Jonathann Daval maintient être le seul impliqué dans la mort de sa femme  Alexia

Publié le 16/11/2020 - 12:25
Mis à jour le 16/11/2020 - 12:59

"L'heure de vérité" • Trois ans après le meurtre de sa femme Alexia, l’heure de vérité a sonné ce lundi pour Jonathann Daval, appelé à comparaître devant la Cour d’assises de la Haute-Saône pour répondre d’un crime qui avait bouleversé la France en plein mouvement #MeeToo. Jonathann Daval, qui avait reconnu après de multiples revirements avoir tué sa femme, a réaffirmé lundi être seul impliqué dans la mort de son épouse Alexia en 2017, au premier jour de son procès devant les assises de la Haute-Saône.

La découverte du corps en partie calciné d’Alexia Daval, le 30 octobre 2017, avait bouleversé la France : trois ans plus tard, le procès de son époux, Jonathann, s’est ouvert ce lundi 16 novembre 2020 devant la cour d’assises de Haute-Saône, à Vesoul.

  • Six jurés, cinq femmes et un homme ont été tirés au sort. Quatre jurés supplémentaires  ont été tirés au sort, en cas de défaillance d’un  juré titulaire. Lors de la suspension de séance, une jurée a précisé qu’elle connaissait un oncle de l’accusé. Elle a été remplacée par une autre femme.
  • 18 proches d’Alexia Daval, principalement sa famille, se sont constitués parties civiles

L'audience s'est ouverte ce lundi matin à 9h05  aux Assises de la Haute-Saône. Jonathann Daval, qui a reconnu après bien des revirements avoir tué son épouse, est accusé de "meurtre sur conjoint". Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité à l'issue des plaidoiries prévues vendredi.

Une quarantaine de médias sont accrédités pour suivre ce procès hors norme dans ce tribunal exigu. La présence du public, en revanche, risque d'être compromise par des mesures anti-Covid draconiennes.

Dans une interview à BFMTV lundi matin, Me Gilles-Jean Portejoie, avocat des parents d'Alexia, avait pointé les "nombreuses zones d'ombre de ce
dossier", évoquant "l'éventuelle préméditation" et "l'éventuelle complicité", pourtant écartées par l'instruction.

"On est là pour avoir de nouvelles révélations et puis mettre en exergue toutes les horreurs subies par Alexia (...)  "Je pense qu'on ne fait pas ça à un animal, c'est l'horreur la plus totale." Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia. 

"Seul impliqué" dans la mort d'Alexia Daval

Invité par le président de la cour, Matthieu Husson, à dire s'il reconnaissait toujours "être le seul impliqué dans la mort de (son) épouse", cet informaticien de 36 ans, les yeux rougis et au bord des larmes, a simplement répondu "oui".

Avant d'interroger l'accusé, M. Husson avait procédé au rappel des faits et notamment les multiples revirements de Jonathann Daval au cours des deux ans d'instruction : niant d'abord les faits, il les avait ensuite partiellement reconnus, pour ensuite se rétracter et accuser son beau-frère, puis reconnaître de nouveau le meurtre lors d'une audition bouleversante devant le juge d'instruction.

En juin 2019, il avouera enfin lors de la reconstitution avoir incendié la dépouille d'Alexia. "Le procès, c'est celui qui vous permettra pour la première fois de vous
exprimer publiquement sur les faits dont vous êtes accusé", lui a lancé le président de la cour d'assises.

"Le décès d'une personne dans l'intimité du couple est quelque chose de tragique, mais pas rare. Vous ne devez pas être jugé différemment parce que
cette affaire a connu un retentissement particulier. Je vous dois l'impartialité", l'a encore assuré le magistrat, intimant à Jonathann Daval
"d'oublier la médiatisation" de ce procès pour lequel une quarantaine de médias sont accrédités.

"Regardez la cour et les jurés, ce sont eux qui vous jugeront", a encore déclaré M. Husson.

Retour sur l'affaire Alexia Daval

L'affaire, survenue à l'automne 2017, avait profondément marqué les esprits alors que l'ampleur des violences faites aux femmes éclatait au grand jour avec la vague #MeeToo. Le 30 octobre, le corps en partie calciné d'Alexia Daval, une employée de banque de 29 ans, était retrouvé dissimulé sous des branchages, dans un bois situé à quelques kilomètres du domicile des Daval à Gray-la-Ville (Haute-Saône).

"Pas un homme"

C'est le mari, Jonathann, qui avait signalé deux jours plus tôt la disparition de son épouse lors d'un jogging. Les jours suivants, le visage baigné de larmes du trentenaire s'affichait dans les médias.

Mais en janvier 2018, le veuf éploré devient suspect : placé en garde à vue, il craque et avoue le meurtre de se femme, survenu selon lui lors d'une violente dispute.

S'en suivront deux années d'instruction durant lesquelles Jonathann livrera plusieurs versions, se rétractant, puis accusant son beau-frère, avant de reconnaître de nouveau le meurtre lors d'une audition bouleversante devant le juge d'instruction.

En juin 2019, il avouera enfin lors de la reconstitution avoir incendié la dépouille d'Alexia.

Des questions

Malgré ces aveux, plusieurs questions restent en suspens : comment cet homme calme et effacé sans passé judiciaire a-t-il basculé dans le crime et pu rouer de coups puis étrangler son épouse ? Comment a-t-il trouvé les ressources nécessaires pour tenter de maquiller le crime ?

Les jurés devront chercher les réponses dans la personnalité de l'accusé et l'intimité d'un couple apparemment sans histoire mais parcouru de tensions qui rencontrait des difficultés pour concevoir un enfant.

Le soir du meurtre, Jonathann affirme avoir refusé un rapport sexuel à sa femme qui, en retour, se serait montrée violente, lui reprochant de "ne pas être un homme".

Alexia, "violente en paroles et en actes", "l'humiliait", soutient l'accusé qui dit l'avoir "étranglée" et "frappée pour qu'elle se taise".

L'image d'une Alexia dominatrice révulse les parents de la victime, Isabelle et Jean-Marc Fouillot, qui redoutent que "la défense et Jonathann tapent sur elle" au procès.

L'enjeu, c'est "d'arriver à comprendre ce qui s'est vraiment passé, dans un climat délétère où on ne peut plus rien dire", estime de son côté l'un des avocats de Jonathann, Me Randall Schwerdorffer.

"Prêt à parler"

Le conseil, qui a promis "un moment de vérité", a vainement demandé le report du procès. Il se réserve la possibilité d'une nouvelle demande de renvoi lundi matin si son client n'était pas autorisé à parler sans masque.

Jonathann "nous a dit qu'il était prêt à parler de choses qu'on ne sait pas", a assuré samedi au quotidien régional L'Est Républicain sa mère, Martine Henry qui a prévu d'être présente aux côtés d'autres proches de l'accusé.

Les déclarations de ce dernier seront naturellement guettées avec attention par la vingtaine de parties civiles, notamment les parents d'Alexia qui martèlent dans les médias leur conviction d'un meurtre "orchestré" par un Jonathann qui n'a pas tout dit.

Pointant la présence inexpliquée de médicaments dans le sang d'Alexia, ils suspectent un empoisonnement et entendent reposer la question de la "préméditation" et de la "complicité", pourtant écartée par l'instruction, a prévenu l'un de leurs avocats, Me Gilles-Jean Portejoie.

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

affaire daval

“Je voulais qu’elle se taise”: sortie du livre de l’avocat de Jonathann Daval

Me Randall Schwerdorffer, l’avocat bisontin de Jonathann Daval, condamné pour le meurtre de sa femme Alexia, livre son récit et son analyse de « l’affaire Daval » dans un ouvrage coécrit avec le journaliste Frédéric Gilbert et qui paraît ce jeudi  14 octobre 2021.

Affaire Daval : plus de 800.000 euros réclamés par la famille d’Alexia

Mise à jour • La famille d’Alexia Daval a réclamé lundi 22 février 2021 devant la cour d’assises de la Haute-Saône plus de 800.000 euros de dommages et intérêts à Jonathann Daval, condamné à 25 ans de réclusion criminelle en novembre pour le meurtre de son épouse. La cour rendra sa décision le 25 mai 2021 à Vesoul.

La question des indemnités réclamées par la famille d’Alexia examinée lundi

Affaire Daval • « Justifiées » pour les parties civiles, « disproportionnées » pour la défense : la justice est saisie ce lundi 22 février 2021 à Vesoul de la question des indemnités réclamées par la famille d’Alexia à Jonathann Daval, condamné fin novembre à 25 ans de réclusion pour le meurtre de son épouse.

Justice

L’élu bisontin Kévin Bertagnoli dépose plainte pour “harcèlement” et “menaces de mort”

Le président du groupe Génération-s et adjoint en charge de la Démocratie participative et de la participation citoyenne à la Ville de Besançon, a décidé de porter plainte auprès du procureur de la République contre les auteurs de publications malveillantes survenues suite à son intervention lors du dernir conseil municipal de Besançon du 4 avril 2024.

Éco-quartier : le tribunal administratif rejette le recours introduit par Les Jardins des Vaîtes

L’association demandait l’annulation de la décision par laquelle la présidente de Grand Besançon Métropole a refusé d’inscrire à l’ordre du jour du conseil communautaire l’abrogation partielle du plan local d’urbanisme de la commune de Besançon, a-t-on appris jeudi 11 avril 2024.

Maltraitance animale dénoncée par L214 : un employé d’abattoir condamné à du sursis dans l’Yonne

Un employé d'un élevage de porcs de l'Yonne a été condamné jeudi 11 avril 2024 à 1.000 euros d'amende avec sursis pour "mauvais traitement envers un animal" après la dénonciation par l'association L214 de "sévices" incluant l'agonie d'une truie assommée à coups de masse.

Daval : le procureur requiert la relaxe pour les faits de dénonciation calomnieuse

Lors du procès pour dénonciation calomnieuse de Jonathan Daval, qui purge actuellement une peine de prison de 25 ans de prison pour le meurtre de son épouse Alexia en 2017, à l’encontre de son ancienne belle-famille, le procureur de la république Étienne Manteaux a finalement requis la relaxe mercredi 10 avril 2024 au tribunal correctionnel de Besançon. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 10.34
couvert
le 08/05 à 0h00
Vent
1.62 m/s
Pression
1021 hPa
Humidité
96 %