"Bouleversé" par l’épidémie de coronavirus, l’Ehpad de Thise panse ses plaies

Publié le 20/04/2020 - 12:00
Mis à jour le 20/04/2020 - 12:00

26 des 79 résidents de l’établissement sont décédés. Un traumatisme pour les personnes âgées, les familles et le personnel. Il va falloir du temps pour l’apprivoiser, même si un élan de vie rejaillit déjà, indique ce 20 avril 2020 l’AFP.

© DR  ©
© DR ©

« Un virus peut bouleverser toute une vie. On n’en sortira pas tous indemnes » : pendant un long mois, le personnel et les résidents de l’Ehpad de Thise, près de Besançon, ont lutté contre le Covid-19, avant de circonscrire l’épidémie qui a emporté un quart des pensionnaires. « Notre métier, c’est d’accompagner la fin de vie », poursuit la directrice de l’établissement, Charlotte Euvrard, « ça fait partie de notre travail d’avoir des décès », mais pas autant.

Thérèse Simonnet, 92 ans, se remet doucement de la disparition depuis début mars de 26 des 79 résidents de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Vill’alizé de Thise. Dix-neuf de ces décès ont formellement été attribués au Covid-19, même si toutes les victimes n’ont pas été testées. « Certains sont partis. Il y a eu beaucoup de morts », témoigne cette charmante grand-mère en chemise rose.

Infectée par le virus, Mme Simonnet a eu « peur de mourir« . « Vous perdez votre vitalité, vos forces… et finalement, pour moi, ça revient petit à petit », confie la survivante, décidée à « garder le moral » malgré sa grande fatigue, ses douleurs et ses difficultés à marcher. Dès le 2 mars, à l’aube d’une épidémie qui a déjà fait près de 18 000 morts en France, dont 6 860 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux, les premiers symptômes du nouveau coronavirus ont fait leur apparition au sein de cette maison de retraite du groupe Korian.

Les premiers jours sans mort furent un soulagement

Une salariée de l’établissement qui avait participé fin février au rassemblement évangélique de Mulhouse, l’un des premiers foyers épidémiques en France, a été diagnostiquée positive au Covid-19. « On pense que le virus est arrivé par là, mais on n’en est pas certain et on ne le saura jamais », explique Mme Euvrard. « On a tout de suite stoppé toutes les visites, confiné les résidents en chambre et tout le personnel a porté du matériel de protection », ajoute-t-elle. Masques, sur-blouses et appareils à oxygène sont arrivés en nombre. Les effectifs des infirmiers ont été doublés le jour et renforcés la nuit pour assurer une surveillance médicale permanente des résidents.

« Le virus est très contagieux, on s’en est très vite rendu compte », relève Mme Euvrard. En dix jours, 52 résidents et 25 membres du personnel ont présenté des symptômes du Covid-19. Agés en moyenne de 88 ans, les pensionnaires étaient particulièrement à risque. « Pendant deux mois on n’a pas touché terre. Personne n’a compté ses heures. On a été des machines pour se lever et venir travailler chaque jour », témoigne l’infirmière coordinatrice, Annabelle Torquiau. Pour elle, « il y aura un avant et il y aura un après, avec un gros travail de reconstruction à faire ».

Une de ses collègues, Pauline Bouvet, abonde : « Au bout d’un moment on se demandait : quand est-ce que ça va se terminer ? Encore des décès aujourd’hui ? ». Les premiers jours sans mort furent un soulagement. Finalement, les mesures mises en place ont fonctionné et le dernier cas symptomatique a été enregistré le 13 mars. « Ça fait un mois que le virus ne circule plus chez nous », note la directrice, « l’équipe peut souffler un peu ».

Des résidents masqués réapparaissent désormais au compte-gouttes dans le jardin et les couloirs de la maison de retraite, accompagnés de soignants qui respectent scrupuleusement les gestes barrières.

"Les personnes âgées reviennent à un élan de vie"

« Emotionnellement ça a été très difficile de les voir partir », confie Stéphane Rozet, infirmier. « On est habitué à avoir deux ou trois décès par mois, c’est notre quotidien. Mais là on a eu beaucoup de décès en peu de temps », ajoute le trentenaire, affecté par la disparition de ces personnes auxquelles il s’était parfois « beaucoup attaché ».

Il a une pensé pour les familles à la douleur indescriptible. « On a essayé de faire tout ce qu’on pouvait. Un certain nombre ont pu venir dire un dernier  au revoir aux personnes vraiment en toute fin de vie« , dit-il. Pour les autres, il le sait, « avec une mise en bière immédiate, la phase de deuil va être compliquée ».

Les personnels ont maintenant « hâte » de lever un peu le confinement et de pouvoir « accueillir de nouveaux résidents ». « On ne lâche pas la vigilance, mais on espère que le plus dur est derrière nous », ajoute l’infirmier, « pressé de voir la vie reprendre ses droits ». La même envie germe chez les personnes âgées, assure Mme Torquiau. « Elles ont envie de ressortir et de se revoir. Elle reviennent à un élan de vie ».

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Coronavirus COVID-19

Covid-19 : le repli de l’épidémie se confirme selon l’agence régionale de santé

Avec un taux d’incidence en population générale désormais sous la barre des 400 cas pour 100/000 habitants, l’épidémie confirme son repli en Bourgogne-Franche-Comté selon les derniers chiffres de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté.  Le taux de positivité des tests perd 5 points mais reste cependant élevé à près de 25%.
 

Covid-19 : le nombre de patients testés a doublé en un mois en Bourgogne-Franche-Comté  

Le nombre de tests a "de nouveau franchi" la barre des trois millions en une semaine, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé, sur fond de septième vague de l'épidémie de Covid-19. En Bourgogne-Franche-Comté, plus de 77.000 personnes ont réalisé un test antigénique ou PCR entre le 27 juin et le 3 juillet 2022 contre 54.000 la semaine précédente et 33.000 début juin.

Société

Saint-Sylvestre : quelles sont les interdictions de la préfecture dans le Doubs ?

Mise à jour • Comme chaque année à la même époque, la préfecture du Doubs publie une liste des interdictions dans le cadre du réveillon de la Saint-Sylvestre. Voici les interdictions qui prendront effet mardi 30 décembre 2025 à 20h00 au vendredi 2 janvier 2026 à 6h00.
 
 

Décès de Brigitte Bardot : son engagement pour la cause animale en Franche-Comté

Brigitte Bardot s’est éteinte dimanche 28 décembre 2025 à l’aube, à l’âge de 91 ans. L’ancienne actrice est décédée dans sa maison de Saint-Tropez, entourée de son mari Bernard d’Ormale. Entre 2017 et 2024, elle s'était impliquée dans plusieurs campagnes de défense des animaux à Besançon et en Franche-Comté.

Démarchage téléphonique : de nouvelles règles d’affichage des numéros de téléphone à compter du 1er janvier 2026

Vous l’avez remarqué, de nombreux appels frauduleux vous contacte parfois avec des numéros tels que des 06 ou des numéros locaux, qui à première vue, vous semble familiers. De nombreux auteurs d’appels frauduleux parviennent à usurper aléatoirement des numéros de téléphone, notamment des numéros mobiles de particuliers, pour se faire passer pour une entité de confiance. À compter du 1er janvier 2026, une évolution concernant les règles d’affichage des numéros de téléphone permettra de repérer ces appels plus facilement. On fait le point avec l’aide du site internet gouvernemental service-public.gouv.fr.

Mister France 2026 : Eddy Bailly, agriculteur, représentera la Franche-Comté en finale nationale

La grande finale nationale de Mister France se tiendra le 17 janvier 2026 à Rueil-Malmaison. À cette occasion, Eddy Bailly, élu Mister France Franche-Comté 2025, représentera la région lors de cet événement national réunissant les candidats sélectionnés dans chaque territoire.

Cadeau raté à Noël ? On a les solutions…

S'il n'est pas toujours évident de savoir ce qui ferait plaisir ou non à Noël, il arrive parfois que certains cadeaux ne vous plaisent pas du tout et vous restent donc sur les bras. Alors si certains de vos proches ont raté leur coup cette année à Noël, on vous propose plusieurs solutions pour vous en débarrasser…

Fêtes de fin d’année : quand la magie opère… à condition de ne pas appeler les pompiers

Les fêtes sont là, les maisons brillent de mille feux, les tables débordent et l’ambiance se réchauffe. Mais attention : entre la bûche, la fondue et les bougies paillettées, la magie de Noël peut vite tourner au numéro d’équilibriste version ”sécurité incendie”. Petit tour d’horizon, avec le sourire, des pièges à éviter pour finir l’année autrement qu’avec un camion rouge devant chez soi et des blessés.

Noël en famille : mode d’emploi pour éviter… la crise de nerfs

Chaque année, chez certaines familles, c’est la même promesse solennelle : ”Cette fois, Noël se passera bien.” Et chaque année, c’est le même suspense digne d’une série Netflix : le tonton va-t-il encore dire un truc raciste avant le dessert ? La belle-mère va-t-elle commenter la cuisson de la dinde ? Le cousin va-t-il arriver avec deux heures de retard ? Rassurez-vous : les fêtes de fin d’année peuvent être joyeuses, chaleureuses et (presque) sans tensions. Il suffit de quelques règles simples, applicables par tous les membres de la famille… oui, même vous.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 -4.57
ciel dégagé
le 31/12 à 09h00
Vent
4.48 m/s
Pression
1027 hPa
Humidité
80 %