irlande, ont reconnu l'État de Palestine. Cette position dépasse le cadre d'une simple opinion politique.
On constate aujourd'hui une dégradation de l'application des traités internationaux, et en particulier de ceux relatifs à l'aide humanitaire. C'est dans ce contexte que la municipalité de Besançon a pris la décision d'hisser le drapeau palestinien à Besançon.
A la lumière de ces éléments, accepteriez-vous de reconsidérer votre position ?
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de ma considération.
La Maire, Anne Vignot"