Cancer de la peau : attention quand on travaille dehors...

Publié le 15/06/2022 - 16:15
Mis à jour le 01/08/2022 - 16:19

Agriculteurs, saisonniers, travailleurs dans le BTP… Certains professionnels sont soumis à des expositions solaires intenses du fait d'activités en extérieur, ce qui accroît les risques de développer un cancer de la peau s'ils ne prennent pas les protections nécessaires.

 © D Poirier
© D Poirier

Selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), entre deux et trois millions de cancers "cutanés non mélanocytaires", qui représentent environ 90% des cancers de la peau, sont enregistrés chaque année dans le monde.

Par ailleurs, 132.000 mélanomes malins -formes les plus graves du cancer de la peau- sont répertoriés, des chiffres en constante augmentation.

Premier facteur responsable de ces cancers : l'exposition aux rayons ultra-violets. Une exposition intermittente mais forte provoque des coups de soleil qui, à terme, favorisent le développement des mélanomes.

Une exposition prolongée au soleil (par exemple, dans le cadre d'une profession exercée en plein air) favorise, elle, l'apparition des carcinomes, les cancers les moins graves mais plus fréquents.

"Le fait de bouger ne diminue pas les risques (au contraire la sueur fait effet loupe), l’altitude augmente les risques (il fait plus frais, mais les UVB augmentent avec l’altitude)", explique le Dr Mathieu Longet dans sa thèse relayée par le dermatologue bisontin Hervé Van Landuyt. 

Des UV "présents toute l’année"

Les médecins tiennent à rappeler que les ultraviolets sont présents "toute l’année" : "Vous êtes des populations de grands travailleurs courageux et rarement malades et vous n’êtes pas assez surveillés ni examinés. Il faut apprendre (comme pour les tiques) l’auto-examen seul ou en couple. Il faut montrer régulièrement votre peau à un proche ou à un professionnel de santé". 

Les professionnels travaillant dehors font donc logiquement partie des personnes à risque, visées par la semaine de prévention et de sensibilisation au dépistage organisée depuis lundi par le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV).

"Quand on cumule les facteurs d'exposition, dans le travail et sa vie privée, il faut redoubler de précautions, surtout quand on a la peau claire ou des antécédents familiaux", plaide Luc Sulimovic, le président du SNDV.

Maladie professionnelle

Le syndicat explique que des messages de prévention ont notamment été passés aux fédérations du BTP pour expliquer aux professionnels du secteur comment se protéger. Parmi les gestes à adopter, le syndicat conseille en premier lieu d’éviter l'exposition au soleil entre midi et 16H00, quand cela est possible.

"La meilleure des protections, c'est de porter des vêtements sombres, une casquette et des lunettes de soleil, et d'appliquer une protection solaire toutes les deux ou trois heures sur les parties du corps non couvertes", ajoute-t-il.

De nombreuses professions sont considérées à risque: facteurs, jardiniers, saisonniers, certains policiers, animateurs, surveillants de sites de baignade, marins pêcheurs et bien sûr... agriculteurs.

La France est sensibilisée au sujet depuis quelques années mais les messages de prévention restent insuffisamment relayés, estime Pierre Cesarini, directeur et porte-parole de l'association "Sécurité solaire", un centre collaborateur de l'OMS.

En Allemagne, la reconnaissance en 2015 en maladie professionnelle des cancers de la peau causés par les UV a permis de porter une attention nouvelle à cette problématique, de relancer des campagnes de prévention et de dépistage, relève-t-il.

Vêtements anti-UV

Mathieu Longet, jeune interne en médecine, vient tout juste de publier une thèse sur les comportements des agriculteurs francs-comtois face aux risques de l'exposition solaire, qui a reçu le soutien de la Mutuelle sociale agricole (MSA).

Principal constat : les agriculteurs sont fortement exposés; ils passent, pour la majorité d'entre eux, six à sept jours par semaine au travail dont de nombreuses heures à l'extérieur. Pourtant, près de 56% d'entre eux ne se préoccupent pas de leur exposition aux rayonnements UV, relève le médecin.

Ils utilisent en priorité le chapeau, mais toutes les protections vestimentaires sont insuffisamment portées et la crème solaire est mal acceptée, particulièrement chez les hommes. En outre, le recours aux soins est faible: 63,5% n'ont jamais bénéficié d’un examen cutané par leur médecin généraliste et 61,5% par un dermatologue.

Même si 74% estiment être exposés aux risques du soleil, ces travailleurs ne sont pas assez protégés, conclut le chercheur.

"La réglementation oblige en France les employeurs à fournir des équipements de protection mais peut-être que les employés les porteraient davantage s'ils étaient mieux adaptés", souligne pour sa part Nathalie Clastres, de la Ligue nationale contre le cancer. Elle cite l'exemple de jardiniers qui ont des T.Shirt en coton et une veste en polyester: "A plus de 30°, ils crèvent. Alors qu'il existe sur le marché des vêtements anti-UV qui sont respirants".

Autre impératif, selon elle: laisser systématiquement de la crème solaire à disposition des travailleurs extérieurs.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Une récente étude du CHU de Besançon soulève des inquiétudes envers les implants mammaires en silicone

En France, "environ 400 000 femmes sont porteuses d’implants mammaires en silicone suite à des chirurgies esthétiques ou reconstructrices" expose le CHU de Besançon dans un communiqué du 13 novembre 2025. Bien que couramment utilisés, ils peuvent néanmoins "susciter des inquiétudes quant à leur sécurité à long terme". Dans une étude récemment publiée dans la revue Biomaterials, le docteur Isabelle Pluvy, l’ingénieur de recherche Florelle Gindraux et leurs collaborateurs du CHU de Besançon, montrent que la présence de silicone au contact des tissus semble stimuler le système immunitaire et favoriser localement la présence d’inflammation chronique.

Numérique en santé : Dijon accueille les journées régionales les 13 et 14 novembre

Les journées régionales du numérique en santé se tiendront les 13 et 14 novembre 2025 au palais des congrès de Dijon. Organisé conjointement par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le GRADeS Bourgogne-Franche-Comté, l’événement vise à mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire autour d’un numérique au service des pratiques, des organisations et des usagers.

Accès aux soins : 58% des habitants de Bourgogne-Franche-Comté insatisfaits

Le média de Radio France, Ici, a partagé ce mercredi 12 novembre 2025 les résultats de la consultation citoyenne "Ma commune, mon maire et moi" concernant l’accès aux soins en Bourgogne-Franche-Comté. Il ressort de ce sondage que 58% des habitants de la grande région ne sont pas satisfaits de l’accès aux soins là où ils vivent. 

Les Bourguignons Franc-Comtois vivent vieux mais en moins bonne santé que le reste de la France...

ÉTUDE INSEE • Selon une étude publiée le 4 novembre 2025 par l’Insee Bourgogne-Franche-Comté, la population régionale présente ”un état de santé plus dégradé qu’au niveau national”. Malgré une espérance de vie élevée, les habitants de la région sont davantage touchés par les maladies chroniques et la mortalité prématurée.

Cancer colorectal : les infirmières libérales de Besançon bientôt autorisées à remettre des kits de dépistage

Le cancer colorectal est la deuxième cause de cancer alors qu’il existe pourtant "un test de dépistage fiable, simple et rapide" juge la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) CaPaciTéS Besançon & Métropole. Dans le cadre d’une expérimentation inédite en France, elle lance ainsi un appel aux infirmières libérales à se former afin de pouvoir délivrer des kits de dépistage directement auprès de leurs patients. 

Le kiwi, un “super-fruit” à savourer pour allier plaisir et santé selon Valentine Caput

L'OEIL DE LA DIET' • En juillet 2025, l’Union européenne a fait du kiwi, le premier fruit à obtenir une "allégation santé". L’occasion parfaite pour notre diététicienne, Valentine Caput, de revenir sur l’intérêt de ce petit fruit aux grands bienfaits.

Dermatose : les exportations de jeunes bovins vont reprendre dans les zones indemnes

Le ministère de l'Agriculture a annoncé jeudi 30 octobre 2025 la reprise des exportations de bovins, suspendues pendant quinze jours pour éviter la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui continue toutefois de progresser dans les Pyrénées Orientales et dans le Jura où la suspension perdure.

“Le médecin légiste, c’est le médecin de la violence” : la chambre mortuaire du CHU de Besançon avec Dr Elisabeth Martin

Patricienne hospitalière depuis la fin de ses études en 2010, le Dr Elisabeth Martin dirige depuis mars 2024 le service de médecine légale et de victimologie du CHU de Besançon. Derrière les portes souvent fantasmées de ce service, c’est un métier méconnu, à la croisée du soin, du droit et de la justice, qu’elle nous décrit avec précision et humanité.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 11.73
légère pluie
le 15/11 à 12h00
Vent
1.37 m/s
Pression
1010 hPa
Humidité
88 %