Nicolas Zepeda perd pied, mais n'avoue pas l'assassinat de Narumi Kurosaki

Publié le 08/04/2022 - 07:41
Mis à jour le 08/04/2022 - 07:42

« Je n’ai pas tué Narumi ! Moi aussi je veux savoir ! »: dans un cri mêlé de sanglots, Nicolas Zepeda a persisté dans sa version jeudi, lors d’un ultime interrogatoire sous haute tension devant la cour d’assises du Doubs où il comparaît pour l’assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Les plaidoiries des avocats et les réquisitions doivent débuter lundi avant le verdict attendu mardi.

La dernière main tendue est venue de sa propre avocate, Me Jacqueline Laffont. "Est-ce que vous êtes en mesure d'aider à retrouver ce corps aujourd'hui ?", lui a-t-elle dit doucement en le regardant dans les yeux. "Je ne sais pas où elle est, je n'ai pas tué Narumi, moi aussi je veux savoir", lui répond Nicolas Zepeda. Une phrase tellement répétée pendant les quatre heures de l'interrogatoire récapitulatif, qu'il finira par crier en larmes en tapant du poing.

"Est-ce qu'on peut imaginer qu'une dispute aurait mal tourné ?", suggère Me Laffont à son client déstabilisé. "Est-ce que vous avez envie de dire quelque chose là, une dernière fois ?".

"Il y a beaucoup de choses qu'on peut me reprocher, je ne suis pas une personne parfaite, mais je n'ai pas tué Narumi" Nicolas Zepeda

Le Chilien de 31 ans, qui affichait un flegme quasiment sans faille depuis le début de son procès à Besançon, le 29 mars, a fini par craquer, agité de pleurs, de cris et de tremblements, dès le début de l'après-midi, poussé dans ses retranchements par Me Sylvie Galley, l'avocate de la famille de l'étudiante japonaise disparue en décembre 2016 à Besançon. "Dans vos rêves, M. Zepeda, vous la voyez morte ou vivante Narumi ?", le questionne l'avocate. "Je la vois heureuse", répond-il en fondant en larmes.

Pour tenter de briser la résistance de l'accusé dans un échange particulièrement intense, Me Galley a fait projeter des photos de Narumi, en a appelé à son amour filial ou à sa foi catholique. En vain. "Il est dans l'incapacité d'admettre quoi que ce soit, même les choses les plus banales. C'est lui qui détient les clés et il ne les donnera pas", a regretté Me Galley à la suspension d'audience.

"Quelle nuit ?"

Dans les premiers instants de cet interrogatoire, Nicolas Zepeda s'était pourtant montré inébranlable. "Il est établi que vous avez passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec Narumi, qu'après ça, plus personne ne l'a revue vivante, contrairement à vous qu'on a revu", l'apostrophe d'emblée le président de la cour d'assises du Doubs, Matthieu Husson."Voulez-vous nous dire ce qu'il s'est passé ?", le presse-t-il encore.

"Vous faites référence à quelle nuit ?", réplique l'accusé, déclenchant des soupirs dans le prétoire. La date précisée, il lâche finalement: "J'ai déjà répondu à cette question, cette nuit-là je dormais". Depuis le début de son procès, Nicolas Zepeda répond volontiers aux questions par d'autres questions, reprend les interprètes chargés de la traduction simultanée de l'espagnol au français et enchaîne les explications vagues.

Selon l'accusation, le Chilien s'est rendu à Besançon pour retrouver Narumi Kurosaki, qui l'avait quitté quelques semaines plus tôt. Il l'espionne puis la rencontre et passe avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016 dans sa chambre étudiante. Des "cris stridents de femme" sont entendus cette nuit-là.

Toujours selon l'accusation, Nicolas Zepeda a tué Narumi, s'est débarrassé de son corps dans une forêt du Jura, puis a envoyé des messages aux proches de l'étudiante de 21 ans via ses comptes sur les réseaux sociaux pour retarder le lancement des recherches, le temps de rentrer au Chili.

"Vous craignez votre papa ?"

Présents depuis le début du procès sur le premier banc du public, les parents de Nicolas Zepeda, venus du Chili, se sont invités jeudi dans le débat. "Est-ce que vous craignez votre papa, M. Zepeda ?", lui demande le président de la cour. Le jeune homme avait indiqué avoir informé sa mère de son voyage en Europe ce mois de décembre 2016, mais l'avoir caché à son père car "il se serait fâché".

"Que pensez-vous de sa réaction si vous faites quelque chose de mal ?", insiste-t-il, relayant une impression que la présence du père joue un rôle dans l'opiniâtreté du fils. Là encore, l'accusé se contente d'une réponse des plus vagues...

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

narumi

Procès Zepeda : la défense demande le renvoi du procès

La défense de Nicolas Zepeda a demandé ce lundi 18 décembre 2023 le renvoi du procès alors que le Chilien devait s'exprimer pour la première fois sur l'assassinat de Narumi Kurosaki dont il répond en appel devant la cour d'assises de la Haute-Saône, en raison de nouveaux éléments ne figurant pas  selon les avocats dans la procédure.

Zepeda, manipulateur “à la limite de la mythomanie”, selon un expert

Le Chilien Nicolas Zepeda, rejugé en appel pour l'assassinat de son ancienne petite amie japonaise Narumi Kurosaki, présente un profil "manipulateur", "à la limite de la mythomanie", selon les conclusions d'un expert présentées jeudi devant les assises de la Haute-Saône, objets d'une passe d'armes entre lui et la défense.

Procès Zepeda : des traductions compromettantes au coeur des débats

"Souvenirs différents" ou "explications biscornues" ? : Nicolas Zepeda et une témoin se sont opposés lundi 11 décembre 2023 devant les assises de la Haute-Saône autour de traductions de messages en japonais potentiellement compromettantes pour le jeune Chilien, rejugé en appel pour l'assassinat de Narumi Kurosaki.

Justice

Procès Péchier : “je regrette de ne pas avoir pu protéger mon patient de la folie d’un homme” (Loubna Assila)

VIDÉO • La cour d’assises du Doubs a abordé ce mercredi 26 novembre 2025 les deux derniers décès du dossier Péchier actuellement jugé pour 30 faits d’empoisonnements dont 12 mortels entre 2008 et 2017. L’anesthésiste Loubna Assila qui avait refusé l’entrée de son bloc à Frédéric Péchier lors de l’arrêt cardiaque d’une des deux victimes, a livré un témoignage poignant et accablant l’ex-anesthésiste ce mercredi devant la cour. 

Procès Péchier : un enfant empoisonné pour “régler des comptes”, selon son père

L'empoisonneur "s'est servi de notre petit garçon pour régler des comptes", a regretté lundi 24 novembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs le père de Tedy, victime à quatre ans d'un arrêt cardiaque suspect, l'un des trente empoisonnements imputé à l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier.

Au procès Péchier, l’arrêt cardiaque de Tedy, 4 ans, opéré des amygdales

C'est la plus jeune des 30 victimes attribuées par l'accusation à l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier: la cour d'assises du Doubs a commencé jeudi 20 novembre 2025 à se pencher sur le cas de Tedy, 4 ans, qui a subi un arrêt cardiaque en 2016 lors d'une banale opération des amygdales. L'enfant a survécu après deux jours de coma et cinq jours en réanimation.

Statue de Jenny d’Héricourt à Besançon : le procureur de la République ouvre une enquête

Le Mouvement Franche-Comté a annoncé le 18 novembre 2025 par voie de communiqué, que le procureur de la République a décidé d’ouvrir une enquête à la suite d’une plainte déposée pour des faits de favoritisme concernant la statue de Jenny d’Héricourt installée place de la Révolution à Besançon depuis le 5 mars dernier.

Affaire Fousseret-Cordier : Anne Vignot se joint à la demande d’appel du parquet

Le 5 novembre dernier, le tribunal correctionnel avait prononcé la relaxe de l’ancien maire Jean-Louis Fousseret et Alexandra Cordier pour prises illégales d’intérêt et détournement de fonds publics. Le parquet avait aussitôt déposé une demande d’appel du jugement le 7 novembre 2025. Représentée par Anne Vignot, la Ville de Besançon a suivi le parquet dans la demande d’appel. 

“Absence systématique” : Péchier mis en cause pour son désengagement lors des réunions sur les cas suspects

"L'absence systématique" de Frédéric Péchier aux réunions organisées pour discuter des arrêts cardiaques suspects dans une clinique de Besançon où il travaillait était vendredi 14 novembre 2025 l'objet du douzième interrogatoire de l'accusé, jugé pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, par la cour d'assises du Doubs.

Procès Péchier : l’accusé conteste le récit d’une patiente

"Elle a pu se tromper" : le Dr Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour avoir empoisonné 30 patients dont 12 sont morts, a fermement contesté lundi 10 noveùbre 2025 devant la cour le récit d'une patiente victime en 2015 d'un arrêt cardiaque au bloc, et qui a raconté qu'il était venu à son chevet juste avant son anesthésie.

Le parquet de Besançon fait appel après la relaxe de Jean-Louis Fousseret et d’Alexandra Cordier

Le parquet de Besançon a annoncé, ce vendredi 7 novembre, sa décision de faire appel du jugement ayant conduit à la relaxe de l’ancien maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, et de son ex-collaboratrice, Alexandra Cordier. Tous deux étaient poursuivis pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics dans une affaire datant de 2019.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 1.13
couvert
le 27/11 à 18h00
Vent
0.88 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
92 %