Livres dans la Boucle : pour Raphaël Enthoven, "rien dans mes propos ne justifie la censure"

Publié le 05/09/2025 - 11:33
Mis à jour le 06/09/2025 - 17:13

+ les réactions à Besançon • À la suite de l’annulation de la venue du philosophe Raphaël Enthoven au festival Livres dans la Boucle annoncée jeudi 4 septembre 2025 par Grand Besançon Métropole, de multiples réactions ont émané de différents politiques et associations à Besançon. L’auteur évincé a lui-même réagi sur son compte X.  

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Pour rappel, c’est parce que ces "récentes déclarations polémiques de M. Enthoven sont de nature à remettre en cause la sérénité du déroulement du festival littéraire +Livres dans la boucle+" que la venue du philosophe a été annulée par l’organisation, a déclaré jeudi une porte-parole à l’AFP. L’auteur avait affirmé sur ses réseaux qu’"il n’y a AUCUN journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse".

Invité par la Confédération des PME du Doubs, le philosophe était présent hier soir à la Saline Royale d’Arc-et-Senans et a réagi ce vendredi à la suite de cette décision. La maire de Besançon ayant annulé sa venue en raison de la présence de l’auteur mentionne-t-il sur son compte X. 

Dans un long post, il interroge Anne Vignot sur son "sentiment d’avoir contribué au rayonnement de Besançon en marquant votre ville du sceau de la censure ?" Et accuse l’édile d’avoir fait "pression sur les organisateurs d’un salon du livre". L’auteur revient par ailleurs sur les propos qu’il a tenus ayant occasionné sa déprogrammation : "il n’existe sur place, pour l’heure, aucun journaliste qui soit libre d’opérer sans être dans la main de l’organisation terroriste. Ceux qui tentent d’exercer ce métier en toute indépendance, notamment en critiquant le Hamas, sont immédiatement harcelés, arrêtés, tabassés, parfois même tués" réaffirme l’auteur. Pour Raphaël Enthoven, "rien dans mes propos ne justifie la censure dont vous paraissez si fière" conclut-il. 

Des réactions divisées à Besançon

À Besançon, la décision a été saluée par le collectif Palestine de Besançon, qui estime pour sa part, que Raphaël Enthoven "par ses scandaleuses et prises de position publiques" se fait "complice de crimes de guerre" et qu’il n’a de fait "pas sa place aux Livres dans la Boucle".

Les réactions des politiques

Le chef de file du Parti communiste français à Besançon, Hasni Alem, lui dit se réjouir de l’annulation de Raphaël Enthoven citant "une victoire collective". Sur son compte Facebook, l’élu bisontin insiste sur le fait que "ces propos honteux niant l’existence de journalistes à Gaza et criminalisant leur travail n’avaient pas leur place dans un tel événement". 

Au contraire, le candidat RN à la mairie de Besançon en 2026, Jacques Ricciardetti accuse pour sa part une décision émanant de l’ "extrême gauche sectaire aux affaires" qui "impose sa vision", soit pour lui, une "censure idéologique pour faire oublier le génocide du 7 octobre".

Sur France 3, le chef de fil de l’opposition bisontine, Ludovic Fagaut, a pour sa part évoqué une "liberté d’expression bafouée", émanant d’une "censure orchestrée, manipulée par cette frange de l’extrême gauche qui appartient aujourd’hui à la majorité municipale". 

Même son de cloche du côté du chef de file Horizons pour la prochaine municipale bisontine. Sur son compte Facebook, Eric Delabrousse qualifie cette décision de "censure" au motif que "les membres du groupe communiste de la ville ont jugé "inadmissibles" (sic) certains de ses propos récents sur les journalistes dans la bande de Gaza". 

Du côté de Laurent Croizier, député Modem du Doubs, on dénonce "une atteinte au pluralisme d’opinion et à la liberté d’expression". Sur son compte Facebook, le chef de file du Modem dans le cadre de la prochaine élection municipale de Besançon s’interroge : "faut-il comprendre que, dans notre ville, reconnue pour sa tradition d’ouverture, d’humanisme et d’attachement à la liberté d’expression, exprimer une opinion divergente de celle de la municipalité écologiste ou du parti communiste serait désormais prohibé ?". Évoquant "un inquiétant recul pour le débat démocratique à Besançon", Laurent Croizier se désole "pour l’image et les valeurs traditionnellement portées par la ville de Besançon". 

Sur son compte Linkdin, Nicolas Bodin écrit : "J’ai bien pris note de l’annulation de l’invitation faite à Raphaël Enthoven au festival des Livres dans la Boucle. Autant, je désapprouve totalement ses propos récents concernant le conflit au Moyen-Orient autant je m’interroge sur le fait de répondre positivement à une demande expresse d’un parti politique alors même que nous avons toujours souhaité le plus possible ne pas laisser la place aux partis dans nos différents débats dans l’intercommunalité Grand Besançon Métropole."

Le 2e vice-président de GBM s’interroge aussi "sur le fait que la collectivité se donne le droit de définir ce qu’il est moralement acceptable ou non en termes de liberté d’opinion. A ma connaissance, ces propos n’ont pas été condamnés par la justice civile et son intervention lors des Livres dans la Boucle porte sur son dernier ouvrage sur la fin de vie de sa mère … bien loin donc du thème du conflit moyen-oriental."

Pour Jean-Philippe Allenbach, président du Mouvement Franche-Comté, "l’intervention du Grand Besançon sur le prestataire de la manifestation «Les livres dans la Boucle» (19 /21 septembre) pour lui demander d'annuler la venue prévue de Raphaël Enthoven enfreint clairement la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDDH)."  

Dès lors, "si l'agglomération ne revient pas sur sa décision d’ici le 13 septembre au plus tard", ajoute-t-il, "le M.F.C., sur recommandation de son conseil juridique, engagera alors immédiatement, une procédure à l'encontre du Grand Besançon pour non-respect de l’article 10 de la CEEDH."

Dans un communiqué du 6 septembre, La France insoumise de Besançon "salue et soutient la décision de Grand Besançon Métropole d’annuler l’invitation" faite à Raphaël Enthoven pour le festival Livres dans la Boucle.

Elle rappelle que le 15 août dernier, Enthoven déclarait : "il n’y a aucun journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse". Le mouvement affirme qu'"à Besançon, terre humaniste, nous refusons d’accueillir et d’offrir une tribune aux soutiens de ce gouvernement génocidaire." Il dénonce le danger auquel font face les journalistes palestiniens, rappelant que "sont morts autant de journalistes [à Gaza] que lors de la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée, la guerre du Vietnam, la guerre de l’Afghanistan et la guerre d’Irak cumulées."

Selon LFI, inviter Enthoven aurait offert "une tribune à ces discours qui alimentent la haine et participent à la criminalisation du peuple palestinien". Elle affirme : "Nous refusons que Besançon serve de caisse de résonance à cette propagande qui fait honte à toute l’humanité."

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