Affaire Daval : le père d'Alexia Daval réclame "la peine maximale" pour Jonathann

Publié le 18/11/2020 - 11:21
Mis à jour le 18/11/2020 - 12:16

Le père d’Alexia Daval, Jean-Pierre Fouillot, a réclamé ce mercredi 18 novembre 2020 devant la cour d’assises de la Haute-Saône « la peine maximale » à l’encontre de Jonathann Daval, accusé du meurtre de sa fille.

Photo d'archives. Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, les parents d'Alexia Daval le 7 décembre 2018 à Besançon © AA ©
Photo d'archives. Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, les parents d'Alexia Daval le 7 décembre 2018 à Besançon © AA ©

La déposition a débuté vers 11H00 avec Jean-Pierre Fouillot, le père de cette jeune employée de banque de 29 ans, découverte morte dans un bois de Haute-Saône le 30 octobre 2017.

"J'espère tout simplement que le peine maximum soit octroyée", a-t-il déclaré lors d'une déposition forte à la barre alors que son gendre encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

"Notre futur, il est simple, nous avons pris perpétuité. Est-ce que ce sera le cas de Jonathann, c'est vous qui en déciderez", a-t-il lancé à la Cour. "Ce fameux jour nous a éteint la lumière du bonheur et de la sérénité. Nous sommes désormais en mode veilleuse", a-t-il ajouté.

Et de s'interroger encore en s'adressant à l'accusé qui fuyait son regard : "Pourquoi Alexia a-t-elle été assassinée, pour une dispute, une relation sexuelle refusée et peut-être pour vouloir te quitter, Jonathann ?" "Avant ce drame, le bonheur régnait au sein de notre famille" mais Jonathann l'a "cassé", a ajouté Jean-Pierre Fouillot, 64 ans, vêtu d'une veste de velours vert, la voix parfois altérée par les sanglots.

"Il nous a sali" en accusant son beau-frère d'un complot et d'être le meurtrier, a-t-il encore lâché. "Alexia était une fille tout ce qu'il y a de plus simple, mais tout ce qu'il y a de plus aimant (...) c'était un bonheur immense pendant toutes ces années", a-t-il ajouté, déplorant que la défense cherche à "salir" aussi la victime.

"C'est d'un assassinat, c'est d'un massacre dont on parle", a estimé M. Fouillot, alors que les parties civiles soupçonnent Jonathann d'avoir prémédité le meurtre.  A l'issue, le président de la cour Matthieu Husson a salué la "dignité" de ces propos qu'il a résumés par "dix ans de bonheur avec Alexia, trois ans de malheur" depuis le meurtre.

Sa mère, Isabelle Fouillot ainsi que la soeur d'Alexia et son mari, Stéphanie et Grégory Gay, doivent se succéder ensuite à la barre. Les parents avaient annoncé dès lundi leur intention de profiter de leur passage à la barre pour s'adresser directement à Jonathann et lui demander "pourquoi" il a tué leur fille.

  • Mais le président de la Cour d'assises de la Haute-Saône, Matthieu Husson, s'y est opposé dans l'immédiat, déclarant qu'il n'était "pas question à ce stade" qu'ils l'interpellent directement.

"Je rappelle que Jonathann Daval n'a pas encore été interrogé sur le fond de cette affaire. Les parties civiles pourront (l')interroger (...), mais seulement après que j'aie moi-même procédé à mon interrogatoire", a déclaré Matthieu Husson, alors que l'accusé doit être interrogé mercredi après-midi.

"Les parties civiles ne peuvent interroger que par leurs avocat ou le président et doivent demander mon autorisation", a-t-il souligné. Ils peuvent "déposer certes librement, mais pas question à ce stade de poser des questions directement à Jonathann Daval ou de l'interpeller", a insisté M. Husson.

M. Husson a également indiqué que la diffusion d'une partie de l'audition dans le cabinet du juge d'instruction, durant laquelle M. Daval craque face à Mme Fouillot et reconnait de nouveau le meurtre d'Alexia, aura lieu "probablement en début d'après-midi". Elle avait été demandée mardi par la défense de M. Daval.

Des dépositions reportées ce mercredi

Les dépositions d'Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, Stéphanie et Grégory Gay (la soeur d'Alexia et son mari, ndlr) n'auront lieu que demain", déclarait Matthieu Husson à l'issue d'une courte pause ce mardi.

Ce report est consécutif à un important retard dans le planning annoncé : à 17H00, trois experts devaient encore être auditionnés, l'audience de mardi ayant été jusqu'à présent consacrée à celle d'un médecin légiste, longuement interrogé sur différents aspects techniques du dossier.

"C'était une journée très dense, très technique", Me Caty Richard. 

"Il n'était pas pensable que les parties civiles, avec l'impact et le poids que cela comporte, puissent être entendues à sept heures, huit heures ou neuf heures du soir", a estimé leur avocat Me Gilles-Jean Portejoie. "Ce n'était pas possible, ce n'était pas raisonnable", a-t-il ajouté.

Me Caty Richard, également conseil de certains membres de la famille de la victime, était du même avis : "Tout le monde sera éreinté, c'était une journée très dense, très technique". Cette audition des parents de la victime est d'autant plus attendue qu'ils paraissent déterminés à demander des comptes à leur ancien gendre qu'ils considéraient comme leur fils.

"Une journée sous très haute tension émotionnelle"

La confrontation d'Isabelle et Jean-Marie Fouillot avec l'accusé est d'autant plus attendue qu'ils en attendent des "révélations" et ont l'intention de lui demander très directement "pourquoi" il a tué leur fille.

Ce sera "une nouvelle journée cruciale", avait prédit Isabelle Fouillot devant la presse, "le jour ou jamais" pour dire à Jonathann "tout ce que j'ai sur le coeur", a-t-elle encore souligné. "J'espère pouvoir dire ce que j'ai à dire avec mes mots", a ajouté, la voix brisée par l'émotion, son époux, Jean-Pierre, confiant qu'il lui était difficile de "parler d'Alexia".

Jonathann Daval, qui avait joué les veufs éplorés pendant trois mois avant d'être arrêté, a livré durant l'instruction pas moins de sept versions de la mort de sa femme, une employée de banque de banque retrouvée morte le 30 octobre 2017 dans un bois à quelques kilomètres du domicile conjugal de Gray-la-Ville (Haute-Saône).

Il avait avoué le meurtre avant de se rétracter et d'inventer un invraisemblable complot familial, pour finalement reconnaître de nouveau le meurtre de son épouse commis selon lui lors d'une violente dispute conjugale.

L'informaticien de 36 ans, qui a aussi reconnu avoir incendié en partie le corps de son épouse, soutient toutefois ne jamais avoir voulu la tuer. 

Il faudra "écouter avec beaucoup de respect ce qu'à à dire la famille d'Alexia", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocat, Me Randall Schwerdorffer.

Cette nouvelle confrontation entre le trentenaire et son ancienne belle-mère promet d'être intense : c'est face à elle qu'il avait craqué lors d'une audition en décembre 2018 dans le cabinet du juge d'instruction, reconnaissant une nouvelle fois le meurtre.

"Tout peut arriver demain", a encore estimé le conseil. "Il y a tellement eu de mensonges de la part de Jonathann Daval depuis trois ans que forcément, on a du mal à croire sa dernière version".

L'enjeu est double mercredi pour l'accusé : cette confrontation avec son ancienne belle-famille puis un long interrogatoire. Il n'a eu la parole qu'à une reprise jusqu'à présent. C'était lundi, à l'ouverture de son procès quand il a réaffirmé d'un simple "oui" qu'il était le meurtrier de sa femme et le seul auteur de ce crime.

"Il essayera de répondre à toutes les questions (...) J'ai toute confiance en lui demain pour parler avec la plus grande sincérité", a assuré Me Schwerdorffer, qui promet une "journée sous haute tension émotionnelle".

"Mensonge"

Jonathann et Alexia Daval avaient toutes les apparences d'un couple idéal. Mais ils vivaient en réalité en pleine "conjugopathie", selon Me Schwerdorffer. "On était face à un couple en grande souffrance qui ne savait pas comment s'en sortir et qui ne s'en sortait pas", a-t-il analysé.

Jonathann avait "un mode de fonctionnement basé sur le mensonge", a reconnu l'avocat, bien conscient que "l'unique possibilité" pour son client "d'avoir un procès juste", c'est désormais "d'être authentique et sincère", il le "doit à sa famille" et "à la famille d'Alexia".

"Il appréhende mais il est dans la dynamique de collaborer et s'expliquer", a résumé son autre avocate, Me Ornella Spatafora.

(Source AFP)

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