Fin des autorisations d’hospitalisation à domicile : "Une mise à mort" pour la Mutualité française comtoise

Publié le 26/11/2024 - 12:00
Mis à jour le 01/12/2024 - 17:48

C’est parce qu’elle a appris le 20 novembre dernier que l’ARS allait lui retirer ses autorisations d’hospitalisation à domicile à partir du 1er janvier 2025, que la Mutualité française comtoise a souhaité alerter sur sa situation. Une telle décision aurait, selon plusieurs responsables syndicaux, un impact économique et social non négligeable pour l’entreprise mutualiste. Le nouvel opérateur Santexcel, fusion d’un partenariat entre l’association Santelys et le CHU Besançon, le CH Jura Sud et l’hôpital Nord Franche-Comté assure de son côté que le changement d’attribution se fera en douceur et "sans incidence pour les patients".

L’hospitalisation à domicile (HAD) est une hospitalisation à part entière, qui ne peut être exercée que par un établissement habilité par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de sa région d’implantation. Elle prend en charge les soins complexes tels que les soins palliatifs, pansements complexes, fin de vie à domicile, surveillance de chimiothérapie etc. qui nécessiteraient une prise en charge à l’hôpital s’ils ne pouvaient pas être réalisés à domicile. L’HAD permet ainsi d’éviter ou de raccourcir une hospitalisation. 

Après 23 ans d’activité, la Mutualité française comtoise (MFC) a appris qu’elle allait, à compter du 30 décembre 2024, être dépossédée de ses autorisations d’hospitalisation à domicile par "une simple lettre" de l’ARS reçue le 20 novembre 2024. Soit un délai "de cinq semaines à peine" appris par le biais d’un procédé qui dérange et qui marque une réelle "rupture de confiance" pour Marie-Jo Tardivat, déléguée syndicale CFDT Santé-sociaux du Doubs.

Les élus et organisations syndicales ont alors tenu, lundi 25 novembre 2024, une conférence de presse pour alerter "la population, les élus et l’ensemble du monde sanitaire" sur la situation critique provoquée par la décision de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté (ARS BFC). 

Des objectifs nationaux respectés

Les raisons d’une telle décision ? "Factuellement il n’y en a pas" rétorque Romuald Colomb, secrétaire général adjoint CFDT santé sociaux du Doubs. Du côté de la MFC on assure que "tous les feux étaient au vert" et que l’organisation respectait les objectifs nationaux de 33 patients pour 100.000 habitants. En 23 ans, aucun avertissement n’aurait d’ailleurs été émis par l’ARS, "ni une note négative ou encore un retour de nos tutelles" assure Delphine Messelet, directrice des soins HAD. La décision serait d’après eux "uniquement politique et incompréhensible" résume Marie-Jo Tardivat. 

Dans un communiqué de presse émis par l’ARS, celle-ci confirme avoir prévenu l’association Santexcel et la Mutualité française Comtoise le 20 novembre dernier de la nouvelle attribution mais rappelle que "pour l’ensemble des opérateurs concernés, cette orientation est connue et partagée depuis l’élaboration du projet régional de santé (PRS) et la loi de juin 2023". 

L’ARS justifie son choix par "la solidité des partenariats" proposés par le nouvel opérateur et "la cohérence des garanties apportées en termes d’organisation, de ressources humaines et de couverture des besoins de la population". Elle ajoute que "de très nombreuses réunions" ont eu lieu "depuis plus de deux" notamment "avec les structures concernées pour leur expliquer la réforme, leur rappeler ses nouvelles exigences, les inviter à anticiper et à travailler toute forme de coopération et de partenariats". La MFC aurait-elle donc été invitée à revoir sa copie ?

"On aurait merdé ok… mais là, ce n’est pas le cas"

Précisant que l’HAD est soumise à des critères, Thierry Gonthier, délégué syndical CGT l’assure, "on est dans les clous. Pas tout le temps, mais aucune HAD ne l’est tout le temps, on gère de l’humain, on ne gère pas des palettes de poireaux". Le délégué syndical précise même que "l'on est novateur au niveau national" après avoir répondu à une demande de l’ARS d’être "plus efficace et de faire encore plus d’efforts pour être présent au niveau des urgences hospitalières et prendre en charge directement les patients". En sept mois, "on est devenu la première HAD de France au niveau des admissions des patients directement aux urgences". L’incompréhension est donc encore plus grande. "On aurait merdé… mais là, ce n’est pas le cas" résume l’élu syndical. 

Dans la feuille de route stratégique (2021-2026) pour le développement de la HAD, on peut d’ailleurs lire que la Bourgogne-Franche-Comté fait partie des cinq régions ayant eu le plus fort taux d'évolution en 2020 par rapport à 2019 avec (+27,1%).

180 salariés sur la touche ? 

Les organisations syndicales soulignent également l’avenir incertain des 180 salariés actuellement mobilisés sur le secteur de l’HAD et à qui "il va falloir donner des explications que nous n’avons pas" insiste Marie Jo Tardivat. Par ricochet, il y a aussi des postes en lien avec l’HAD qui n’auront selon elle plus de raison d’être : "des informaticiens, comptables, ressources humaines etc". "Tout le monde sera au tapis" conclut-elle. 

Pas d’après le CHU de Besançon qui indique dans son communiqué que ces nouvelles structures "s’appuieront sur les professionnels de santé de ville afin que les patients puissent être pris en charge par les intervenants qu’ils connaissent déjà". En clair, les professionnels qui le souhaitent pourront continuer d’exercer avec le nouvel opérateur. L’objectif étant "que la passation soit la plus douce possible et sans plan social" a précisé le directeur de la communication du CHU. L’ARS a de son côté également "invité l’ensemble des collaborateurs concernés à rejoindre le nouvel opérateur". 

Déshabillée, la Mutualité Française Comtoise en péril ?

Un coup dur pour la MFC qui, après 23 années à développer et gérer l’HAD "sur l’ensemble du territoire franc-comtois en investissant de manière continue et déterminée" devra désormais faire une croix sur "une équipe de 18O collaborateurs engagés" et un environnement qui garantissait "sécurité et qualité de soins, certifiés par la Haute Autorité de Santé".

Par le biais d’un communiqué de presse, le directeur général de la MFC a également fait savoir que "cette décision incompréhensible et irresponsable va, si elle devait être mise en oeuvre, déstabiliser un acteur majeur de l’économie sociale franc-comtoise et mettrait en péril l’offre de santé". 

L’entreprise mutualiste dont la gestion de l’HAD permettait, par le biais des vases communicants, d’équilibrer les comptes, craint effectivement pour son avenir. Avec à sa charge 14 EHPAD mutualistes, qui proposent les tarifs les plus bas du marché, le MFC doit son équilibre financier en partie à son activité d’HAD. Pour son directeur général, c’est donc "l’avenir d’une entreprise mutualiste non lucrative implantée depuis 70 ans en Franche-Comté" qui est menacé. 

L'ARS appelle à une "transition responsable"

Parallèlement, ce ne seront alors plus 180 salariés dont il sera question mais bien d’un millier d’après les organisations syndicales. La décision s'apparente pour eux à "une mise à mort de l’entreprise" et elles souhaitent que le directeur général de l’ARS "revoit sa position", ne serait-ce qu’en proposant un partage du territoire plus équitable. À compter du 1er janvier, seul le secteur de Vesoul restera sous la supervision de la MFC. 

La MFC réfléchira aux suites à donner sur une éventuelle mobilisation ou non lors d'un comité social économique extraordinaire réuni ce mardi 26 novembre. De son côté, l’ARS a appelé à "une transition responsable" entre la Mutualité française comtoise et Santexcel, afin d’assurer "une prise en charge homogène et stable dès le 1er janvier 2025". 

Infos + 

Mutualité Française Comtoise accompagne les personnes tout au long de leur vie en leur proposant une offre de santé de qualité accessible à tous. Elle emploie 1.000 salariés répartis sur une quarantaine de sites et gère des services de soins et d’accompagnement mutualistes :

  • 1 établissement d’Hospitalisation A Domicile (HAD) sur 5 sites en Franche-Comté
  •  5 centres de santé dentaires
  • 10 magasins Ecouter Voir optique mutualiste
  • 10 magasins Ecouter Voir audition mutualiste
  • 14 résidences pour personnes âgées dépendantes
Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Don du sang : les réserves fragilisées par les fêtes de fin d’année

"Et si, cette année, le plus beau cadeau n’était pas sous un sapin ?" C’est par cette question que l’Établissement français du sang interpelle pour rappeler "que le plus beau des cadeaux c’est de donner" son sang surtout dans une période comme celles des fêtes de fin d’année où "la mobilisation est plus que jamais nécessaire". 

16 structures labellisées “France Santé” en Haute-Saône

Sous la conduite du préfet de la Haute-Saône et de l’agence régionale de santé, et en partenariat avec le conseil départemental et les acteurs locaux, seize structures ont été labellisées France Santé en Haute-Saône. Il s’agit d’une offre de soins de proximité rapide, lisible et équitable, apprend-on dans un communiqué de la préfecture le 23 décembre 2025. 

En France, la grippe s’invite aux fêtes de d’année

L’activité des infections respiratoires aiguës (IRA) a connu une nette augmentation en France durant la semaine 50, comprise entre le 8 et le 14 décembre 2025, selon le dernier bulletin national de Santé publique France. Cette hausse concerne l’ensemble des classes d’âge et est principalement portée par la circulation des virus grippaux.Dans ce contexte, les autorités sanitaires alertent sur un risque accru de recours aux soins dans les semaines à venir et rappellent l’importance des mesures de prévention à l’approche des fêtes de fin d’année.

Plus de 100 structures labellisées “France santé” en Bourgogne-Franche-Comté : quelles sont les promesses ?

Le réseau "France santé", destiné à renforcer l’accès aux soins de proximité sur l’ensemble du territoire, est désormais opérationnel en Bourgogne-Franche-Comté. À l’issue d’une première phase de labellisation, plus de 100 structures de santé ont obtenu le label à l’échelle régionale, a-t-on appris dans un communiqué du 19 décembre 2025.

Fêtes de fin d’année : l’ARS appelle à la vigilance face aux épidémies hivernales

À l’approche des rassemblements de fin d’année, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté appelle à une vigilance accrue face aux épidémies hivernales. L’agence rappelle "l’importance de la mobilisation générale contre toutes les infections respiratoires aiguës : gestes barrières et vaccination", soulignant la nécessité de protéger l’ensemble de la population, et en particulier les personnes les plus fragiles.

L’ARS BFC et l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé renforcent leur collaboration

L’ARS Bourgogne-Franche-Comté et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont officialisé le 16 décembre 2025 un cadre commun de collaboration à Dijon, en marge d’une journée d’échange. A l’ordre du jour ? bon usage du médicament, impact environnemental, innovation et recherche…

Un nouveau centre médico-psychologique installé à Besançon

VIDEO • Ouvert depuis le mois de septembre 2025, le centre médico-psychologique Jules Verne située rue Gisèle Halimi dans le quartier du pôle Viotte à Besançon, a officiellement été inauguré ce 17 décembre. L’occasion de rencontrer les différents acteurs du centre et de découvrir leurs nouveaux locaux.

Haute-Saône : fermeture administrative pour le restaurant Frety’s Food à Fretigney-et-Velloreille

Le service de la protection sanitaire des consommateurs de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) a procédé, vendredi 5 décembre 2025, à un contrôle sanitaire du restaurant rapide Frety’s Food, situé à Fretigney-et-Velloreille.

Une équipe dijonnaise met au jour un nouveau mécanisme impliqué dans les troubles du neurodéveloppement

Une avancée scientifique majeure a été annoncée ce jeudi 11 décembre par l’Université Bourgogne Europe. Les chercheurs de l’équipe GAD (Genetics of rAre Diseases) du laboratoire CTM, Unité Mixte de Recherche 1231 associant l’Université Bourgogne Europe et l’INSERM, ont identifié un mécanisme inédit impliqué dans certaines formes de troubles du neurodéveloppement. Ces travaux sont menés sous la direction du Professeur Antonio Vitobello, spécialiste en génétique médicale.

Cas groupés de légionellose à Port-sur-Saône : une source possible de contamination identifiée

Les autorités sanitaires poursuivent leurs investigations après l’identification d’une source possible de contamination liée à un épisode de légionellose ayant touché Port-sur-Saône entre août et septembre derniers, apprend-on dans un communiqué de l'ARS Bourgogne Franche-Comté ce jeudi 11 décembre.

Objectif fêtes : se préparer sans stress et arriver à Noël sans redouter la dinde

Conseils nutrition • Les fêtes de fin d'année sont rarement l'occasion rêvée pour garder la ligne. Mais notre diététicienne Valentine Caput vous livre quelques conseils pour aborder les fêtes de fin d'année avec sérénité en mettant en place de bonnes habitudes. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 5.25
partiellement nuageux
le 26/12 à 15h00
Vent
1.08 m/s
Pression
1023 hPa
Humidité
93 %