Macron déclare la "guerre" au coronavirus et restreint fortement les déplacements des Français

Publié le 16/03/2020 - 20:41
Mis à jour le 16/03/2020 - 21:57

Emmanuel Macron a pris lundi une mesure inédite dans l’histoire récente de la France en annonçant lundi une restriction sévère des déplacements de la population, parce que le pays « est en guerre » contre la pandémie du coronavirus. Le chef de l’Etat a aussi annoncé le report du second tour des élections municipales, et la suspension de toutes les réformes dont celle des retraites, aussi emblématique que contestée.

"Jamais la France n'avait eu à prendre de telles décisions par temps de paix", a lancé le président dans sa seconde allocution solennelle en cinq jours, soulignant que "nul ne peut savoir" combien de temps va durer l'épidémie.

Les "déplacements seront fortement réduits pour 15 jours au moins" à partir de mardi midi pour "limiter au maximum les contacts" et lutter contre l'expansion du coronavirus, a expliqué Emmanuel Macron.

Il ne sera ainsi plus possible de "retrouver ses amis ou aller au parc", et "seuls doivent demeurer les transports absolument nécessaires", "pour se soigner", faire ses courses ou encore "aller au travail quand le travail à distance n'est pas possible", a détaillé le chef de l'Etat. "Toute infraction à ces règles sera sanctionnée", a-t-il averti.

Avec ce confinement -un terme évité par le président Macron- partiel, la France prend exemple sur l'Italie et l'Espagne, les deux pays européens les plus touchés par la pandémie, où la mesure a été jusquà présent bien accepté par la population.

Il a aussi appelé les Français contraints de rester chez eux à être solidaires entre voisins, à appeler leurs proches et à "inventer de nouvelles solidarités" et de retrouver "le sens de l'essentiel", par exemple pour lire des livres.

Emmanuel Macron a également annoncé le report du second tour des élections municipales, une décision qui "a fait l'objet d'un accord unanime". Il n'a cependant pas confirmé la date du 21 juin, évoquée par plusieurs responsables politiques dans l'après-midi.

Parmi les autres décisions annoncées au cours de cette allocution de 20 minutes, figure la suspension de "toutes les réformes en cours", à commencer par celle des retraites, et des mesures de soutien à l'économie.

"Je vous demande d'être responsables tous ensemble et de ne céder à aucune panique", a-t-il ajouté. "La France vit un moment très difficile" et "il faudra nous adapter" mais "nous gagnerons", a-t-il lancé.

La mesure de confinement limité intervient après une série d'autres décisions de plus en plus contraignantes prises ces derniers jours mais qui ont été jugées insuffisantes pour faire face à l'aggravation de la pandémie.

Le week-end a ainsi été marqué par l'annonce de la fermeture des lieux publics "non-essentiels", comme les restaurants, les bars et les commerces non-alimentaires. Elle s'ajoutait à celle des crèches, des écoles et des universités, annoncée jeudi par Emmanuel Macron au cours d'une première allocution télévisée.

Mais ces mesures n'ont pas empêché de nombreux Français à profiter du beau temps en se rendant dans les parcs, ce qui a déclenché une volée de critiques sur "l'incivisme" en pleine épidémie.

 "très inquiétante"

Il fallait donc prendre des mesures plus drastiques permettant de "modifier en profondeur les comportements" des Français face à une situation qui "se dégrade", a précisé la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

La situation "est très inquiétante" et "se détériore très vite", a averti le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon. "Le nombre de cas double désormais tous les trois jours", a-t-il souligné, insistant notamment sur les "centaines" de malades en réanimation et dont le pronostic vital est engagé.

Le dernier bilan fait état de 21 nouveaux décès (148 en tout) et 1.200 nouveaux cas lundi, soit plus de 6.600 en tout.

Consensus

Durant toute la journée, Emmanuel Macron a multiplié les consultations, notamment pour construire un consensus politique sur ces mesures exceptionnelles et pour éteindre les critiques, encore limitées, sur la gestion de la crise par l'exécutif.

Il a ainsi présidé un déjeuner de travail "en format conseil de Défense" réunissant les principaux acteurs de la gestion de la crise. Il a ensuite reçu les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, et s'est entretenu au téléphone avec ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy.

Parmi d'autres mesures sanitaires spectaculaires, il a annoncé lundi soir qu'un hôpital de campagne du service de santé des armées serait déployé "dans les jours à venir en Alsace", et que des masques seraient distribués dès mardi aux soignants des 25 départements les plus touchés.

Il s'est aussi porté au chevet de l'économie, avec une garantie des prêts bancaires accordés aux entreprises à hauteur de 300 milliards d'euros, ainsi qu'un "dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien ou report d'échéances bancaires et de garanties de l'Etat à hauteur de 300 milliards d'euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques".

Les loyers et les factures d'eau, de gaz et d'électricité "devront être suspendus" pour les plus petites entreprises qui rencontrent "des difficultés", a-t-il également annoncé. Ces entreprises n'auront "rien à débourser ni pour les impôts, ni pour les cotisations sociales", a-t-il ajouté, en annonçant qu'un fonds de solidarité "pour les entrepreneurs, commerçants, artisans" serait créé et "abondé par l'Etat".

"Pas de pénurie" 

La Bourse de Paris a connu une nouvelle débâche en chutant de 5,75% alors que les places mondiales sont toujours en pleine tempête et que Bruxelles attend désormais une récession pour 2020.

Face à l'inquiétude des Français, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a assuré qu'il n'y aurait "pas de pénurie", tout en leur demandant de ne pas multiplier les achats de précaution. Mais en Alsace par exemple, une des régions les plus touchées, des grandes surfaces ont été prises avec de longues files de chariots devant les entrées.

Également sur le plan pratique, de nombreux parents ont fait état, au premier jour de fermeture des écoles, de difficultés pour se connecter aux sites officiels en ligne destinés à faire la classe à la maison.

Info + Article du 16 mars 2020 à 14h

Selon le dernier décompte de l'agence nationale de santé publique, Santé Publique France, le bilan de l'épidémie a grimpé dimanche à 127 morts et 5.423 cas confirmés, soit 36 morts et plus de 900 cas supplémentaires en 24 heures. Plus de 400 personnes sont hospitalisées dans un état grave. C'est la plus forte augmentation quotidienne des cas et décès depuis l'apparition du virus en France, qui est officiellement entrée samedi dans le stade 3 de l'épidémie.

Depuis dimanche les Français sont invités à rester chez eux et la plupart des lieux publics et commerces non essentiels sont fermés, ainsi que les crèches, écoles et universités depuis ce lundi matin et pour plusieurs semaines. Mais ce n'est peut-être qu'un début face à des concitoyens jugés "indisciplinés" quant aux mesures à respecter pour freiner l'épidémie.

Répondant aux rumeurs d'un confinement total et obligatoire immédiat, comme cela a été décidé en Italie ou en Espagne, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a assuré lundi sur France Inter qu'il s'agissait d'une "fake news".

Mais "nous prendrons toutes les mesures qui peuvent être utiles pour faire en sorte de modifier en profondeur les comportements", a-t-elle mis en garde.

"Reste chez toi, c'est aussi simple que ça"

"Chaque Français et chaque Française ce matin doit se dire : comment je fais dès aujourd'hui pour diviser par trois ou quatre le nombre de personnes dont je m'approche", a insisté sur France Inter le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, reprenant à son compte le "cri l'alerte" lancé sur les réseaux sociaux par des soignants: "Reste chez toi, c'est aussi simple que ça". Parce que la situation est "très inquiétante" et "se détériore très vite", a-t-il insisté.

"Le nombre de cas double désormais tous les trois jours", a-t-il souligné, insistant notamment sur les "centaines" de malades en réanimation et dont le pronostic vital est engagé. "Il y a une inquiétude que cette rapidité de l'épidémie entraîne une saturation du système hospitalier français, ce que nous voulons absolument éviter", a-t-il encore déclaré, citant notamment la situation difficile en Alsace et en Ile-de-France.

Il a également souligné que les patients étaient "souvent des personnes jeunes" et que "la moitié des personnes en réanimation ont moins de 65 ans". "On peut se retrouver en situation très grave étant un adulte en bonne santé", a-t-il insisté, alors que nombre de personnes pensent que les personnes âgées sont les principales touchées.

"On voit la vague arriver" dans les hôpitaux où l'épidémie provoque déjà "un afflux de patients" et où certains services de réanimation "sont déjà débordés", a alerté lundi le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital parisien Georges-Pompidou, qui recommande un confinement.

Tous acteurs de la santé 

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a lui aussi appelé à une prise de conscience, alors que de nombreux Français, notamment à Paris, ont profité dimanche du soleil printanier pour se presser dans les parcs et jardins publics.

"Nous sommes tous acteurs de la santé", les décisions que nous prenons au quotidien, la sortie que nous allons annuler, la soirée en famille ou le repas en famille que nous n'allons pas faire: tout cela est déterminant pour protéger la santé des Français", a-t-il lancé dimanche sur France 2.

Outre les mesures de fermetures, le gouvernement a également décidé de réduire drastiquement les transports longue distance, avec un trafic ferroviaire bientôt divisé par deux et seulement "quelques vols" internationaux. Les transports locaux seront toutefois épargnés.

La France renforce également les contrôles à sa frontière avec l'Allemagne qui elle a commencé à filtrer les automobilistes et piétons venant de France.

Les commerces "présentant un caractère indispensable" comme les magasins d'alimentation, pharmacies, banques, stations-services ou de distribution de la presse et de tabac sont épargnés, tout comme les services publics. Mais aussi les pompes funèbres ou encore les fournisseurs des agricultures, selon un arrêté publié lundi.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a de son côté assuré qu'il n'y aurait "pas de pénurie" tout en demandant aux Français de ne pas multiplier les achats de précaution.

Les voyagistes français ont de leur côté annoncé lundi le report de tous les départs prévus jusqu'à au moins fin mars.

Le second tour aura-t-il lieu ? 

Outre d'éventuelles mesures de confinement, le président Macron doit également trancher sur le maintien ou non du second tour des élections municipales, dont le premier tour dimanche a vu la participation fondre à un niveau inédit, autour de 46%, en dépit des mesures de précaution imposées dans les bureaux de vote.

Un effondrement historique qui nourrit des interrogations grandissantes sur le maintien du second tour, dont de nombreux responsables politiques demandaient dès dimanche le report.

Dans ce contexte, Edouard Philippe a annoncé depuis Le Havre qu'experts scientifiques et partis politiques seraient consultés "en début de semaine", en espérant obtenir un "consensus républicain" sur le sujet.

(Source AFP)

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